« Ne vous inquiétez donc pas du lendemain, car le lendemain prendra soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. »
Je partis le samedi matin de Toulouse, passant par le capitole pour faire tamponner ma credenciale (le passeport du pèlerin), puis je longeai la Garonne avant de grimper une côte en direction du sud. Traversant la banlieue sud de Toulouse par le sentier du GR qui m’évitait de passer par les nombreux lotissements, j’arrivai le soir à Montbrun-Lauragais. Yvan, Corinne et leur fils m’accueillirent gentiment chez eux et nous passâmes une agréable soirée. Je pus profiter, avant de me coucher, d’un beau feu d’artifice, car j’étais arrivé au moment de la fête du village!
Après la messe à l’occasion de la fête du village, je quittai Montbrun et me dirigeai vers le canal du Midi que je longeai jusqu’à Baziège. Déjeunant là-bas, je rencontrai deux cyclistes, Catherine et son mari Gilles, qui avait fait St Jacques à vélo avec un malvoyant! Ils me donnèrent gentiment un sandwich puis je repartis sur le GR à travers champs. Je croisai un curieux élevage de kangourous sur le chemin et arrivai le soir à Villefranche-de-Lauragais. Je fus accueilli par Lionel et Cécile avec lesquels je passai une soirée sympathique, animée de discussions autour de leur vie, le sport, la religion et d’autres.
Après un passage à Montferrand, petit village perché qui offrait un magnifique panorama sur la chaîne des Pyrénées, du Canigou au Pic du Midi de Bigorre, je rejoignis le canal du Midi. Je m’arrêtai au seuil de Norouze, où celui-ci est alimenté par un ruisseau artificiel venant de la Montagne Noire. Je remontai ce ruisseau appelé La Rigole, et arrivai à St Paulet, où je croisai Marina, une retraitée qui me proposa de venir chez elle et son conjoint Michel un peu plus loin. Ayant beaucoup voyagé, ils me racontèrent leurs périples au cours de la soirée et je pus goûter aux différents fruits et légumes qu’ils produisaient chez eux.
Je continuai de longer le ruisseau jusqu’à Revel, croisant plusieurs pèlerins allant vers St Jacques, notamment un qui avait fait Menton-Rome, à qui je posai donc des questions. Après avoir pu admirer la place centrale de la ville, je passai par Sorèze et son beau clocher, me rapprochant des montagnes qui commençaient à apparaître. J’arrivai le soir à Dourgne où une maison le long du GR put m’accueillir. Véronique et sa sœur étaient proches de la retraite mais avaient un emploi du temps très chargé en raison de leur travail et de leurs nombreux animaux : chiens, chevaux, poules, oiseaux, et même des poissons. Après leurs différents soins donnés aux animaux, aidées d’une amie à la retraite, nous dînâmes ensemble, discutant de nos vies et de leur famille, celles-ci ayant notamment un oncle qui avait beaucoup œuvré pour la paroisse d’Albi comme prêtre.
Quittant Dourgne et remontant vers Castres, je vis des pèlerins faisant Arles-Toulouse dans la matinée. Par un temps pluvieux, j’arrivai à Castres dans l’après-midi et découvris ses belles églises et ses maisons le long de l’Agout, la rivière locale. Je grimpai ensuite vers les premières montagnes du Haut Languedoc sous le vent et la pluie. Peu avant Noailhac, Laurent, fabricant de chips, m’accueillit chez lui, mais ayant des invités, je dînai seul et en profitai pour me reposer et me coucher tôt après ces derniers jours de marche. Ma tendinite me relançait et j’espérais que cela allait s’améliorer malgré les montagnes à franchir…
Je partis de Noailhac après avoir petit-déjeuné tôt en compagnie de Laurent qui partait au travail et avec qui je pus discuter un peu. Montant dans le massif du Haut Languedoc, il y eut de fortes pluies toute la matinée et je m’arrêtai à Boissezon et son église perchée pour me sécher. En chemin vers la petite bourgade d’Anglès, je croisai deux randonneuses dont l’une, Caroline, me proposa de venir dormir chez elle plus loin dans les montagnes. J’arrivai en fin de journée bien trempé à Anglès où j’eus du mal à trouver des hôtes. Finalement au bout d’une rue, Maurice et Isabelle me reçurent chez eux, m’installant confortablement. Retraités, ils venaient d’Isère et aimaient cette région où chasse, pêche et champignons sont les maîtres mots!
Quittant Anglès sous une petite bruine, j’arrivai rapidement à l’abri du Salavert, une cabane de forestiers où je pus faire un feu, déjeuner et me reposer. Je n’avais pas beaucoup de marche à faire, devant ralentir afin d’avoir une messe le dimanche, les paroisses étant très étendues dans la région. L’après-midi, le soleil pointa le bout de son nez, me permettant de découvrir les paysages de montagnes et de forêts du Haut Languedoc. Arrivant assez tôt à la Salvetat-sur-Agout, je visitai sa belle église avant de partir à la recherche d’hôtes. Je tombai rapidement sur Guilhem, un jeune forestier qui rentrait du travail, accompagné de son chien. Il m’hébergea gentiment et nous eûmes à loisir le temps de discuter de nos vies, de livres dont nous avions la référence commune, et de la région. Pour conclure la soirée, il me prit avec lui pour une répétition de son groupe de musique, entre batteur, guitaristes, accordéonistes et chanteurs. Je pus ainsi apprécier leur répertoire varié, allant d’Aznavour à Johnny Hallyday, en passant par Nadau!