Finalement, à l'aube du 5ème jour, je ne sais pas ce que Dieu créa, en tout cas une force extérieure avait décidé qu'il était temps que je change de chaussettes. Ma valise était apparue sur le perron pendant la nuit, elle n'avait pas sonné, pas appelé, elle attendait juste là dans le froid.
Les choses sérieuses pouvaient donc commencer. Nous étions prêts à tailler la route.
Furent chargés dans la Jeep une malle entière de matériel de camping (ils ne plaisantent pas avec ça les américains), deux gros duvets, une tente, une canne à pêche, nos sacs et deux VTT. Le beau père de Noah nous a confié avant de partir un accessoire assez impromptu et qui ne m'a pas franchement rassurée quant au voyage qui nous attendait : une bombe lacrymo pour ours, bordel ! Le "Bear Spray" est capable de repousser un ours déterminé à te bouffer un bras dans un périmètre de 5 mètres. Nous l'avons ajouté à notre bardas avec cette recommandation : "don't use it in the tent!" Well well well !
Dernier accessoire indispensable : la voiture n'étant pas équipée d'autoradio, il nous fallait trouver une solution pour écouter un peu de rock'n'roll pendant ces longs miles à parcourir. J'ai donc eu l'ingénieuse idée j'avais vu sur internet qu'on pouvait se servir d'un rouleau de PQ comme caisse de résonance/haut parleur pour portable... Nous avons coincé le tout sur le cache soleil et ça a plutôt bien fait !
Premier arrêt, Poncha Creek, le début des emmerdes...
Peu avant d'arriver à Salida, notre première étape, nous nous sommes arrêtés dans l'équivalent de nos maisons forestières/office de tourisme pour demander des informations sur les zones autorisées au camping sauvage. Accueil super sympa, nous sommes repartis noyés de cartes, dépliants touristiques et recommandations.
Nous avions décidés, en suivant ces conseils, de nous diriger vers Poncha Creek. La route goudronnée se transforme progressivement en "dirt road" et nous voilà partis dans des contrées beaucoup plus sauvages. Après avoir atteint un camping charmant autour d'un petit lac nous avons fait demi tour car il nous paraissait un peu trop surchargés par les camping-car. Nous nous sommes enfoncés dans la forêt, suivant la vallée creusée par le petit ruisseau "Poncha".
En passant devant un petit renfoncement sympathique, nous avons décidé de garer la Jeep pour aller explorer les environs. Après 3 minutes, nous étions plutôt d'accord que le lieu était idéal pour planter la tente : seuls au monde, juste à côté d'un ruisseau, un endroit plat et des mecs qui avaient laissé un gros tas de bûches et un cercle de pierre pour faire le feu. A croire que l'endroit nous était destiné... Et pour cause...
En revenant vers la voiture, nous nous sommes aperçu que l'une des portières était restée ouverte... Et les 3 minutes avaient suffi à vider la batterie déjà bien fatiguée de la vieille Jeep... Elle a bien toussoté un peu mais elle n'a absolument pas voulu redémarrer... Sur le coup ça nous a un peu dépité mais pas de problème, on avait les vélos pour aller chercher de l'aide !
Au moment de sortir la première roue du coffre, la valve de la chambre à air s'est accrochée à l'un des sacs et s'est complètement déchirée...... Sur le coup ça nous a fait rire... et puis il s'est mis à pleuvoir dans la minute qui a suivi.
"Fuck it, let's drink a beer!"
Noah avait déjà pris les devants en sortant la glacière.
Heureusement, la pluie n'a pas duré. Nous avons monté la tente et sommes partis nous balader, prenant la décision que nous irions chercher de l'aide le lendemain. Nous n'avons rien pêché mais comme on avait la glacière remplie de bacon et de saucisses nous avons passé une plutôt bonne soirée !
Le lendemain, après un bon petit déj' grillé au feu de bois, nous avons donc pris nos petites jambes pour partir chercher une bonne âme pour nous "faire un jump". Nous avions les pinces croco, ne manquait plus que la voiture. Après moins d'une heure de marche nous sommes tombés sur la gérante du camping que nous avions vu la veille dans son gros 4x4, qui a eu l'amabilité de venir nous aider.
45 minutes plus tard, Noah se garait sur le parking d'un grand magasin d'accessoires de voiture. Il coupe le contact. Juste par acquis de conscience, il donne un tour de clé. Pas mieux. La batterie n'était même plus agonisante, elle était morte de chez morte.
Repartis avec une batterie flambant neuve, nous avons visité Salida sous un soleil de plomb.
Votre petite escapade donne envie ! Au final c'est parfois les petites galères à gérer et les solutions de replis qui créent les meilleurs souvenirs !
Le coup du rouleau de PQ est à retenir en tout cas. :p
