Les "Sassi di Matera"

Publiée le 20/04/2016
Littéralement "Les pierres de Matera"

La région de la Basilicate

Il est loin le XVIe siècle et sa prospérité pour cette région ! Cette dernière s'est peu à peu enfoncée dans l'oubli, et s'est également refermée sur elle même...

A vrai dire rien de plus facile à imaginer sur place : des petits villages s'accrochent à flanc de montagne, partout des maisons en ruine, et des vallées qui semblent inaccessibles. Par contre c'est magnifique ! Une beauté brute et austère, et à l'heure de la sieste elle n'est rien que pour nous !

Au milieu du XXe siècle l'Italie semble se souvenir de cette province et le désenclavement tant physique qu'intellectuel commence...

Matera

Une fois encore, l'approche du site des Sassi est surprenante : on longe de nombreux HLM (Euh... t'es sûre que c'est là ton site d'habitations troglodytiques millénaires ??) avant d'apercevoir quelques panneaux indicateurs pas très clairs concernant le site Unesco.  En revanche on comprend vite que la ville est candidate comme Ville européenne de la culture (pour 2019) ! C'est partout !

Nous ne savons pas si nous arrivons par un endroit détourné, mais nous ne trouvons pas de parking aménagé, nous nous trouvons donc une place dans une petite rue éloignée en essayant d'esquiver les personnes qui disent être là pour "surveiller" les voitures mais qui souvent prennent juste de manière non officielle une somme d'argent qui atterrira on se sait trop où (Vécu par MmeTCF à Bari quelques années plus tôt !)... Parano ou pas, ils n'ont pas une allure engageante en plus !

Bref, rien à voir avec la petite organisation bien rodée d'Alberobello !

Toujours est-il que derrière la rénovation du site on ressent encore un peu l'ambiance qui a collé aux Sassi pendant des siècles : un lieu maudit, véritable ghetto pour les plus pauvres, diabolisé par les plus riches qui habitaient la ville au-dessus, et infesté de maladies. Lors du désenclavement de la région au milieu du XXe siècle, les habitants des Sassi sont relogés plus haut et le quartier est abandonné. Il est classé Patrimoine mondial par l'Unesco en 1993, ce qui a permis de le restaurer. Une nouvelle population s'y installe de nouveau, bien différente de l'ancienne ; c'est devenu un lieu tendance avec le lot de maisons d'artistes que cela comprend,  et de plus de nombreux films sont tournés dans ce décor naturel : par exemple la controversée "Passion du Christ" de Mel Gibson.

Un à priori tenace

Tous les soirs nos hôtes nous demandaient ce que nous avions vu, et tous les soirs ils étaient fiers de parler des richesses de leur région... Hormis quand nous leur avons parlé de notre visite à Matera !

Malgré la réhabilitation du site et son classement par l'Unesco, rien n'y fait, ce lieu n'est pas fréquentable pour eux, et il est même honteux. Tant de misère, d'insalubrité et de maladies laissent un souvenir tenace, d'autant plus dans une région où les gens sont très pieux et où ces maux étaient souvent pris comme l’œuvre du malin.

Aucune image de nous concernant Matera, la lumière n'était pas au rendez-vous, ce qui a tout "aplati" sur nos clichés ! Nous ne prétendons pas être des pros de la photo, loin de là ! Toutes viennent de Wikipedia

Les Sassi

Les habitations troglodytiques sont creusées dans le tuf à flan de colline, et des constructions sont ajoutées petit à petit avec les matériaux présents sur place : c'est pour cela qu'on a du mal à distinguer ce qui a été ajouté ou non, ce qui donne un ensemble singulier !

Tout a commencé au néolithique, quand des populations ont creusé le tuf afin de s'implanter sur place. Ces "grottes" ont ensuite été utilisées par des moines, ce qui explique le nombre très important de chapelles rupestres (rupestres car elles sont décorées de fresques).

Au Moyen-âge, les Lombards construisent un château fortifié au sommet de la colline, et c'est à partir de ce moment-là que certains seront forcés de s'installer dans les grottes et à flanc de collines car il n'y avait pas assez de place dans la ville haute. Plus la classe dirigeante construira de monuments et de palais, plus ce phénomène s'intensifiera, sans compter la démographie qui augmente toujours plus. Cette situation perdurera jusqu'aux années 1950.

Aujourd'hui on retient le côté fascinant de ces constructions, et depuis le classement par l'Unesco de nombreuses action sont menées pour la sauvegarde et la promotion des Sassi.

La partie "Sasso Caveoso"
La partie "Sasso Barisano"
L'église San Pietro Caveoso

Le chemin du retour, plus long que prévu...!

Comme nous avions du temps pour rentrer à Foggia, pas question de reprendre le même chemin qu'à l'aller, d'autant plus que que quand on peut se passer de l'autoroute on ne se gêne pas !

La carte nous indique une probable jolie grande route à travers la Basilicate, le GPS est raccord, allons-y !

Sauf que... Dans cette région, niveau routes, il ne faut croire que ce qu'on voit !! Arrivés à l'endroit où nous devons la trouver : rien ! Incompréhension !

Au lieu de faire demi-tour, nous suivons alors un autre itinéraire proposé par le GPS... Mais qu'est-ce qui nous a pris ?? 1h30 perdus dans les montagnes, par endroit pas de goudron, voire même des éboulements sur la piste route, on est malins avec notre berline assez basse et plus toute jeune... Des trous de cartouches dans des panneaux de signalisation vieux comme Érode, des dizaines de fermes abandonnées, des carrefours sans signalisation, pas de réseau téléphonique et surtout... pas moyen de faire demi-tour : les ravins succèdent aux accotements impraticables ! Ce fût long !

Dommage que nous étions si stressés parce que nous étions cernés de paysages grandioses... A apprécier uniquement quand on fait exprès d'être là ! (Inutile de préciser qu'on ne s'est pas arrêtés prendre des photos !) Après bien des frayeurs, nous rejoignons la fameuse route que nous cherchions à la sortie de Matera... Nous n'aurons l'explication que le soir auprès de nos hôtes : la construction de la route a simplement été commencée à la fois au nord et au sud, et au gré des financements les tronçons se rejoignent petit à petit... Dommage qu'on en ai eu besoin en plein milieu !!

Nos hôtes n'ont pas trop compris pourquoi nous n'avions pas pris l'autoroute pour rentrer... Pour eux c'est automatique, ils n'avaient donc pas jugé bon de nous mettre en garde contre ce genre de désagrément ! On leur a expliqué qu'on voulait voir un peu plus de pays et se promener tranquillement, mais pour eux l'efficacité prime sur la promenade, quitte à faire un long détour... D'où le recours quasi systématique à l'autoroute.

Notre ami nous a d'ailleurs raconté qu'un jour il a voulu tenter une petite route dans le Gargano et qu'il s'est perdu lui aussi, alors qu'il est "du cru" ! Nous devions y aller le lendemain, nous avons gentiment et sans regrets pris l'autoroute !

Beau mais inattendu ! (Source : www. italy-villas.fr)
(Source : www.made-in-italy.com)
(Source : www.routard.com)
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