C'est là que tout a commencé, dans l'aéroport Roissy/Charles de Gaulle, avec ma grosse valise (pesée encore et encore, inlassablement, la veille pour être sûr de ne pas dépasser le poids limite, 23 kilos, ni plus ni moins au risque de devoir payer un surplus pour l'envoyer en cargo), mon bagage à main (même combat) et mon sac à dos (a l'intérieur : paquet de M&M's et ordinateur chargé de séries pour survivre au vol).
J'ai dit au revoir à ma mère et à ma soeur (en vrai c'était réellement déchirant parce qu'on a essayé de faire bonne figure, ne pas pleurer jusque bout du bout, tenir bon, mais quand j'ai vu les larmes sur le visage de la petite, je me suis dit que ça ne servait à rien de nier la tristesse de l'éloignement), jeté le gros bout de plastique qui contient mes 5 mois de vie sur le tapis roulant et passé les douanes (ne pas oublier de retirer ses chaussures et sa ceinture), prêt pour l'attente interminable qui précède les vols.
Avec Elisa, chocolat trop chaud en main et miettes de cookie à l'orange
sur la moustache, on a refait le monde dans le temps qui nous était
imparti. Prêts pour un semestre loin de la maison ? Des petites
habitudes ? Prêts pour la grande aventure ? Au fond, ça fait quand même
grave flipper. L'idée avait émergé fin décembre et maintenant, le 16
août, on attend notre avion pour Montréal (well, Toronto d'abord) parce
que ça s'est concrétisé et que putain, ça y'est, on embarque. L'avion
nous a accueilli avec West Coast (RPZ Lana Del Rey), on s'est assis à
nos places respectives et attendu patiemment que les derniers
retardataires se pointent pour décoller. Genre quoi, presque sept heures
de vol ? Tellement rien, on saura faire fi de tout ca.
On n'en pouvait plus au bout de quarante-cinq minutes.
Alors on a passé le temps comme on pouvait, l'écran devant nous a pas mal aidé (Zootopie, c'est mignon)(et la sorcière de Blanche-Neige, cette "grosse pute à cape", est toujours aussi terrifiante), les repas à l'intérieur n'étaient pas super super (les makis végétariens, hum, pas une si bonne idée que cela. Et le wasabi était vert fluo) et la dame à côté de nous ronflait la bouche graaaaande ouverte. Classe.
Dormir ? Pas trop possible quand le gosse quatre sièges derrière toi hurle à la mort.
Regarder dehors ? Luminosité bien trop élevée, réellement à t'en crever les yeux. On va laisser le rideau sur le hublot.
Regarder une série ? Ai déjà vu tous les épisodes de Friends proposés et
celle que j'ai chargée pour le voyage ne fonctionne pas.
Il va s'en dire que c'était un peu le voyage de l'enfer, on était dead dead dead, et le plus horrible était qu'on n'en avait même pas fini. Deux heures d'escale à Toronto, on se dit déjà que marre d'attendre, qu'il faut réenregistrer les grosses valises avant de passer les douanes (encore et toujours, les chaussures etc) et qu'on meurt de soif, on marche sur nos cernes avec la force que nous octroie le coton qui constitue nos jambes. Dans la réalité, c'était différent, parce qu'on n'a clairement pas eu le temps pour nous, qu'on s'est battus comme des forcenés avec le wifi, l'aéroport était bondé, et une fois toutes les obligations finies, on s'est assis, quoi, genre trois minutes montre en main avant de monter dans l'avion pour Montréal. Désespoir du Refresha citron vert de Starbucks bu en cinquante-six secondes.
Au final, on avait clairement fait le plus dur, ne restait plus qu'une (PUTAIN) d'heure de vol au-dessus des nuages (et ça valait vraiment le coup) et on arrivait sur la terre promise, on serait crevés mais qu'importe, on pourrait enfin dire au monde qu'on était là. Le seul hic, c'est toute cette pluie (comme jamais je n'en avais vu avant) qui s'est abattue sur l'avion pendant l'atterrissage, et sur le moral du coup (c'est psychologique, comme pendant les giboulées de mars quand tu es allongé sur ton lit à écouter la pluie tomber, dépité). Mais on tient toujours bon! Eh, on est des warriors, on peut bien survivre à quelques gouttes. C'est ce qu'on se dit pendant les QUARANTE minutes durant lesquelles on attend nos valises (trempées), tous agglutinés autour du tapis roulant (et mes yeux qui commencent à voir des choses, c'était comme être dans un de mes rêves mais version réalité, état de faitgue à 203%) avec l'envie de rentrer chez soi.
De base, nous devions prendre une navette pour rejoindre le centre de la ville, puis se débrouiller de façon à arriver à l'appartement par nos propres moyens (la proprio : "c'est la merde pour venir à l'aéroport"). Idée vite abandonnée vu le temps ("sérieusement, tu nous vois arriver à la station Berri-UQAM avec les bagages, sortir de là et trouver par je ne sais quel moyen notre chemin dans une ville qu'on ne connait absolument pas, avec toute cette pluie ? J'ai déjà donné à Amsterdam, plus jamais"), mais toujours un tour dans la manche, on a pris le taxi pour arriver pile poil devant notre appartement, on aurait pu sortir pour embrasser le sol de joie (mais il faisait tout noir et il pleuvait vraiment beaucoup) et QUELLE NE FUT PAS NOTRE JOIE d'entrer dans notre nouveau chez nous ("Chéri, je suis rentré !"), tout propre, tout sec, les serviettes propres qui nous attendaient, les draps chauds sur les lits, la bouffe sur la table et la petite musique d'ambiance.
Premièrement, trouver le code wifi pour prévenir tout le monde.
Deuxièment, PUTAIN DE BORDEL DE MERDE, ON EST ENFIN ARRIVES A MONTREAL !
Ju
Ahhhhhh mais c'est génial !!!! Raconte tout. J'adore. !!!
Natacha
Ton écriture file si vite, que l'on a l'impression de patiner avant l'heure !!! Oui le vol et enkilosant, mais après comme tu le vois, on a de quoi se dégourdir les jambes Bises Yann