C’est la fin du voyage.
Assise sur le rebord de la fenêtre encrassée du ferry Tanger-Sète, je contemple à ma droite, derrière des mois d'eau de mer perlée, la sombre Méditerranée qui se découpe en légers remous blanchâtres et bleu iceberg.
A ma gauche, un pied posé sur la moquette bordeaux de ce qui ressemble à un immense salon franco-marocain, j'observe la vie du bar-cafeteria à la « mode » marocaine. Nus pieds, djellabas, pyjamas, couvertures se côtoient dans un immense brouhaha. L'arabe, le français, l'anglais, l’espagnol ondoient jusque dans mes tympans au milieu de la télévision et des portables allumés, ponctués ici et là de musiques arabes en sourdine et de l'appel à la prière qui jaillit tout droit du grand écran.
Au fond de la salle, des hommes se lèvent en fracas et s’animent vivement. Ce sont les joueurs de carte entourés de leurs spectateurs. C’est un bon passe-temps sur ce bateau qui n'en finit pas de voguer.
Voyager sur ce ferry est une expérience en soi, un voyage dans le voyage, un retour en douceur à la réalité. Dans ce mini Maroc où l'on se sent presque comme à la maison et où les heures passent en compagnie d’Esma, de Saïd ou Abdoul, je profite de mes rares moments de solitude pour me remémorer ces dernières semaines passées en compagnie de Jolly Jumper avec qui j’ai avalé plus de 1500km de bitume craquelé, bosselé, déchiré, de pavés, de pistes ensablées, friables et érodées ou des dizaines d'arbres couchés sur mon chemin après la tempête Bernard.
Au milieu de la mer, elle aussi fidèle compagne de mon voyage, je dis salut au vent dans mes cheveux s’engouffrant,
Salut à toi aussi l’Océan sauvage et puissant, la brume sur tes falaises colorées et déchiquetées,
Salut les mille soleils couchants et vous les nuages flamboyants,
Salut les eucalyptus, les pins et les oliviers, les orangers, l'aloès Vera et les figuiers,
Salut le blanc, les camaïeux de bleus, les azulejos, la chaux, la brique, les Alcazars, les châteaux et les remparts, les mosquées et autres Kasbahs,
Salut les « Holà », les « Hi », les « Salam Alaykoum » et « Bom Dia »,
Salut à toi le grand bazar, les légumes au sol tard le soir, le linge qui pend, les olives et les épices en montagnes amoncelées, le parfum du jasmin et de la fleur d'oranger, l’huile d'argan et le thé à la menthe dans les verres partagés,
Salut le chant d’Orient, l'oud et l'appel à la prière sur les collines de la ville de Tanger,
Salut à vous tous les amis rencontrés sur le chemin, mes frères et sœurs de la route, mes hôtes d'un soir, tous les sourires échangés, les mercis et les accolades, les au revoirs.
Ainsi donc je rentre, calme, apaisée comme les flots de la Méditerranée. Je ne suis pas triste d'achever mon « Hope n roll's tour ». Ne demeure que la sensation de l'avoir vécu pleinement avec intensité et humanité.
Et pour clore en beauté ce voyage, je vous partage en 3 volets un petit florilège d’instants volés au Maroc (Asilah, Tanger et Tétouan).
¡ Y hasta el próximo viaje amigos ! 🥳🤗🥳