Nous voilà donc repartis pour un nouveau voyage sur les routes de Sicile. Conduire ici relève de l'épreuve sportive, et vous muscle les réflexes !!!!
Les siciliens sont issus de plusieurs siècles de culture machiste, et la voiture est tout un symbole, elle est la quintessence du mâle, l'ultime expression de la virilité, et sur la route la testostérone remplace le code de la route.
Des voitures lancées à pleine vitesse nous doublent sur la route, dans un souffle d'air violent, appels de phares frénétiques et pare choc à quelques centimètres du mien !
Et au bout de 2h30 de sport automobile intensif, nous arrivons enfin à Millazzo, port de la cote nord de la Sicile, principal point de départ des aliscafis et ferry qui desservent les îles éoliennes et le continent.
Pour etre tranquilles nous laissons la voiture dans un parking gardé, et marchons jusqu'au port des ferrys. Marcher ici est également une épreuve sportive, le piéton etant tout en bas de la chaine alimentaire, il faut etre sur ses gardes, comme de traverser un parc rempli de fauves affamés!!!!
Nous embarquons dans un désordre jamais vu, il semblerait que là aussi ce soit la loi du plus fort ou du plus roublard qui soit d'actualité, alors que les personnes chargées de vérifier les billets demandent d'avoir chacun son billet à la main, des familles ou des groupes, dispersés dans la foule envient une personne avec tous les billets, ce qui a pour effet de tout bloquer!
Une fois tout ce monde à bord, décollage pour les îles!
Les aliscafis sont des bateaux rapides, équipés d'hydrofoils, une fois lancés à pleine vitesse le bateau décolle et n'opposant presque plus de résistance à la mer il file rapidement.
45 mns plus tard nous débarquons à Volcano, l'air sent le souffre, c'est incroyable, les rochers autour du port sont jaunâtres à cause des dépôts de souffre. Le port est minuscule, et quelques rues s'étirent paresseusement, avec des maisons basses et blanches, un coté grec mélangé à une architecture un peu mauresque, c'est très beau et très calme.
Nous rejoignons les rues du village pour nous arrêter dans un petit restaurant blanc et bleu, comme en Grece, et nous nous attablons entre ombre et soleil.
Ce resto est tenu par une famille, le papa pêcheur , la maman cuisine, et la fille fait le service. Le poisson grillé est pêché du matin, les pâtes de la mama sont comme à la maison, bonnes et en portion généreuse! Le dessert sera quelques biscuits maison accompagnés d'un verre de malvoisie.
Le repas terminé, nous repartons avec notre valise qui roule le long des ruelles du village, silencieuses à cette heure de sieste, en direction de notre hôtel. Le volcan, immense, impressionnant, nous accompagne où que nous soyons, et nous voyons les fumées blanches s'élever du cratère tout la haut!
Notre hôtel est comme je les aime, un petit hôtel familial, une vingtaine de chambres, une jolie piscine sans chichis. L'accueil est charmant, le temps que le responsable enregistre nos passeports, le barman nous sert un verre de jus de fruits offert par la maison. Notre chambre est simple, mais avec un balcon donnant sur le jardin et la piscine.
Juste le temps de nous changer et nous partons pour l’ascension du volcan!
Nous voilà équipés, et surtout motivés. Un petit kilomètre pour rejoindre le sentier qui mène au cratère, et encore 1,5 kms de montée, mais quelle montée! Une pente à 30% sur une grande partie du parcours, plus dans certains passage! Et le tout en marchant dans une espèce de gravier très fin et tout noir, les scories des éruptions qui tapissent les pentes du volcan.
Par contre le spectacle est époustouflant, rapidement nous avons une vue panoramique sur plusieurs iles éoliennes, Lipari juste à coté, Salina dans son alignement, et là bas, loin sur la mer, le cône quasi parfait du Stromboli, volcan de légende, en éruption permanente depuis des millénaires. D'ailleurs, en regardant attentivement, on voit bien le panache de fumée qui coiffe le sommet du volcan. C'est sur cette île mythique qu'Homère fit aborder Ulysse de retour de Troie, tandis que les héros du Voyage au entre de la Terre de Jules Verne ressortaient par une des grottes qui creusent ses flancs.
Notre volcan à nous est moins célèbre, et pourtant il est unique, classé comme un des plus dangereux au monde, il a donné son nom à un type d'éruption, les éruptions vulcaniennes, dont la violence est due au bouchon de lave qui se forme et bloque dans la chambre magmatique le gaz qui va monter en pression jusqu’à une explosion violente, qui généralement détruit une bonne partie de la montagne et de ce qui l'entoure.
Au cours de notre ascension , sous montons au milieu d'une végétation extraordinaire;, les parfums des fleurs sont enivrants, arrivant à faire disparaître l'odeur de souffre qui envahit toute l’île constamment.
Mais nous arrivons à la limite de la zone où peuvent pousser des plantes, et bientot nous n'avons plus autour de nous que des coulées de lave, de la pierre dure et sans aucune vie, pas un insecte, pas une plante.
Enfin nous atteignons le cratère, de là haut la vue est juste incroyable, tout l'archipel des îles est devant nous!
L'air est presque irrespirable, heureusement le vent souffle et disperse les vapeurs toxiques. Je m'approcherais quand même des fumerolles pour voir d'où elles sortent, et trouver juste à la sortie des cristaux de souffre d'un jaune éclatant, ils brillent sous le soleil, bijoux empoisonnés mais magnifiques.
Après une pause et un moment d'admiration devant la majesté de ce monstre à peine assoupi, nous repartirons, en jetant un dernier regard au fond du cratère, vers ce bouchon de lave durci, en pensant qu'un jour plus ou moins roche il s'envolera dans les airs, déchaînant sur le petit port tranquille juste en dessous de nous tous les feux de l'enfer.
Cette journée intense se finira par un passage au bord de la piscine, et le lendemain nous repartirons en bateau pour une journée plus calme, alternant piscine, et repos, avant de repartir dimanche pour visiter Taormina .