Un Fjord, non, ce n'est pas QUE du fromage blanc onctueux. Le Fjord, l'originel, c'est tout autre chose.
Un fjord (ou fiord suivant la nouvelle orthographe de 1990) est une vallée unique érodée par un glacier avançant de la montagne à la mer qui a été envahie par la mer depuis la retraite de la glace. L'aspect typique d'un fjord est celui d'un bras de mer étroit, plus ou moins ramifié, aux côtés très escarpés, à la bathymétrie élevée (profondeur de l'eau) et qui s'avance dans les terres sur plusieurs kilomètres et parfois jusqu'à plusieurs dizaines de kilomètres. (source Wikipedia)
Nous naviguons sur le Sognefjord en bateau pendant plus de 4h, Au fur et à mesure que nous avançons, le canal est de plus en plus étroit, et les parois des côtés sont de plus en plus raides et hautes. Nous mesurons ce que c'est que d'être au milieu d'un fjord : c'est impressionnant.
Nous qui allons souvent randonner dans les Alpes, la partie émergée du fjord ressemble à ce que nous avons l'habitude de voir : des montagnes raides, arborées ou rocailleuses. En revanche, c'est lorsque nous baissons les yeux que le charme opère : nous sommes sur un bateau qui navigue sur de l'eau de mer. De l'eau de mer au beau milieu des sommets. Le Fjord n'est pas qu'un dessert, mais c'est ici un sucré-salé réussi.
ce fameux Sognefjord est un des plus longs du monde. Presque 200 km de long. Il atteint 1300m de profondeur par endroit, et les montagnes autour de nous se dressent jusqu'à 1700m : c'est vertigineux.
Nous profitons des différents ponts du bateau pour savourer cette traversée. Les eaux sont calmes, noires, et nous ne croisons jamais personne. Nous nous arrêtons cependant quelques fois pour déposer des passagers dans des minuscules villages qui animent ce fjord. Il nous est même arrivés de nous arrêter pour une seule bâtisse, au milieu de nulle-part.
Il nous arrive de croiser quelques sommets saupoudrés de sucre. En fait, il s'agit de glaciers qui résistent. Du sucre-glace. Parfois, la nature est gourmande.
Telle une mauvaise photo de la soupe du diner publiée sur l'instagram de ta petite cousine, les photos affichées ci dessus ne rendent pas justice à la réalité. C'est mieux en vrai. Beaucoup mieux en vrai. L'immensité de la vue rencontrée sur ce trajet ne rentre pas dans l'appareil. Tout l'inverse du yaourt que tu vois dans la pub.
Après 4h de bateau, Magnar, notre hôte de ce soir, que François a stéréotypement appelé Ragnar, nous attend au port pour récupèrer nos gros sacs pour que nous puissions partir randonner plus légers et prendre de la hauteur.
Évidemment, la topographie des fjords fait que tout grimpe en altitude très vite sur les côtes. Ainsi, nous marchons sur 400m de dénivelé sans discontinu. Pas simple, mais la vue de plus en plus belle nous aide à accepter nos cuisses chaudes.
Les genoux un peu chaud et les pieds fatigués, nous nous posons quelques instants à une terrasse du port de Balestrand. Le soleil est toujours absent. Il ne se montre presque pas depuis notre arrivée. Nous avons par contre rencontré quelques fois la pluie (pas pour très longtemps heureusement). Le verre de cidre à 9 euros est mérité. Le portefeuille n'a pas à être jaloux de nos genoux, lui aussi à le droit de prendre des coups.
Magnar nous récupère.
Pour une nuit, nous avons la chance de dormir dans une chambre donnant directement sur le fjord. Par chauvinisme, nous avons envie de dire que nous sommes un peu comme à Savines-le-lac. Mais seulement par chauvinisme, puisque les fjords norvégiens sont tout aussi beaux que nos sommets hauts-alpins.
Après une nuit à Balestrand, nous marchons au dessus de Dragsvik. Du moins, nous essayons... nous tombons vite sur des arbres effondrés qui coupent les sentiers de randonneurs. Bon, on a aussi croisé des ossements de rennes ou d'élan, ou de quelque chose à cornes et à poils. Pour ne pas tomber dans un cérémonial de sorcières, nous avons visité les bords du fjords.
Enfin, nous reprenons le ferry. Jusqu'à Flåm (prononcer Flôm), premier passage vers les étapes de montagne que nous raconterons à la suite de cet article.
L'occasion pour nous de tomber sur des scènes surréalistes (et d'accepter que les fjords sont effectivement très profonds), comme rencontrer un des plus gros paquebots de croisière du monde, dans ce tout petit port.
Vous vous imaginez une bateau de 350m de long, hébergeant 4000 personnes pour 500 millions d'euros de construction débarquant sur le lac de Savines ? Ça ferait drôle hein ? Ben là pareil, ça fait drôle.
Bref, Flåm, une effervescence démesurée pour sa taille (suite au débarquement du bateau), mais qui est un point de passage incontournable pour prendre les voix ferrées historiques du pays afin de monter dans les sommets. Ce que nous ferons dès la prochaine étape.