Tout commence à Plaka!
Comme dans ce livre magnifique, "L'île des oubliés", tout commence ici, dans ce village du bout du monde, là où la route s’arrête aux pieds de la montagne, et devant les galets de la plage.
Avec en face, l'île !!!
Mais nous voici debout, un vent de folie souffle sur la baie, l'île est face à nous, le ciel est d'un bleu pur et le soleil transforme la mer en miroir brûlant les yeux.
Nous sommes exactement là où se trouvaient les lépreux avant d'embarquer pour leur dernière demeure, cet exil forcé, à quelques encablures de leurs familles, de leur chez eux, de cette vie qu'on les avait contraints d'abandonner. Comme eux nous attendons la bateau du passeur, comme l'âme des morts attendait le bateau pour traverser le Styx, nous attendons pour traverser vers l'île des morts vivants.
La traversée est rapide, comme à l'époque, 10 petites minutes et nous voici sur le débarcadère. Ce n'est plus le même, industrie touristique oblige, les énormes transports de touristes en provenance de Elounda et Agios Nikolaos ne peuvent pas accoster sur l'ancien débarcadère, prévu pour de petits bateaux de pêcheurs.
Mais comme ces anciens exilés, nous suivons la muraille pour pénétrer dans l'enceinte, nous passons par le tunnel qui accueillait les lépreux, un tunnel étroit, long et sombre. Le fait qu'il forme un coude est volontaire, c'était alors le symbole d'une nouvelle naissance à une nouvelle vie, la dernière, celle qui allait se dérouler ici, à la fois tout près et si loin du reste du monde.
Les lépreux une fois arrivés étaient logés dans une des maisons de l'île, souvent ces petites maisons logeaient plusieurs personnes, dans une promiscuité difficile à vivre au quotidien. Il faut bien être conscient que le nombre de logements était restreint, et le nombre de lépreux toujours en augmentation, surtout à partir de 1943, quand le gouvernement dirigé par l'occupant allemand décida de déporter sur l'île les lépreux de toute la Grèce.
La visite de l'île est poignante, malgré les hordes de touristes suivant leurs guides respectifs, nous changeons d'itinéraire, faisons demi tour, tentons des feintes plus ou moins réussies, et au final nous arrivons à explorer l'île sans trop souffrir de la cohue.
Le paysage de l'île et de ses environs est à couper le souffle, et la tristesse et l’angoisse de ses habitants sont restées dans les pierres qui nous entourent et qui nous parlent de ces années noires.
Des maisons du centre du village ont été restaurées, et ces couleurs sur les volets, ces signes de vie quotidienne, comme ces échiquiers maladroitement gravés dans la pierre, sont autant de souvenirs émouvants.
Mais il est temps, de nombreux bateaux arrivent des ports de la région, les hordes sont aux portes de Spinalonga, alors nous fuyons, nous reprenons notre petit bateau de pêcheur pour revenir là où tout a commencé, à Plaka!
Pour déjeuner il va falloir rouler!
Une fois revenus sur la grande île, la Crète, nous reprenons la route pour un autre village du bout du monde.
Mochlos, là bas aussi la route se termine au pieds de la montagne et devant la mer. C'est une voie sans issue qu'il faudra prendre sur plusieurs kilomètres depuis la route principale. Nous allons grimper tout en haut des montagnes pelées qui surplombent la er, avant de dévaler les pentes vers les vagues et une autre île, où nous n'irons pas, mais que nous pourrons admirer tout à loisir!
Une île déserte, pelée, lavée par le vent, le soleil et la mer. Un rocher sur l'eau, magnifique et solitaire.
Nous irons déjeuner dans une petite auberge, juste au bord de la mer, face à cette île sauvage, et nous irons ensuite déambuler dans les ruelles de ce village perdu, fleuri, où le temps semble s’être arrêté il y a bien longtemps.
Une pause de bonheur tout compris!
Nous voilà de nouveau sur les routes et les chemins, et cette fois ci le chemin sera rude!!!
Heureusement que j'ai loué un petit 4X4 à toute épreuve pour cette semaine, au passage on m'a surement refilé le plus vieux 4x4 du monde! Les freins sont aléatoires, la direction incertaine, et la suspension, heu..... bref!!
Nous empruntons une piste, comment dire, très très rude pour arriver au bout de quelques kilomètres, 4 mais qui m'ont paru bien plus, dans un endroit magnifique.
Une petite auberge toute fleurie domine la piste, tandis qu'à quelques mètres, le plus vieil olivier d'Europe nous attend patiemment!
Hé bien non, je le dis tout de suite, le plus vieil olivier d'Europe ce n'est pas moi!!!!
Celui là a , tenez vous bien, 3250 ans environ!!!!
Il a été daté parce que des archéologues ont trouvé dans ses racines, des poteries datées de plus de 3000 ans, autour des quelles l'arbre avait grandi.
Et ce vénérable vieillard produit encore de olives, qui sont récoltées dans le plus grand respect dû à ce témoin d'un passé lointain!
L'arbre est énorme, la circonférence de son tronc fait près de 5 mètres!
L'émotion est grande devant un tel témoin du passé, il a vu naître et mourir la brillante civilisation Minoenne, il a vu Grecs et Romains se battre, il a assisté aux invasions vénitiennes, turques, il a vu passer des bateaux à voiles et à vapeur , il voit désormais de très haut le survoler des avions, et il y a fort à parier que lorsque les humains ne seront plus qu'un mauvais souvenirs, ses olives nourriront les petits habitants de la montagne!
Et pour finir cette belle journée, et bien quoi de mieux, une fois revenu à notre camp de base, qu'un diner romantique sur le port?
Rien?
Ben non, rien!
Bonne nuit!