La commune de Eourres se situe dans un coin reculé des Hautes-Alpes. J’ai l’impression de me rendre au bout du monde : un train, deux bus, un taxi et 10 heures plus tard me voici arrivée au bout de la route, au fond de la vallée. Au cœur d’un paysage presque désertique, à cause les chênes qui n’ont pas encore leurs feuilles, le hameau des Damias est une oasis de verdure, de fleurs et de sourires ! Situé à 1000 mètres d’altitude sur la commune d’Eourres, village alternatif depuis les années 1970, le coin bénéficie d’une chouette dynamique soutenue par l’installation de jeunes reconvertis : maraichers, boulangère, glacière, bucheron, menuisier…
Dans les années 1980, un couple, Caroline et Rob, s’installe dans le hameau et rénove les maisons en ruine pour en faire un gite d’accueil de groupe. L’affaire tourne bien aujourd’hui et les fondateurs passent le flambeau à la relève. Ici les stages en tout genre se succèdent : méditation, yoga, chamanisme… il y en a pour tous les goûts. Je travaille au maraichage avec Nico. Tous les fruits et légumes sont consommés sur place, vendus à la table d’hôte du gîte : plus local, on ne fait pas ! Julien s’occupe de faire tourner l’accueil des groupes et de préparer les délicieux repas végétariens, miam miam ! Les rares maisons en pierre du hameau étant occupées, Nico et Julien sont installés dans de grandes yourtes avec leur famille respective. Celles-ci sont équipées de poêles, cuisine et salle de bain, de vraies maisons quoi :)
Je dors dans la maison commune avec les deux autres wwoofeurs (bénévoles dans la ferme). Nous prenons nos repas dans la cuisine partagée. Souvent nous dégustons les délicieux repas de la table d’hôte. Aux Damias, une chose est sûre : on mange bien !
Le lieu qui m’impressionne le plus est la salle de pratique pour les stages. Je n’en ai jamais vu d’aussi belle. Il s’agit d’un bâtiment en bois de forme octogonale, dont 5 côtés sur 8 sont vitrés ainsi que le toit, offrant une vue sur la montagne et la nature tout autour. Situé à côté de la rivière on y entend l’eau qui descend de la montagne. Chaque matin quand la salle est libre, je vais y faire mon yoga. Au centre a été placé un énorme cristal de roche.
On commence dans les serres pour se réchauffer. Notre travail en ce début de printemps consiste à préparer les planches de terre pour qu’elles puissent accueillir de nouveaux plants : désherber, casser les mottes, déposer du compost et planter ! On fait aussi des semis et on désherbe beaucoup, beaucoup, beaucoup. Le chiendent devient notre ennemi commun numéro un, on en rêverait presque ! J’apprends à préparer du purin d’ortie et de consoude, qui sera vaporiser plus tard dans la saison pour protéger et vivifier les plantes. Je savoure cette occasion de travailler de mon corps et de lâcher la tête. C’est physique : pousser des brouettes pleines de composte ou bien passer des heures accroupie à enlever les « mauvaises » herbes. C’est un travail ressourçant et le soir je dors bien !
Les Damias ont aussi un petit troupeau de 12 brebis pour produire un peu de viande d'agneau. Je me porte tout de suite volontaire pour les changer de pâturage. En effet, je sais que dans mon prochain wwoofing je vais garder un troupeau de chèvres et je souhaite m'entrainer. Cela dit, les moutons et les chèvres, c'est pas du tout pareil... comme je pourrai m'en rendre compte. Les premiers sont dociles et craintifs et suivent le groupe, les secondes sont indépendantes et ont fort caractère !
Les chants incessants des oiseaux m’enchantent : ils me réveillent chaque matin et m’accompagnent toute la journée. Le soir venu, tout devient noir car il n’y a aucune pollution lumineuse aux environs. Les étoiles en sont d’autant plus belles. On n’entend pas le bruit de la route puisque nous sommes au bout de celle-ci qui n’est emprunté que par les habitants et les stagiaires. Pas de réseau téléphonique non plus, ici on ne capte pas à moins de 40 minutes à pied. Un lieu très ressourçant.
Ici pas de gouvernance partagée. C’est à l’origine une famille qui a rénové le hameau en gîte et mis tout le projet de maraichage en route. Aujourd’hui ils prennent leur retraite et passent la main à Nico et Julien. Un trop petit nombre pour réfléchir à une gouvernance partagée, qui de toute façon ne semble pas être du goût des nouveaux venus. Les décisions sont prises de façon informelles, autour du repas. Je ne remarque pas de structuration particulière, peut-être pas nécessaire d’ailleurs. Je compense en avançant le MOOC (formation en ligne) sur la gouvernance partagée auquel je me suis inscrite.
Les activités sont multiples : des personnes viennent suivre des stages organisés par des intervenants extérieurs, des touristes profitent du camping, des hogans (maisonnettes octogonales en bois) ou des gites. Des randonnées à cheval avec bivouac sont proposées et en été un camp pour les enfants s’organise à quelques kilomètres en mode « vacances à la ferme » avec les poules et les ânes.
L’ambiance est harmonieuse et ponctuée de fous rires, le travail bien organisé. C’est parfait pour une première expérience. Le week-end je fais quelques randonnées avec des paysages très typiques des Alpes du Sud. Le printemps met du temps à arriver à cette altitude, les feuilles des chênes sortent tout juste quand je quitte Les Damias début mai.
http://www.lesdamias.com