Partir de bon matin ! Non pas à bicyclette mais en voiture cela ira aussi bien à l'aller qu'au retour. Après une nuit calme, il est important de prendre un bon petit déjeuner.
Vous aurez un choix varié entre café fort ou long, café au lait, chocolat, chocolat au lait, thé pour la partie liquide. Pour le reste un buffet bien garni vous propose jus de fruits, viennoiseries, pains variés et crèpes avec leur lot de confitures, miel, pâte chocolatée. Tout le monde y trouve son compte, et si vous êtes jambon et compagnie, il y en a aussi. Vous pouvez terminer sur un fromage blanc, un yaourt et un fruit, histoire de se sentir prêt à affronter les plus hauts sommets.
Moustiers nous accueillera après un trajet rapide par des routes agréables et arborées. On s'aperçoit très vite que cette cité aime bien les pentes et trouver une place de parking n'est pas toujours chose aisée. On choisira de stationner en haut d'une voie pentue faisant office de parking, l'avantage étant que cette position permet de descendre vers le centre ville. Il est vrai qu'au retour il faudra apprécier la montée dans l'autre sens.
Moustiers, village plus que ville, destination recherchée qui bourdonne comme une ruche en été. Flanquée à même la haute falaise de calcaire, elle installe ses maisons de pierre le long d'un torrent qui cascade dans sa gorge. On chercherait en vain des rues planes et horizontales, ici tout se conçoit en pentes plus ou moins abruptes qui voient ahaner les passants dans des ruelles étroites qui abritent de la chaleur en été, priant de trouver un banc ou une placette horizontale. Il se dégage un charme tour particulier de chaque pénétrante où poussent les boutiques des maîtres artisans producteurs de faïence. Vous trouverez de tout, depuis les services richement ornés, les pendules à quartz dans leur assiette, les jouets en bois traditionnels qui rappelle élégamment un temps révolu, la riche déclinaison des savons parfumés, les huiles essentielles, le lavandin à acheter au sachet, les cartes postales et les magnets mais aussi, et cela est bien utile pour les distraits comme moi, les cartes mémoire pour appareil numérique !
L'église paroissiale est un passage obligé. Vous serez en particulier acceuillis par le clocher à quatre étages du type lombard de cet édifice qui date du 12ème siècle. On ne peut que remarquer l'abondance des cloches qui l'habitent. Il est de fait que leur douce musique avait pour conséquence de faire bouger ledit édifice haut de plus de vingt mètres, le qualifiant de clocher mouvant. Sonnent toujours les heure et le midi, mais il semble que le modernisme ait fait préférer la musique électrique.
Le clocher est habité par un bataillon de pigeons roucouleurs dont les vagues vont et viennent au gré des heures frappées.
Le village invite à la promenade et à la découverte des échoppes profondes où se déclinent toutes la délicatesse des faïenciers. Fort d'une volonté affichée de ces dames, nous fîmes le tour de tous les négoces du village, un véritable parcours du combattant, à la recherche de la perle rare et du cadeau pour faire plaisir.
L'église paroissiale, fraiche en été, invite au recueillement et présente de très beaux vitraux. Elle ne supporte pas le flash des appareils photographiques.
Vous ne pouvez pas manquer de monter à la chapelle du Beauvoir. De là haut la vue y est en effet superbe, mais encore faut-il vouloir et pouvoir tenter l'ascension par un chemin de pierre ancestral bordé les arrêts traditionnels du chemin de croix, le vôtre en l’occurrence.
Courage aidant, vous recevrez en cadeau celui d'avoir montré votre aptitude à gravir de rudes pentes mais aussi de bénéficier d'une vue plongeante sur les toits de vieilles tuiles qui donnent tout son charme à ce village. N'oubliez pas de vous munir de chaussures adaptées à la situation.
Après un temps aléatoire, une ventilation adéquate des poumons et un échauffement des membres inférieurs, vous atteindrez le Graal après une dernière âpre montée. La petite chapelle vous accueillera avec ses cyprès traditionnels. Sachez que vous foulez le sol d'une très vielle chapelle à répit où les enfants morts-nés retrouvaient la vie pendant un court "répit", le temps de les baptiser de manière à ce qu'ils puissent passer dans le paradis des anges. Dans la cas contraire, ils n'étaient rien et finissaient on ne sait où, en tout cas pas dans un cimetière, dure époque !
Vous penserez qu'après l'effort d'une montée vers le ciel, ce dernier vous procurera une descente des plus apaisantes. Détrompez-vous ! Le retour au village est des plus périlleux et vous préfèrerez la lente montée. Il y a une rampe qui suit les contours du chemin, elle est utile mais peu efficace. Vous allez vous trouver sur une chaussée qui a tellement vu défiler de chaussures que les galets en ont acquis un poli des plus remarquables. Alors vous progressez comme sur une patinoire surprenante. Allez doucement ou préférez la partie gauche de la chaussée qui est restée rugueuse et évitera des glissades inopinées. Vous prierez donc en descendant autant qu'en montée que vos pas vous mènent sans encombre à destination.