Chi Phat est un petit village perdu dans la foret et auquel on accède par bateau ou bac. Le village propose des activités autour de la nature et se vante d'être géré par l'ensemble des membres de la communauté. Bref, de l'éco-tourisme tout bien comme il faut.
Pourquoi on y va? On a envie de faire un trek dans la nature, dans la jungle, mais pourquoi pas avec un guide, pour une fois? (Pis bon, c'est peut etre dangereux non? Meme pas peur!) De plus, l'endroit est une des dernières forêts primaires du coin.
L'arrivée se fait par bateau (1h45), une bonne manière de se mettre dans le bain: ciao bus, voitures! Le village est assez rudimentaire: des épiceries, des vendeurs de boissons, un distributeur de dollars, quelques restaurants et bien sûr, le centre touristique, point de départ de tout. A notre arrivee, il y avait beaucoup de français (et notamment des fans du jeu de société 7 Wonders, avec qui on a pu faire une partie!).
Nous, on décide de commencer dès le lendemain, malgré notre petite forme, le trek intitulé "deep in the forest": 6 jours et demi dans la nature, 6 nuits dans un hamac, 4 à 5heures de marche par jour. En général, les gens choisissent des treks plus courts, entre 2 et 3 jours (surtout parce que c'est leur première fois!), donc on est vite passé pour un couple hardcore. Ah les jugements un peu hâtifs. Nous, notre but était de marcher, et de s'immerger dans la jungle avec des connaisseurs. On aurait adoré que ça dure plus longtemps mais c'était le trek le plus long qu'ils proposaient.
On part sur un circuit de 70 kms, mais ça, c'est à vol d'oiseau ! Sûrement un peu moins de 100 kms, sur 6 jours. Il forme une sorte de coeur, et permet de voir cascades, lacs naturels, jars historiques et grotte à chauve souris.
Punlu est notre guide, il a 21 ans, et fait ce travail depuis un an. Il le dit clairement: il fait ça uniquement pour l'argent, il ne compte pas être guide nature éternellement, d'autant qu'il n'aime pas trop marcher... Son projet? Aller étudier l'anglais à Phnom Penh pour devenir guide touristique à Angkor Wat (parce que ça paie bien). Son anglais était bas, mais il ne s'est pas privé de vouloir corriger Laure, à tort.
Si la première heure on s'est demandé si ça allait le faire (Ray Ban sur le nez, col de chemise relevée, et musique pendant la marche), on a vite découvert que Punlu savait vite repérer empreintes, oiseaux dans les branches, et reconnaître les plantes et autres baies comestibles de la jungle. Bref, un vrai homme de la jungle, dont les gestes sont naturels et surs (faire du feu, couper du bambou, marcher sur les pierres glissantes de la rivière. ..) Aussi est il étonné face à ces touristes blancs qui sont si vite fatigués après une journée dehors à marcher. Pour lui, encore une fois, c'est normal de vivre dans la nature, et de manger du riz, à chaque repas. D'ailleurs il avoue que chez lui, il ne mange que ça, et que le riz avec des légumes, c'est pour les touristes.
A l'image de ses 21 ans, il a une certaine arrogance et fierté: après deux heures de marche dans la forêt, il admettra s'être trompé de chemin. Cette erreur nous permettra un mini road trip en sens inverse, presque jusqu'à notre point de départ, en scooter. C'est lui le guide, et c'est donc lui qui doit être devant: on a joué le jeu et on l'a toujours laissé passé.
Les au revoir seront comme les Bonjour : un mot et c'est parti.
Notre cuisinier, papa de 3 enfants, fier propriétaire de 3 chiens, des poules, 10 buffles, 4 vaches, à la quarantaine et est timide. Il parle très peu anglais, ce qui ajoute à sa gêne. Il était soulagé quand on a refusé de porter les 50kg de nourriture (dont 10 de riz): cela signifiait qu'il ferait le trek en scooter, à porter la charge de camp à camp. Fin mais robuste, il est l'homme à tout faire, et surtout l'homme qui sait tout faire. Homonyme de Mike Horn, aventurier de l'extrême que Clement admire, il en est aussi une bonne copie, version khmer. Il ramène poissons, escargots, plantes sauvages pour assaisonnement,... trop heureux de pouvoir faire comme d'habitude (apparemment beaucoup de touristes refusaient, alors que nous, on était la pour ça!).
Petite anecdote: un soir, il a interrompu une discussion, s'est levé et à creusé la terre avec un bâton pour y trouver des oeufs de lézard, qu'il s'est empressé de cuire et manger. Comment a t il fait pour savoir qu'ils étaient à cet endroit ?! Le nid, aux pieds de Clément, était indetectable.
Autre fait amusant mais inqhietant: le matin du 6e jour, La Horn nous rattrape en scooter, le tibia ensanglanté. Il a eu un petit accident. La blessure est vilaine, mais pas reste superficielle. En guise de pansement, il a utilisé ce qu'il avait sous la main: des mouchoirs et deux lianes pour les maintenir en place. C'est à ce moment là qu'on a découvert que ni lui ni Punlu n'ont de kit de premiers secours... Nous, on a le notre et on désinfecte et panse la blessure de notre cuistot. L'âpres midi, il ira voir le médecin pour obtenir biseptine et antibiotique. A la question "pourquoi vous n'avez pas de kit de secours?", punlu nous a juste repindu qu'il y en avait bien avant, mais que les guides les gardaient pour eux. Et a la seconde: "et si on est attaqué par un elephant, ou mordu par un serpent?" (La morsure aurait ete largement posible: on a souvent croisé des serpents a portee demain!) "Je cours a la colline la plus proche, en esperant pouvoir appeler le centre." A Chi Phat, il n'y a pas encore eu d'accident, mais le bon déroulé des choses semble ne tenir qu'à un fil.
Une bonne expérience, tout semblait naturel et aussi un peu à l'arrache. Par contre, on était considérés maladroits, puisque blanc, et on n'avait pas vraiment le droit de faire des choses par nous même (ça allait jusqu'à ne pas pouvoir se faire son propre café, ou tenir un couteau!).
Les moments forts:
Les cascades, et les plongeons,
Les nombreuses baignades (dans des rivières ou des lacs),
La découverte des animaux de la forêt (les gibbons, les elephants, les kalao, les toucans, les serpents, et les nombreux insectes, papillons et libellules),
La pêche et du coup manger des poissons fraîchement sortis de l'eau,
Le mini trip en scooter à travers la jungle,
Les feux de camps,
Les nuits à regarder les étoiles, du hamac,
La matinée à marcher pour rien,
Les soins prodigués à la Horn après sa blessure
L'apprentissage du khmer et de l'anglais