Arrivée à Fès, l'aéroport est à 40 minutes de notre hôtel en taxi. Nous avons traversé la ville nouvelle avant d'arriver sur la colline ou niche Fès El Bali... Magnifique. Le gérant de l'hôtel est venu nous chercher sur la place où le taxi nous a déposés et heureusement car à coup sûr nous n'aurions pas trouvé l'hôtel blotti dans les ruelles étroites et tortueuses de la médina! Nous allons partir cette après-midi à la découverte de Fès El Bali. Prudent Jean a localisé notre hôtel avec le GPS...!
Nous avons beaucoup apprécié l’hotel. En premier lieu il est idéalement situé dans la médina, ensuite le personnel est jeune, vraiment sympa et discret. Le petit déjeuner est copieux et permet d’affronter la journée de marche en pleine forme?. C'est un riad, construction traditionnelle de la médina. Construit sur plusieurs étages avec un patio parfois à ciel ouvert. Il garde la fraicheur l'été et la chaleur l'hiver. Il y a peu d'ouvertures donnant sur l'extérieur et celles à l'intérieur sont des moucharabiehs préservant ainsi l'intimité de ses habitants. Les riads ont tous une fontaine.
Fès est située au nord du Maroc, dans le Moyen Atlas. Elle est surnommée Athènes de l'Afrique, Reine du Maghreb ou encore Bagdad du Maghreb.
La ville se développe grâce au commerce que les Fassis organisent avec l'Espagne, le Maghreb, le Sahara et l'Orient.
Son université dont la construction a débuté en 859 est connue aujourd'hui comme la plus ancienne du monde toujours en activité. En 1522 un tremblement de terre provoque de graves destructions. Cet épisode ralentit le rayonnement de Fès. Elle ne retrouvera sa puissance qu'au 18ème siècle. Le protectorat français est signé le 30 mai 1912. En 1944 la résistance contre l'occupant français s'organise à Fès avec la rédaction du manifeste pour l'indépendance. Aujourd'hui la ville compte 1 112 000 habitants. C'est une des plus grandes ville du Maroc. Sa médina est classée au patrimoine de l'humanité de L'UNESCO depuis 1981. Elle possède une riche architecture médiévale hispano-mauresque : murailles, ruelles, mosquées, palais, medersas et fondouks (caravansérails). Fès est une des villes impériales du Maroc qui sont Fès, Marrackech, Meknès, et Rabat. Elle est la capitale spirituelle du Maroc.Elle est construite sur une importante nappe phréatique et on y trouve une multitude de fontaines et de puits. Les marocains disent que Dieu a donné le pétrole aux algériens et l’eau aux marocains.
Grande ballade cette après-midi dans les rues de la médina, bien sûr nous nous sommes perdus mais nous avons plongé avec grand plaisir dans cette effervescence. Et avec tranquillité. Les Fassis sont très accueillants.
Fès El Bali c'est 40 km de remparts, 10000 ruelles, 35000 maisons traditionnelles, 2 mosquées principales (El Quaraouyine et des Andalous) et c'est également une architecture hispano-mauresque à tous les coins de rue.
Et jolie surprise en fin d'après-midi, par un heureux hasard nous avons été invités à rentrer dans un Riad qui nous a fait regretter d'avoir réservé toutes nos nuits dans le même hôtel! N'hésitez pas à aller au RIAD DAR FARACHA, au fond d'une ruelle 16 Derb Lamkouass Laayoun Rcif. Les hôtes sont charmants et châleureux, leur demeure est magnifique (toutes les infos sont sur les sites de réservations internet)
Après un peu de repos à notre hōtel nous sommes ressortis pour profiter de Fès la nuit et nous avons été surpris par l’ambiance, beaucoup de monde dans les rues, la place déserte cette après midi était très animée, les challans avaient installé leurs étals et nous avons goûté les oranges délicieusement sucrées « y’a pas photo » a dit jean?. Par contre nous avons renoncé aux escargots dont les fassis se régalent et que l'on peut manger sur cette place.
Nous avons passé la journée accompagnés par une guide formidable que nous vous conseillons vivement. Voici sa carte.
Asmae a grandi dans la médina, elle en connait toutes les ruelles, 10000 dit-elle. Il est plaisant de se promener avec elle et de la voir saluée par d'anciens copains d'école, les commerçants ou les promeneurs.
Asmae sait tout pour les béotiens que nous étions en arrivant à Fès, elle sait répondre à toutes nos questions. Elle connait l'histoire de son pays et nous a abreuvés d'anecdotes. Elle attire notre attention sur les petits détails architecturaux et nous en explique le symbolisme ou l'utilité, Avec elle nous avons parlé traditions, politique, religion, secrets de beauté?, cuisine etc. Elle est intarissable, elle aime son pays et plus particulièrement cette médina. Elle a réussi à nous convaincre que, finalement, tout est parti de Fès?!!! Contactez la! et merci Asmae pour cette formidable journée culturelle.
Les 2 photos ci-dessous ont été prises du Borj Nord sur la colline face à celle où est construite Fès. Construit en 1582, lui et son jumeau le Borj Sud assuraient la défense de la ville. Aujourd'hui le Borj Nord est un musée d'armes et surtout le meilleur point de vue pour admirer toute l'étendue de Fès.
Le ville de Fès comprend 3 quartiers: Fès El Bali soit Fès l'ancienne où se situe la médina. Finalement malgré ses dix milles ruelles on acquiert assez rapidement des points de repère. Il faut se souvenir qu'elle a 2 rues parallèles principales: "la grande montée" et la "petite montée"?. Le second quartier qui date du XIIIème siècle; Fès El Jedid où on trouve le Mellah c'est à dire le quartier juif. Le troisième quartier est la ville nouvelle. Fès est la 2ème ville du Maroc en densité de population et l'on se rend vraiment compte de son étendue lorsqu'on est au Borj Nord.
Au nord de Fès El Jedid le Palais Royal ou Mohammed VI vient régulièrement. Son mariage a été célébré ici et, selon la tradition, 1000 couples ont été invités à se marier en même temps. Ces couples étaient issus de milieux défavorisés.
Le Palais Royal ne se visite pas.
Et maintenant la Médina
Recouverte de mosaïque Bleue, couleur de Fès, elle est verte de l'autre côté, couleur du Maroc.
Dans la médina on marche. Aucun véhicule ne peut passer dans ces ruelles sauf parfois de petits engins de chantier car la médina, classée au patrimoine de l’humanité par l’UNESCO, est en restauration depuis très longtemps. Les travaux auraient dû être terminés en 2018 mais en se promenant on mesure l’immensité du travail déjà fourni mais aussi celui encore nécessaire.
Peu après l'entrée dans la médina on tombe sur un drôle d'ouvrage. Il est daté du XIVème siècle. Il s'agit d'une horloge hydraulique dont encore aujourd’hui personne n'a percé le mystère du fonctionnement. Un appel d'offre vient d'être lancé pour sa restauration (avis aux amateurs). Les pièces en bois sont toujours là malgré les siècles par contre il faut réfléchir et remettre en état tout le mécanisme. L'heure était donnée par des boules qui tombaient dans des récipients: une boule/une heure. Pour les observateurs comme Jean on constate qu'il y avait 13 boules, en fait la première boule annonçait le début de la journée (et non la première heure).
Le bois utilisé dans les constructions est le cèdre (portes, plafond, décorations murales): il est plongé dans l'eau et enterré avant d'être travaillé. Ensuite il ne bouge pas pendant des siècles. De plus il dégage une odeur spécifique très agréable. Ces portes immenses sont concues pour maintenir la température. En hiver on n’ouvre que les petites portes, lorsqu'il fait chaud on ouvre en grand.
Nous avons déambulé dans les ruelles, avons pénétré dans plusieurs médersas. Nous ne pouvons entrer dans les mosquées, par contre nous sommes libres de prendre des photos des entrées même lorsque la priére a commencé.
Ces murs très travaillés (stuck et bois), au contraire de nos ouvrages religieux du moyen-âge en France, le seraient pour compenser le fait que, dans l'Islam, aucune représentation de Dieu ni de son prophète n'est possible. Au delà des dessins on y voit des sourates écrites en calligraphie arabes, calligraphies qu'Asmae a étudiées et nous a lues pour notre plus grand plaisir d'entendre autant de poésie, nous laissant dans l'illusion que la religion est paisible. Dans certaines mosquées on aperçoit des vitraux inspirés de nos cathédrales sans représentations humaines bien sûr.
La construction de la mosquée et de l'université Al Quarouiyine a commencé au 9ème siècle à l'initiative d'une femme: Fatima Al Fihriya dont la discrétion a fait qu'elle n'a pas voulu que son nom reste dans la postérité et son corps dans un mausolée. La mosquée El Quaraouyine est dotée de 14 portes. Au delà d'un lieu de culte cette mosquée était et est toujours un lieu d'enseignement. Cette université connue dans tout le Maghreb forme depuis des siècles des religieux de toute l'Afrique de l'Ouest. Elle est très réputée, outre la théologie, les sciences y étaient également enseignées: astrologie, mathématiques mais également droit, littérature et linguistique. Elle est toujours en activité mais enseigne essentiellement la théologie islamique. Cet ensemble comprend également une bibliothèque qui recèle de véritables trésors dont un manuscrit du III eme siècle. Ces documents extrêmement précieux et fragiles sont en cours de numérisation pour que les étudiants et scientifiques puissent travailler dessus sans les détériorer. Cette bibliothèque est également patrimoine de l'humanité.
La soeur de Fatima, Myriam, est, elle, à l’initiative de la construction de la mosquée des Andalous.
Moulay Idriss, fondateur de Fès, a été élevé au rang de saint car, à l'occasion d'un changement de sépulture, les fassis se sont rendus compte que son corps était resté intact...
Aux abords du zaouia (mausolée) de Moulay Idriss une barre transversale à 1m60 du sol est installée dans
chaque ruelle obligeant à la plus grande vigilance sous peine de bosse
au front?! Elle signale que nous entrons dans une zone sacrée.
En pénétrant dans la médina on se rend vite compte que chaque ruelle est dédiée à un corps de métier ou à un commerce. La dinanderie est le travail du cuivre et du laiton. Sur cette place le bruit du martellement des ustensiles de cuisine est assourdissant. Nous y avons malgré tout fait une pause pour manger.
La traduction de Riad est jardin. C'est une architecture traditionnelle au Maroc, on la retrouve dans les médinas. On n'imagine pas les trésors qui se cachent derrière les murs trés hauts avec comme ouvertures quelques petits moucharabiehs.
Ces bassins sont utilisés pour tanner et teindre les peaux de chèvres, chameaux, boeufs et moutons. Les peaux sont immergées dans les bassins (blancs) remplis de chaux, d'eau et sel pour que les poils et la graisse soient faciles à enlever. Puis les peaux sont attendries dans un bain de fiente de pigeon fortes en ammoniaque. Ensuite les hommes les foulent au pied dans les bassins remplis de teintures naturelles. Travail épuisant s'il en est.
Les fondouks ou caravansérails sont très nombreux dans la médina. Aujourd'hui ils ont retrouvé un semblant de leur fonction première: le commerce. Joliment restaurés des échoppes ont été ouvertes dans ce qui étaient les chambres des voyageurs. Jadis les commerçants s'installaient pour passer la nuit, leurs montures au rez de chaussée. Au début ils faisaient du troc puis peu à peu les échanges ont été monnayés. Ces caravansérails hébergeaient parfois les voyageurs arrivant d'Asie par la route de la soie.
Au gré de nos pérégrinations nous croisons régulièrement 2 odeurs: celle des fours à pain collectifs où les femmes viennent encore faire cuire leur pain moyennant paiement et celle des foyers situés sous les bains maures destinés à y entretenir la châleur.
L'âne, précieux ami de l'homme de la médina. Ils transporte les marchandises mais également les ordures: les ruelles sont nettoyées tôt tous les matins rendant aux fassis et aux touristes une médina propre et agréable.
En fin d'après midi nous avons rendu visite à Nordine. Nordine est l'ami herboriste de Marc qui nous a devancés de 15 jours au Maroc, il nous a organisé cette rencontre. Les herboristes sont les spécialistes de la médecine traditionnelle. La femme de Nordine casse dans le fond de la boutique la noix d'argan qui, une fois pressée par ses soins donne l'huile d'argan, l'or du Maroc. J'ai acheté de quoi soigner mes sinus (... je verrai bien), du rassoul, du henné, des épices...mais pas moins cher qu’ailleurs (je préfère vous le dire...)
Ballade dans Fès El Jedid où se situe le Mellah, quartier juif
Ce quartier est situé aux abords du palais royal. On y va facilement en taxi. Son grand intérêt est qu'il abrite le Mellah, l'ancien quartier juif or des juifs dans le Mellah il n'y en a plus. A part l'architecture très différente de celle de la médina de Fès el Jedid il ne reste que peu de traces de ces habitants.
La meilleure façon d'aborder ce quartier est peut-être de lire Le marcheur de Fès d'Eric Fotorino. Il s'y rend en pèlerinage car son père y a vécu. Ainsi il raconte l'histoire passionnante de ces juifs. La lecture de ce livre vaut tous les guides papier.
Succinctement: ces juifs étaient installés là depuis des siècles, protégés par le roi. Toute protection a ses limites, elle aurait existé car ils étaient joailliers et fournissaient la couronne en bijoux, métier interdit aux musulmans. Chaque soir les portes se refermaient sur leur quartier et leur présence leur imposait d'être vêtus de noir. Cependant alors que le régime nazi les massacraient en Europe le roi Mohammed V les a protégés et a refusé de les livrer au régime de Vichy.
Les juifs ont quitté Fès El Jedid en trois vagues: en 1956 lors des tensions
de la crise de Suez, en 1967 lors de la guerre des 6 jours et en 1973
lors de la guerre du Kippour. Les plus riches sont partis pour la
France, la Suisse, le Canada, les autres ont émigré en Israël où ils ont été mal accueillis considérés comme des "arabes".
La médina n'a pas grand intérêt et ce quartier qui n'est pas classé au patrimoine de l'humanité manque d'entretien. Du Mellah il reste donc l'architecture: maisons ouvertes sur l'extérieur avec des balcons donnant sur la rue. Cependant la lecture du livre de Fotorino la rend intéressante et émouvante.
D'autres Mellah existent (Marrakech, Meknes...), ils ont été construit sur le modèle de celui de Fès.
le Maroc est sur le chemin de migration des Cigognes qui quittent le nord de l’Europe fin août pour retrouver la chaleur de l'Afrique où elles restent tout l'hiver. Elles se divisent en 2 groupes, un va passer par le détroit du Bosphore pour rejoindre l'Afrique centrale, l' autre par le détroit de Gibraltar pour rejoindre la Mauritanie et le Sénégal.. Sachez que les cigognes ne traversent jamais de grandes étendues d'eau, elles ont peur!? (contrairement aux grues qui quittent l'Europe au même moment et n'hésitent pas à traverser la Méditerranée). Cependant il y a aujourd'hui des cigognes sédentaires au Maroc et donc à Fès; Notre guide nous a expliqué qu'elles ne quittent plus Fès ayant trouvé le climat, la nourriture et les étendues d'eau qui leur conviennent. Cependant nous avons eu une autre version: ces cigognes feraient leur migration vers le Sénégal et la Mauritanie comme celles qui viennent d'Europe. A vérifier donc?.
Nous avons terminé la journée dans un restaurant réputé ici appartenant à un français et évidemment répertorié en bonne place sur Tripadvisor. franchement si le cadre est absolument magnifique la cuisine n'y est pas meilleure que dans les petits restaurants marocains où nous avons mangé jusque là. Le seul plus est qu'on peut y boire du vin marocain et de la bière mais tout ça est cher payé vin et cadre.
Un dernier petit tour chez Nordine, l'ami herboriste de Marc? à qui j'ai acheté un remède traditionnel pour soigner ma toux... on verra bien et qui nous a fait visiter un magnifique riad de ses amis.
Commentaire: après 2 mois de traitement ma toux est toujours là ??
Un dernier café sur les terrasses de Fès el Bali avant que la pluie nous tombe drue dessus!!!!
Fin du voyage, Une dernière ballade nostalgique dans les ruelles avant de boucler nos valises!