Tu les sens venir les gros lourds qui veulent juste faire les cons et se croire dans Sled Storm ? Ouais, ben ceux qui nous prêtent les motos-neiges, ils nous ont vus venir ! Alors avant de partir, nous avons tous droit à une bonne séance de sensibilisation aux dangers de la moto-neige, à des consignes de sécurité, en plus de faire un petit parcours d'initiation (et aussi car les réparations sur un engin de ce genre, ça peut vite chiffrer).
Règle de base : on reste dans l'ordre, on ne se double pas, on anticipe les arrêts et les difficultés en foret, on reste (dans la mesure du possible et sauf autorisation de Candice) sur les pistes (ce serait con de tomber dans le seul lac pas vraiment gelé), et on fait attention à ne pas perdre Yohanna après une bosse.
Bon, par chance, les motos sont bridées. On ne pourra pas vraiment dépasser les limites de vitesse autorisées par la maréchaussée finlandaise, et c'est bien suffisant. En tout cas suffisant pour se mettre dans le biaouw (cf : la suite de l'article).
Autant, en forêt, tu peux difficilement te tromper de chemin, mais sur les lacs, il est plus prudent de rester sur les pistes délimités par les autorités compétentes : les agitations des courants d'eaux à l'entrée et à la sortie des lacs les empêchent de geler par endroit : la chute à l'eau serait fatale.
Evidemment, en Finlande, la moto-neige est un véhicule comme un autre... Il te faut ton permis de conduire valide, et interdiction absolue de rouler avec après avoir testé la Vodka locale. En gros : t'as pas le droit de rouler bourré, et y'a des agents qui contrôle.
Sur la moto, autant à l'avant t'es bien (tu bouges et tu as les chauffe poignées), autant à l'arrière... T'es relativement immobile (sauf quand c'est Yoyo qui conduit), et donc tu te refroidis très vite. Alors nous sommes bien équipés : casque bien chaud, sur-gants, veste ultra-copieuse pour tenir des températures allant jusqu'à -35°C.
Toute l'équipe est prête : nous pouvons enfourcher nos machines et démarrer notre journée d'expédition.
Ce soir, nous ne dormirons pas au base camp, mais dans une petite cabane de la forêt boréale finlandaise, sur les rives d'un lac, en ce moment complètement glacé. Note pour la prochaine fois : penser à prendre nos patins à glace.
Nous démarrons par un grand lac gelé pour se faire la main et nous enchaînons les kilomètres en échangeant régulièrement le pilote de chaque moto. Parce que ça caille, et qu'on veut tous les deux s'amuser à conduire.
Tout au long de notre journée, nous traversons 2 décors bien différents.
Tout d'abord, les longues plaines de glace. Ces grands lacs gelés qui nous permettent de faire des pointes de vitesse et de pousser l'accélérateur à fond sans trop de risque. Dans ces étendues recouvertes de neiges, nous nous autorisons quelques fois de larges courbes dans la poudreuse plutôt que de faire monter les tours du compteur, auquel cas nous nous couchons sous le pare-vent pour gagner quelques KM/H.
Ensuite, entre chacun de ces grands espaces silencieux léchés par les vents glaciaux, nous empruntons des chemins plus techniques au cœur de la forêt boréale finlandaise. La vitesse est forcément plus modérée : nous sommes ballottés de droite à gauche au gré de la piste bosselée en évitant arbres, souches et ornières de neige.
Yohanna aura une remarque assez fine à propos du confort du passager : "Bon, maintenant, tu conduis bien et tu arrête de me secouer comme un prunier !"
Le festival de débrouille de Candice démarre ici et ne s'arrêtera plus des 4 jours qu'elle partagera avec nous. En deux temps trois mouvement, nous avons un beau feu de bois au beau milieu d'une étendue glacée. A l'aide d'écorce de bouleaux croisés sur le chemin et de morceaux de bois judicieusement placés en kapla sur une base de rondins : le feu était démarré.
Même si le soleil inonde le paysage et nous éblouit en se reflétant sur la neige d'un blanc parfait (code hexadécimal #FFF parfait, vérifié par Ronron), les flammes sont appréciées : l'air est tout de même frais pour nous, citadins occidentaux habitués aux hiver relativement doux.
Les rares nuages qui mussent le soleil nous laisse profiter de jolis panoramas aux jeux de lumières variés.
En milieu d'après midi, nous pouvons retirer les clés de nos machines. Nous logeons sur un lopin de terre (glacé) au milieu de nul part : l'été, il s'agit d'un petit ilot.
Le petit espace à l'abris des pins est constitué d'un premier chalet où nous passerons la soirée et la nuit, d'un sauna et d'une minuscule cabane qui fait office de toilettes sèches... La sortie nocturne pour aller au petit coin s'avère d'ores et déjà sportive et périlleuse...
Nous profitons des dernières minutes de soleil pour faire des réserves de bûches pour la nuit et puiser de l'eau du lac au travers d'un trou creusé en début de saison et régulièrement entretenu, le temps que le poêle à bois chauffe notre pièce de vie.
Pensez à bien déneiger les chaines de votre moto-neige, sans quoi elle sera complètement gelée demain matin... bon courage pour redémarrer !
Voulant (et aspirant à) ramener du poisson pour le repas. Nous commençons à creuser un nouveau trou dans la glace, d'abord un peu à la hache, puis à la tarière, cet espèce de gros tire-bouchon métallique. Victor et Ronron, en bon compétiteur, ne veulent pas lâcher l'affaire avant d'avoir réussi à atteindre l'eau. La glace est incroyablement dure, et... et l'eau n'est toujours pas là après 40 minutes d'effort...
Finalement, nous rangeons les lignes de pêche que Candice nous avait préparées... Nous rentrons tête baissée au chalet prendre notre goûter, déçu de ne pas avoir réussi à creuser plus de 50cm dans la glace.
Qu'à cela ne tienne : nous aurons notre revanche ! Enfin... c'est ce que nous pensons....
A notre arrivée sur l’îlot, nous avions mis du bois dans le poêle du sauna. Maintenant qu'il est bien chaud, nous profitons de la petite pièce pour se faire suer bien comme il faut.
Enfin... le parcours n'est pas sans risque... Tu nous imagines courir sur une couche mi-neige-mi-glace dans le froid glacial de l'extérieur, en maillot de bain, pour rejoindre la pièce embuée ? Nos fesses, elles s'en souviennent. Plusieurs d'entre nous ont confondu vitesse et précipitation et se sont retrouvés les pieds en l'air, le cul par terre (et ça fait mal en plus de rougir vite).
Les garçons auront quand même eu le courage d'aller se rouler dans la neige en plein milieu d'une session de sudation. Finalement, c'est les pieds sur le sol gelé qui auront le plus souffert de cette expérience.
Un sauna alors que y'a même pas d’électricité ? Et ouais... Mais en Finlande, le sauna est une pièce extrêmement importante. Sur le territoire, on compte un sauna pour 3 personnes. Autant dire que toutes les habitations en ont un.
Notre soirée à la lumière de la bougie et de la frontale se passe bien. Nous dinons très bien grâce aux préparations de Candice et nous jouons aux cartes jusqu'à tard. (Nous jouons au Tamoul. Si vous connaissez, c'est super. Si vous connaissez pas... c'est super aussi. Candice est difficilement détrônable)
Enfin, nous allons nous blottir dans nos duvets, pendant que les températures chutent dehors. Lors du dernier passage au petit-coin, le mercure descendait jusqu'à -17°C.
Anecdote utile (ou pas) : après avoir fait le pipi le plus libre du monde lors d'une randonnée équestre en Mongolie, nous avons fait notre pipi le plus froid.
La nuit s'est plutôt bien passée. Les vitres sont recouverts de fractales de glace fascinantes. Le crépitement du feu de bois nous réveille en douceur (et le froid ambiant de la pièce aussi). Nous prenons un bon petit déjeuner avant une grosse journée à fond sur notre engin.
Le programme d'aujourd'hui est sensiblement le même qu'hier : alternance de grandes zones dégagées et de taïga.
3 grands types de décors sont présents en Laponie finlandaise
Victor et Jean-Romain se partagent une moto-neige. La piste sinueuse dans les bois est sujette à nombreuses pérégrinations. La tentation de piloter debout, pouce sur la gâchette d'accélération à fond, sans ménager le passager, est très grande. Sauf que...
Sauf que la piste est si-nu-euse, et que mettre un patin dans la poudreuse du bas-coté lors d'une descente est synonyme d'une punition expéditive.
C'est la sortie de route.
Candice est obligée de venir à la rescousse pour sortir la machine de Victor et Jean-Romain, bien tanquée dans le biaouw. La première gamelle de la semaine, mais plus de peur que de mal.
Le parc d'Hossa se trouve à quelques kilomètres à peine de la frontière russe. Nous flirtons avec cette ligne de démarcation. Autour de la frontière, 4km (2km de chaque coté) sont interdits à fréquenter. Un No Man's Land est implanté et personne ne peut franchir cette ligne sous risque de se faire sévèrement emmerder par la maréchaussée russe, bien plus enquiquinante que celle finlandaise.
Nous profitons des derniers grands lacs pour pousser les machines (même si bridées...) à fond, sous le soleil Lapon. Nous nous autorisons même quelques aller/retours sur le dernier lac en dépassant les 70km/h possibles...
Il a fait beau ! Au soleil, la température devait être entre -5°C et -10°C, donc nous n'avions pas froid... C'était 2 jours de beau soleil ! Une chance que nous n'aurons plus de la semaine...
A noter que Candice n'avait jamais été aussi loin avec ses invités : nous avons été efficaces et rapide, malgré l'état de certaines pistes, complètement cabossées.
Durant ces 2 jours, nous n'avons croisé personne. (Une chance quand on voit l'étroitesse de certains layons empruntés en forêt par notre équipe). Mais ce soir, nous retournons au Base Camp, où nous profiterons de lits chauds et surtout... d'une douche.
Demain, nous partons pour 2 jours de chiens de traîneaux ! Alors Stay Tuned, on revient bientôt pour la suite des aventures lapones !