Après les petits plats et collations de Turkish Airlines, les heures d'insomnie et de visionnage de films, l'avion se pose à l'aéroport de Narita. On est fatigués mais impatients. La première étape c'est bien sûr l'immigration. On remplit quelques papiers et l'on nous fait passer devant un agent qui ne parle pas anglais, mais on en aura même pas besoin : tout est en règle, roulez jeunesse.
L'aéroport de Narita n'est pas à Tokyo et il est nécessaire de faire un petit voyage en train pour arriver en ville. On prend nos billets, déjà avec quelques incompréhensions, et on va sur le quai. Le train est déjà là, des employés sont entrain de le nettoyer à la vitesse de l'éclair. C'est mon premier contact avec le « perfectionnisme japonais ». Bien entendu, le train démarre à l'heure prévue, et je peux enfin retrouver troisquarts d'heure de sommeil qui m'ont manqué cruellement depuis mon départ.
Depuis les airs, on pouvait voir des montagnes enneigées assez différentes des Alpes (elles sont un peu « rondes »), puis des champs jaunis par l'hiver presque partout où il était possible de cultiver. Au niveau du sol les constructions reprennent le dessus: d'abord des maisons assez « typiques », puis de plus en plus d'immeubles. Quand je me réveille, on est à Tokyo et c'est une forêt de béton. Le train s'arrête en gare mais le voyage ne s'arrête que pour lui : on a réservé une chambre dans une guest house à Koenji, dans l'Ouest de Tokyo, et on repart en metro (enfin disons un RER puisqu'il est « hors sol »). Pour les curieux, on a pris la Chuo line.
Le sommeil me gagne à nouveau par intermittences, j'entends du japonais et ça devient une phrase en français chelou dans ma somnolance. Bref, je sais pu où j'habite et je suis bien claqué. Isis qui a pu dormir dans l'avion semble tenir le coup, heureusement car j'allais jusqu'au terminus sinon. On descend ENFIN du train pour la dernière fois de la journée. Il doit être 15h30, soit 7h30 en France, et Isis appelle notre hôte pour qu'il vienne nous chercher et nous guider vers la guest house (les adresses japonaises sont incompréhensibles, seules les indications valent le coup et mieux encore un guide). Toshisan arrive et nous parle dans un anglais très apprécié.
Le quartier est un peu spécial, comme nous l'explique Toshisan (ouais je vais mettre san à chaque fois que je parle d'un japonais pour faire typique). C'est un ancien quartier résidentiel qui a échappé à l'urbanisme moderne : les bâtiments y sont vieux, les équipements aussi, ce qui en fait un quartier sensible aux incendies. Néanmoins, les constructions petites et anciennes donnent un charme aux rues de Koenji. Elles sont étroites, presque piétonnes, et donnent un sentiment d'authenticité au quartier contrairement aux grands buildings que l'on retrouve aujourd'hui dans toutes les grandes villes. C'est aussi un endroit très fréquenté par les jeunes et les musiciens, comme on en fera l'expérience plus tard : des gens jouent dehors (ou en tout cas jamais très loin de la fenêtre de ma chambre!) jusqu'à 3h du mat. L'heure où les bars commencent à fermer...
Par chance, notre guest house est juste à côté de la station de métro (de la gare quoi). Lintérieur est super étroit, ça choque un peu au début mais on s'habitue vite parce que c'est comme ça partout. Toshi-san nous présente un peu les règles de la maison, comme enlever ses chaussures à un endroit prévu à cet effet (Genkan), ne pas laisser la clim allumée (les habitations japonaises ont l'air très mal isolées, peut être par rapport aux risques de séismes?) parce que ça consomme et que ça peut cramer, ou encore trier nos déchets selon 5 ou 6 catégories (mais la plupart finiront dans la poubelle « générale » car le tri est très sélectif.
On récupère notre chambre puis nous décidons de faire une petite sieste d'une heure ou deux. Il est 16h30 environ quand on se couche. Et 21h quand on se réveille ! Bien joué ! Cette première journée va donc être intense. Bon, il fallait au moins ça pour redémarrer un petit peu mon cerveau. Mais assez perdu de temps, on repart arpenter les rues de Koenji.
Les bars et les restaurants sont partout. Souvent il n'y a d'ailleurs pas vraiment de distinction entre les deux. On fait un petit tour puis on se décide pour un établissement. C'est au premier étage, c'est petit (normal) : 3-4 places au comptoir puis peut être 8 places sur des tables. La lumière n'est pas très forte et deux clients sont déjà sur place. Une famicom (console de jeu dont la version française est la nintendo) trône devant une télé, accompagnée d'un meuble garni de vieux jeux qui nous sont totalement inconnus. Du reggae passe en musique, et on prend deux bières (la taille standard est ici 350 ml je crois, mais comme rien n'est marqué sur les verres je ne suis pas certain). Je découvre avec stupeur que l'on peut fumer dans les bars et restaurants, et mes ambitions darrêter le tabac s'envolent en un coup de briquet.
Après la soif vient la faim, (vegan alert je vous le dit tout de suite) et on se pose dans un restaurant disons assez grand par rapport au quartier. On teste un petit peu la carte : morceaux de viande de cheval crues accompagnées d'oignon frais et d'oignons frits, délicieux et dont j'ai oublié le nom. Okonomiyaki (sorte d'omlette que l'on peut garnir de différentes manières) et des Sobas (nouilles au sarasin), avec en petit dessert une espèce de glace au cheesecake très bonne aussi. Le tout pour pas trop cher en plus (3000 yens tout au plus, soit environ 20 euros à l'heure où je vous parle). On voulait également se faire un saké chaud, pour marquer le coup. Isis, qui si vous ne le savez pas parle un peu japonais, se charge d'en informer la serveuse qui après un long dialogue de sourd nous ramène une tasse de thé. On aura quand même le droit à une petite gelée au citron en cadeau, dans une assiette décorée par la serveuse dont vous pouvez voir la photo.
Peu de temps après nous étions de retour dans notre chambre, fin prêt à dormir. Programme chargé demain !