« Ne vous souciez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez, ni, pour votre corps, de quoi vous le vêtirez. La vie ne vaut-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que les vêtements ? Regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles ni moisson, ils n’amassent pas dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Vous-mêmes, ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? Qui d’entre vous, en se faisant du souci, peut ajouter une coudée à la longueur de sa vie ? »
Après un petit-déjeuner qui me permis de discuter avec mes hôtes, je les saluai et descendis jusqu’à Voltri, où je découvris une belle église avant de rentrer dans la banlieue de Gênes. Mise à part des centre-ville occupés par des églises, la route ne fut pas des plus douces, suivant des routes très fréquentées au milieu des immeubles pour rejoindre le centre de la capitale Ligure. Je fis une pause dans un parc pour déjeuner puis arrivai dans le centre et rentrai dans la magnifique basilique Santissima Annunziata del Vastato, aux colonnes et aux fresques particulièrement remarquables. Puis je visitai le centre de Gênes, y découvrant ses ruelles et ses petites églises, ses maisons nobles le long du port , et surtout sa cathédrale rayée de blanc et noir. Je finis par sortir du centre en passant sous les deux tours médiévales et continuai ma route vers l’est. En fin de journée, m’arrêtant à l’église San Giovanni Baptista dans le Quarto dei Mille, je vis qu’une messe allait commencer et en profitai pour y assister. A la fin de celle-ci, je demandai au prêtre, Don Stefano, un lieu où dormir. Un couple voulut bien me recevoir, Marco et Valeria, et invitèrent le prêtre pour le repas. Le dîner fut convivial, me débrouillant pour discuter avec Marco et sa femme de leurs deux enfants qui n’étaient pas présent, et pour parler de l’Eglise avec Don Stefano. Nous terminâmes par un bon gâteau de Valeria avant que je me couche.
Partant de bonne heure, je quittai rapidement la banlieue de Gênes et suivis la côte en passant par des petits villages qui la surplombait. Après un déjeuner à Recco sur l’esplanade de l’église proche de la mer, je traversai Camogli, noire de monde en cette journée ensoleillée, et grimpai jusqu’à l’église San Rocco, où je pus admirer un beau panorama sur la côte jusqu’à Gênes. Je continuai à gravir une montagne qui compose la presque île de Portofino, traversant une vaste forêt de châtaigniers. Mais en poursuivant, je me trompais de chemin et atterrit sur une route carrossable au lieu du sentier initial. Je me résolus à le suivre jusqu’à la ville de Rapallo afin de retrouver la Via Della Costa. Approchant de la ville, l’heure avançait et le changement d’horaire faisant que le soir tombait plus tôt, je me vis contraint de m’arrêter à Rapallo. En passant devant une église moderne, le curé m’accueillit avec joie, ayant l’habitude des pèlerins. Don Jaccopo m’invita à dîner, et celui-ci étant chargé de la culture pour son diocèse ainsi que d’une bibliothèque fournie, nous passâmes la soirée à discuter autour de sujets comme la musique, des auteurs français et italiens ou encore de l’Eglise et de Carlos Acutis qu’il avait bien connu!
Prenant un café avec Don Jaccopo, je le quittai ensuite pour continuer à traverser la côte vallonnée. Passant par des petits villages aux clochers sobres comme Sant Ambrogio, j’arrivai ensuite dans le sanctuaire de Nostra Signora delle Grazie où sont encore visibles des fresques du XIVème siècle. Je déjeunai à Lavagna après avoir visité Chiavari et son joli centre, puis arrivai à Sestri Levante dans l’après-midi, passant par des ruines de l’église de Sant Anna. Souhaitant rejoindre Moniglia qui se situait derrière un haut massif, je marchai longtemps à travers une forêt de pins et d’arbousiers dont les fruits murs égayèrent mon parcours. Enfin, alors que la nuit était déjà tombée, je parvins tant bien que mal à destination malgré les difficultés du sentier et j’assistai à la messe de la Toussaint anticipée. A la sortie, je demandai une fois de plus un endroit où dormir et le curé m’accueillit dans l’après-midi je salle paroissiale où je passai la soirée seul.
Je quittai Moniglia en gravissant une côte jusqu’à l’église de Littorno, où mon hôte célébrait une messe, puis je continuai en suivant le relief le long de la mer. Arrivant à Levanto en début d’après-midi, je décidai de ne pas suivre le sentier prescrit mais un autre qui traversait les célèbres villages des Cinque Terre. Je grimpai donc une montagne escarpée qui offrait un beau panorama sur les villages côtiers sur son autre face. J’arrivai en fin de journée à Monterosso del Mare mais il commençait à pleuvoir. Découvrant l’église du village à la belle rosace et à la façade rayée de noir et blanc, j’y restai pour dire le chapelet et assister à la messe. A la fin de celle-ci, je m’enquis auprès du curé d’une personne qui pourrait m’accueillir, mais il m’indiqua seulement un couvent de capucins qui surplombait la ville. Malgré le fait que je n’ai pas prévenu et qu’il n’y ait pas de chambre disponible, le père Renato m’accueillit dans son couvent qu’il gérait seul avec des bénévoles durant la moitié de l’année. Nous dînâmes ensemble avec Alberto, la personne qui gérait le couvent avec le capucin, et deux bénévoles. Discutant surtout avec le père Renato qui parlait bien français, nous évoquâmes nos parcours, celui-ci ayant décidé d’être capucin à l’âge de 12 ans!
Après avoir dit laudes et un petit-déjeuner, mes hôtes me saluèrent chaleureusement, Alberto en profitant pour prendre en photo ma credenciale pour la page Facebook du couvent. Je quittai Monterosso sous un ciel sombre, montant jusqu’au sanctuaire de Soviore dont l’église abritait une belle peinture bien qu’abîmée. Puis me trompant de chemin, je descendis pour remonter jusqu’à l’église de San Bernardino alors que la pluie commençait à tomber. L’église surplombait les villages de Vernazza et Corniglia, mais le temps ne permettait pas d’apprécier les couleurs de la mer et des maisons. Je continuai et arrivai à Volastra après une bonne heure de pluie qui avait fini par me tremper jusqu’aux os. Je déjeunai là-bas, pouvant admirer le village de Manarola en contrebas sur leurs rochers, et me sécher un peu. Je gravis ensuite une montagne composée d’une forêt de châtaigniers, mais avec un fort dénivelé. La pluie s’étant arrêtée jusqu’ici, un violent orage me surpris alors que je descendai a Carpena, me forçant à accélérer pour me réfugier dans l’église. Une accalmie me permit de repartir et je passai par plusieurs petits villages en descente jusqu’à La Spezia où j’arrivai trempé, la nuit étant tombée. Je fus accueilli à l’Oratorio Don Bosco géré par des salésiens, dont j’avais eu le contact par mes précédents hôtes et dînai avec des locataires qui me firent gentiment à dîner avant de me coucher, épuisé.
Levé tôt, j’assistais à une messe, traversai La Spezia et rejoignis Arcola et son château surmonté d’une haute tour médiévale. Puis j’entrai dans la plaine de Sarzana, y arrivant après une route assez dangereuse du fait de la circulation. J’y visitai la cathédrale, au plafond sculpté de bois, et sa forteresse médiévale, avant de rejoindre la Via Francigena, quittant ainsi le chemin de la Via Della Costa que j’avais suivi depuis mon départ en Italie. Marchant entre les Alpes Apuanes, de faible hauteur, et la mer, je longeai pendant un certain temps un petit canal poissonneux. Je passai par Luni, où les pèlerins de Compostelle embarquaient, y voyant des restes d’édifices antiques, notamment un amphithéâtre. J’arrivai le soir à Avenza, près des montagnes de Carrare connues pour son marbre et dont on apercevait les carrières. J’y fus reçu par une paroisse qui a un accueil pour pèlerins mais où je me retrouvai seul et passai donc une soirée très peu animée.
Marchant vers l’est puis tournant pour longer les montagnes, je passai près de Carrare et pus constater la présence d’importants ateliers de marbre sur mon parcours jusqu’à Massa. Après un passage par des coteaux de vignes en terrasse, je rejoignis Massa où je parvins tant bien que mal à faire tamponner ma credenciale à l’hôtel de ville alors qu’avait lieu une cérémonie sur la place du palais ducal. Je longeais ensuite une colline surplombée par la forteresse de Massa et continuai ma route en traversant les contreforts des montagnes. Arrivé à Pietrasanta dans l’après-midi, j’y visitai la belle église ornée de nombreuses fresques anciennes, ainsi que des oratoires. Atteignant en fin de journée Capezzano Pianore, je tentai ma chance auprès d’habitants mais n’obtins pour tout résultat après une dizaine de maisons que l’adresse du curé. Celui-ci ne semblant pas être présent, je continuai mon chemin vers Camaiore en demandant l’hospitalité et je finis par y arriver bien après la tombée de la nuit. Les églises et l’accueil pour les pèlerins étant fermés, je me résolus à acheter à manger, après quoi je trouvai une grange où je passai la nuit à l’abri de l’orage.