Ce matin, il neige à groooos flocons. Il a neigé presque toute la nuit (et les nuits sont longues ici…). Du coup il y a une grosse couche de poudreuse blanche sur les arbres et sur le lac gelé. On a pas vu un rayon de soleil de la journée… Mais par chance, il ne fait pas super froid. On est bien équipés, il faut dire.
Nous rencontrons notre guide pour ces 2 jours, c’est un petit nouveau ! Mais même un p’tit jeune, ici, c’est bien utile. La forêt boréale ne semble pas super hospitalière pour y passer une nuit en solo (et puis on est pas vraiment dégourdis non plus).Nous nous équipons de belles raquettes de rando : elles seront le prolongement de nos pieds pour les 2 jours à venir.Après quelques minutes de convoi sur les routes glacées, nous pouvons commencer à gambader pour s’infiltrer dans la forêt.Tout au long de notre rando, nous profitons de la découverte de plantes, de traces d’animaux, et aussi d’infos sur le Glouton, espèce locale rare (une sorte de mi-ours mi-écureuil, en plus violent, semble t-il).
Nous arrivons sur le lac gelé, que nous prévoyons de traverser. Tu te souviens de nos précédents exploits pour tenter de creuser à travers les 70cm de glace ? Ben nous sommes très têtus, alors nous re-re-retentons notre chance. Et évidemment, c’est à nouveau un cuisant échec malgré 30 grosses minutes à suer à cause d’une chignole un peu foutue (excuse des garçons), et une équipe franchement pas dégourdie (excuses des filles). La pêche sous la glace : ce n’est pas encore pour maintenant....
Il nous arrive de croiser quelques personnes sur des traîneaux tirés par des chiens : comme dans un film muet, des images noires et blanches se devinent au loin dans un espace où chaque son est immédiatement feutré et étouffé par la neige omniprésence.
Nous croisons quelques téméraires qui pêchent sur le lac. Tous éloignés d’une 30aine de mètres, ils sont plantés là, sur une chaise de camping, devant un trou de souris creusé dans la glace, par températures négatives. Les fioles de gnole doivent pas mal aider.
L’épaisseur de la glace sur les lacs est épaisse, généralement. Sauf aux embouchures : l’eau ne stagne pas, donc n’est pas solidifiée. Il faut vraiment contourner ces zones là où la glace peut être très fragile, même par -20°C la nuit, en ce début de printemps.Curieuse rencontre : LE canard. C’est un canard qui s’est perdu, et qui n’a pas appris à migrer vers le sud pendant l’hiver. Du coup c’est apparemment une petite star ici. Il séjourne tout l’hiver sur l’eau, plus chaude que l’air, en attendant le retour de ses potes partis se la couler douce en Afrique.A mi journée, nous pouvons souffler un peu dans un petit camp typique lapon, à l’abri d’un lavvu, le tipi local.. Nous préparons du feu, nous apprenons à l’allumer sans papier, sans briquet ni allumettes, grâce à la pierre à feu. Pour préparer le repas, nous disposons les herbes aromatiques récoltés lors de notre parcours du matin dans la caisse métalique qui nous servira à cuire au fumoir deux belles truites (que nous n’avons pas attrapé nous même, donc. T’en connais les raisons…).
Durant notre marche de l’après midi, on a l’occaz de passer par le chenil, de faire coucou à nos compagnons canins des 2 jours précédents.En fin de journée, nous profitons d’un peu de temps libre pour aller rendre visite à quelques rares habitants du bourg : ils élèvent des rennes ! Ils ne sont pas farouches (les rennes) et se laissent caresser (les rennes) sans trop de problèmes. Attention cependant à leurs bois : un écart brusque et c’est vite un oeil crevé ! Pour finir, nous partageons un moment au chaud dans leur salon (aux habitants), et même si on ne parle pas du tout la même langue, on passe un bon moment avec (les rennes et les habitants).
François et Victor se sentent chaud : ils rentrent en courant jusqu’au camp de base. Certainement l’appel de la bière, qui sera le prélude d’un bon repas et d’une partie de Tamoul.
Nouveau jour, nouveau programme. Nous restons sur de la randonnée, mais cette fois, nous sommes accompagnés de nos amis les chiens : tous plus survoltés les uns que les autres. Anciens chiens de traîneaux, ils coulent leur retraite paisiblement à prendre du bon temps avec les gens comme nous. J’aimerais bien être autant en forme que ces toutous quand je serai à la retraite : quelle énergie, il faut courir derrière malgré une sangle à la hanche !
La météo est plus clémente, il ne neige plus et la température s’est un peu réchauffée. C’est un peu galère pour marcher car la neige s’alourdit : elle colle sous les raquettes.
Tout au long de notre randonnée, nous alternons plaines glacées au dessus des lacs et forêt boréale imposante. Entre la neige lourde, les nombreuses couches techniques de vêtements et les chiens qui imposent un rythme soutenu, les jambes font un peu la gueule !
Nous croisons, à nouveau, de nombreux pêcheurs (une dizaine, mais une dizaine de personnes, ici, c’est déjà les ¾ du village). Nous les interpellons pour apprendre à creuser un trou dans la glace (c’est une véritable obsession, cette histoire de trou à travers le lac gelé !). Ils sont définitivement mieux équipés, et nous ouvrent un trou en quelques dizaines de secondes. Nous pêchons quelques minutes à leurs côtés.
Le parc national laisse à disposition des cabanes, où les randonneurs peuvent se reposer et se restaurer : du bois est régulièrement remis en stock. Ces abris de fortune auront été nos lieux de pause pour les déjeuner régulièrement.
De retour au camp de base, nous passons un bon moment avec les chiens qui nous ont accompagnés : ils ont été formidables.Pour clôturer notre dernier soir en Laponie, nous dégustons un ragoût de rennes, suivi d’un dessert local : le “Panu kakku de Sunikka”.
Zip de valise, clap de fin : c’est déjà le moment de retourner en France après cette belle semaine en Laponie finlandaise. Au revoir, parc de Hossa. Nous ne t’oublierons pas.