Nous sommes accueillis à Elgin -après un trajet en stop assuré par un écossais charmant à l'accent marqué- par Lucy, une femme rayonnante et à la joie de vivre contagieuse. Elle nous emmène, au fil des routes tortueuses si typiques aux Highlands, jusqu'à sa demeure perdue dans la campagne.
Inverugie House; magnifique bâtisse classée historiquement, se détache des bois qui l'entourent par sa clarté. La porte d'entrée est encadrée de colonnes, auxquelles grimpent paisiblement quelques plantes; les fenêtres, immenses, laissent entrer les rayons du soleil couchant à l'intérieur. Tout autour de la maison, au milieu des pelouses si bien entretenues, poussent toutes sortes de fleurs et de buissons qui ravissent tant la vue que l'odorat.
En pénétrant dans la maison, nous arrivons directement dans le grand hall, éclairé par une verrière; un immense escalier en bois serpente contre les murs; un lustre luxueux pend au plafond. Les sols sont couverts de tapis richement brodés et de moquettes douces sous nos pieds.
Nous rencontrons Rod, le mari de Lucy, et leurs trois enfants : Hector, Isabella et Douglas. Des gens adorables, généreux et désintéressés, qui nous font nous sentir chez eux comme chez nous. Scappa et Cana, les deux chiennes de la famille, sont également ravies d'accueillir sous leur toit de nouvelles personnes qui pourront leur gratter le ventre et leur glisser de la nourriture sous la table.
Lucy nous guide, dans le dédale de salles à manger, salons, chambres, salles de bains... jusqu'à nos quartiers, où nous déposons avec soulagement nos encombrants sacs de trekkeurs. Salle de bain, salon privé, chambres spacieuses et confortables... Voilà de quoi prendre goût rapidement à la vie de châtelain !
J'aperçois un piano dans l'un des salons ; voilà qui fera également mon bonheur au long du séjour.
Les jardins ne sont pas en reste, comparés à la maison. De nombreux espaces de pelouse, massifs de fleurs et arbres entourent la bâtissent, lui offrant un nid de verdure dans lequel perdurer. Plusieurs prés accueillent, derrière la maison, Alla (le cheval d'Isabella) et Smurf et Smelly, deux double-poneys qui paissent tranquillement. Des poules et coqs se promènent libres dans la propriété.
En empruntant un petit chemin dans les sous-bois, Lucy nous emmène à ce qui sera notre "lieu de travail" pendant les semaines à venir : le véritable jardin d'Inverugie.
Encerclé par de hauts murs de pierre et par d'immenses frênes qui nous
isolent du monde, ce jardin a des airs d'Eden. Derrière la petite porte
grillagée se cache une profusion de fleurs, d'arbustes et d'arbres tous
plus magnifiques les uns que les autres. En empruntant les allées de haies, nous explorons avec délices les différentes fractions
de ces jardins, les roses embaumant l'air et les roucoulements des
tourterelles résonnant dans la clairière.
Surplombant une volée de marches, l'immense potager, vaillamment entretenu par Lucy et les différents volontaires qui séjournent ici, est impressionnant d'opulence. Pois, salades, pommes de terre, artichauts, concombres, courgettes, oignons, haricots, tomates, aubergines, brocolis, fraises, framboises, groseilles, cassis... Tout semble pousser dans cette terre riche, malgré la chaleur de l'été et le manque de pluie.
C'est dans ce potager et les jardins qui l'entourent que nous passons le plus clair de nos journées à Inverugie House. Planter, récolter, désherber, tondre, tailler, nettoyer, arroser... Le travail ne manque pas. Mais c'est toujours avec plaisir que chaque matin nous nous rendons au jardin pour aller nous salir les mains dans la terre !
A quelques centaines de mètres de la maison se trouve Hopeman, un charmant petit village côtier. Régulièrement, nous nous y rendons afin d'admirer le coucher de soleil depuis le port, savourer une glace ou profiter de la fraîcheur d'une bière dans l'un des pubs !
La générosité de la famille MacKenzie, la splendeur du cadre ainsi que le plaisir de mettre de l'ardeur au travail auront fait de cette expérience de volontariat un moment inoubliable. De nouvelles aventures m'attendent; et c'est le cœur certes lourd mais surtout en paix que je reprends la route, certaine d'avoir tissé des relations sincères et riches dans cette magnifique maison perdue dans les Highlands...