1er road trip en moto : à la découverte du plateau des Bolovens

> Introduction

Après un passage furtif en Thaïlande par la ville frontière de Ubon Ratchathani, nous allons enfin atteindre le Laos. 

Le choix du passage de la frontière terrestre était purement financier car les vols directs pour Paksé au Laos depuis Bali étaient trop chers pour nous. En revanche Air Asia propose des Denpasar/Bangkok et des Bangkok/Ubon Ratchathani pour des sommes dérisoires. C'est comme ça que nous avons passé 48h dans cette ville thaïlandaise qui ne présente pas de charme particulier et ressemble un peu à une ville fantôme avec ses rues désertes et le vent qui les traversent en permanence. Le quartier où nous avons résidé était surtout composé de commerces de grossistes en tout genre ... Il y avait aussi une pagode assez jolie proche d'un petit marché vraiment vivant la nuit. Je ne vous raconte pas la mission pour trouver quelque chose à manger le soir la bas ! 

Le lendemain c'est le passage au Laos par la frontière terrestre en bus. Rapide et efficace, nous n'avons rencontré aucun problème de corruption comme on le redoutait. Nous découvrons les jolis paysages Laotiens du sud. C'est extrêmement rural, avec des champs à perte de vue et des maisons paysannes. Avec ses 6 millions d'habitants, le Laos affiche une densité de population de 27 habitants/km2, une des plus faibles d'Asie du sud est, et cela se voit.

Nous arrivons donc à Pakse, une ville sans intérêt particulier mais qui est notre point de départ pour une boucle de trois jours que nous allons réaliser en scooter. Première mauvaise surprise que nous réserve le Laos : les stations de bus se trouvent à plusieurs km des centres ville et il faut donc prendre un tuk tuk pour compléter. Evidemment ça se négocie souvent à prix d'or.

À Pakse, une agence spécialisée dans la location de scooter propose un briefing tous les soirs qui va nous mettre l'eau à la bouche. On a hâte d'enfourcher notre scooter et d'avaler les bornes !

Cette boucle, sans doute une des plus connues au Laos, est la boule du plateau des Bolovens et s'effectue en 2, 3 ou 4 jours en fonction de l'itinéraire choisi. Il y a une petite et une grande boucle, évidemment on choisit la plus grande.

Au programme, cascades en nombre, visite d'un village reculé et petites guesthouses typiques pour bien s'imprégner du rythme Laotien.

> Jour 1

C'est le moment de se mettre en route. Un gros sac à dos sur les épaules de Pauline et un petit dans le panier avant du scooter. Je ne vous parlerai pas des caractéristiques techniques de notre engin motorisé, le premier veau que j'ai eu l'occasion de chevaucher :)

Équipés de nos masques anti poussières on se met en route vers le Nord, pour allez découvrir la beauté des premières cascades.

La première cascade Tad Phasouam est atteinte assez rapidement, la route était en bon état. Cette cascade est jolie, mais assez petite. On note un jolie point de vue depuis un pont fait de bambou et roseau. Attention à cet endroit un village "typique" est accessible depuis cette cascade. Il est monté de toute pièce pour les touristes, ne perdez pas votre temps avec ça !

Nous reprenons la route et choisissons de dormir Tad Lo, où nous trouvons une Guesthouse en bord de rivière, avec une vue sur la cascade nord du village.

La vie au bord de cette rivière est assez présente puisque les habitants viennent se laver et des enfants jouent avec des bouées dans le courant.

On se délecte de cette superbe vue.

L'après midi nous visitons la partie de la rivière en amont et la cascade sud puis celle du nom de Tad Suong. Admirez la vue depuis le haut de la cascade. La chute est vertigineuse et le point de vue superbe. Le  faible débit quand nous y sommes allés, la rend calme et apaisante. On profite.

Le soir venant nous apprenons qu'à Tad Lo, une Guesthouse voisine possède des éléphants et qu'il est possible de les voir se baigner avant le coucher de soleil.

Nous allons profiter de ce spectacle le soir venu. On s'est régalé des histoires du propriétaire et du show offert par les pachydermes mais on reste toujours un peu réticents aux balades sur le dos des éléphants, compte tenu des méthodes de dressage généralement pratiquées pour les rendre dociles face à l'homme.

> Jour 2

Après une bonne nuit de sommeil, réveillés par les rayons de soleil vers 6 heure nous profitons des moments de vie en bord de rivière pour déjeuner puis nous nous mettons en route pour notre deuxième journée de scooter.

La visite du village de Mr Hook nous attend. Il s'agit d'un petit village local qu'un guide qui en est originaire (Mr Hook) nous fait visiter. Le moins qu'on puisse dire c'est que les moeurs diffèrent pas mal de ceux auxquels on est habitué. Les enfants fument la pipe à partir de 4 ans, les mariages se font à des âges prépubères, les hommes ont plusieurs femmes et peuvent en changer si elle ne leurs conviennent pas ... (Par exemple il nous a raconté l'histoire d'un homme qui a épousé une femme inféconde, et qui a eu de ce fait le droit d'épouser sa soeur cadette...)

Mr Hook notre interlocuteur nous raconte avec un très bon anglais l'histoire de sa communauté. Il a étudié en Angleterre plus jeune.

Il nous fait découvrir les plantations de café, cacao et les plantes médicinales. C'est intéressant et il nous fait par exemple goûter des fourmis dont l'acide formique donne un goût citronné. Pas mauvais une fois passée l'appréhension :)

Il nous raconte aussi les drôles de rites liés à l'accouchement. Les femmes ne peuvent pas accoucher dans le village mais doivent aller dans la forêt et ne revenir que lorsque le bébé est né. Au retour dans le village, la femme doit passer un mur de flamme avec son bébé pour vérifier que le bébé est "bon". Le nourrisson obtient un nom lors d'une rencontre avec le chaman. Mais si la veille de l'entretien, le rêve de la mère n'est pas positif il faut attendre une année supplémentaire. Ainsi, certains enfants se retrouvent à l'âge de 8 ans sans avoir de prénoms.

Les morts sont enterrés dans 3 cimetières différents : un pour les personnes mortes de causes naturelles, un pour les accidents, et le 3ème pour les femmes mortes en couche. Les personnes doivent être enterrées avec de nombreuses offrandes, et la famille doit effectuer des sacrifices d'animaux. Si les finances ne le permettent pas au moment du décès, pas de soucis, on peut garder le corps près de sa maison dans son cercueil quelques mois jusqu'à ce que l'on soit prêt :)

Nous finissons la visite sous les projections de fumées du "bang" de Mr Hook. Il est 9h du matin et heureusement il est encore lucide ...

Une visite de cascade l'après midi après une portion de piste bien amusante clôturera l'après midi. La cascade de Tad Faek c'est une chute d'eau de faible hauteur s'étendant sur une grosse cinquantaines de mètres.

Seulement il n'est pas question de s'y baigner. Elle est célèbre pour ses poissons mangeurs de peau. En effet, une touriste s'est faite dévorer un bout de fesse sur le site il y a quelque temps. On ne batifolera donc pas dans les eaux agréables de cette cascade.

Notre scooter Honda nous amène maintenant à notre point de chute pour la nuit. Le Platinum, avec un bon niveau de confort pour l'endroit.

Notre repas du soir se fera sous les cris et les tintements des bouteilles de bière puisque des ouvriers fêtent comme il se doit la fin de leur journée de travail à la table d'à coté. Rapidement ils sont tous complètement saouls et on les observe en rigolant  :-) !!!

> Jour 3

Dernier jour sur cette boucle et c'est encore les cascades qui vont nous occuper aujourd'hui. Pas moins de 6 pour cette dernière journée.

On quitte notre guesthouse et une petite portion de bitume suivie d'une longue piste s'offre à nous. J'adore le pilotage sur petite piste, il faut éviter scrupuleusement les ornières sous peine de voir décoller Pauline lors de leur passage.

On croise des locaux sur leurs motoculteurs transformés en engin de livraison lorsque ce n'est pas la saison de la récolte ou du labour. Imaginez un motoculteur associé à une charrette, rajoutez le bruit de moteur qui crache ses tripes en montée et vous aurez une bonne idée de la scène .

On se lance dans une petite rando d'une demi journée dans la forêt pour aller à la rencontre des cascades de Tayicseua. La première se voit depuis le point de départ et semble assez impressionante.

Les indications sont erronées et on s'embarque sur le mauvais chemin. On ne le comprendra qu'une fois arrivés tout en bas à la rivière. Il faut tout remonter au travers des broussailles pour reprendre le bon chemin. En plus de la végétation très présente sur les sentiers, la forêt est infestée de moustiques, heureusement qu'on est bien équipé à ce niveau ! On saute partout jusqu'à être complètement tartinés d'anti-moustique tant la moindre parcelle non protégée est prise d'assaut par des nuées de ces parasites.

Le chien de la guesthouse située au départ de la rando nous accompagne tout au long de la balade. D'abord baptisé Stan, il sera ensuite renommé "Mange-Caca" au vue d'observations sur le terrain :) C'est un fidèle compagnon bien qu'un poil crado.

La deuxième cascade, c'est du lourd. On entend son grondement à plusieurs centaines de mètres et à moins de 50m elle diffuse de l'humidité en continu, transformant en boue toute la terre environnante. Et comme on nous l'avait indiqué, un joli arc en ciel est visible à son pied. On se croirait dans une pub Ushuaia :-)

La troisième cascade est au niveau le plus bas, elle est assez petite mais c'est une atmosphère paisible qui règne ici. Nous sommes seuls, les papillons volettent, bref on se pose pour une baignade et un petit moment de bronzage.

Quatre autres cascades sont accessibles en poursuivant la rando mais cela prendrait la journée entière et nous avons décidé de faire la boucle en 3 jours, donc on ne poursuit pas au delà des trois premières.

Une fois remontés tout en haut, notre scooter nous attend pour la suite des visites. C'est une sacrée journée marathon, il est encore midi, il nous reste trois cascades à explorer et il faut rentrer à Paksé avant la nuit.

La cascade suivante, Tad Yuang donne un sentiment d'immensité. Elle plonge dans un petit lac sous le regard des locaux qui viennent en masse se recueillir ici. C'est un site aménagé, contrairement aux précédentes cascades, doté de petits kiosques de bois pour admirer le spectacle. Des photographes sont là pour immortaliser ce moment et nombre de Lao repartent avec une photo souvenir. On se restaurera dans un des petits restaurant où le patron à la réputation d'être généreux sur les digestifs, attention, il faut pouvoir conduire le scooter en repartant. Heureusement nous y échapperons ! 

On continue toujours dans la série des cascades de grandes tailles avec Tad Fan qui s'admire de loin puisque le point de vue surplombe de bien loin ces cascades jumelles. Elles surgissent de la jungle et leurs eaux s'écrasent une bonne centaine de mètres plus bas. Ces cascades ne viennent pas d'une rivière qui se sépare en deux mais bien de deux rivières différentes qui se rassemblent en ce point.

Et en guise de bouquet final, ce sera  Tad Champee qui clôture notre panorama  de cascades du jour et de la boucle. Cette cascade est la plus fun de mon point de vue. On peux s'y baigner sans crainte (bien que l'eau soit très fraiche...). Mais on peux aussi se promener derrière la chute d'eau et atteindre cette zone avec un radeau. J'y suis allé à la nage et la vidéo ci jointe vous donnera une idée du lieu.

Après une bonne session rafraîchissante et vue l'heure tardive nous avons repris notre scooter pour la dernière ligne droite qui nous ramène à Paksé. Malheureusement nous avons été surpris par la nuit et avec ma vision de taupe en basse lumière, c'est devenu une vraie galère. Ébloui par les phares, le vent dans les yeux quand ce n'est pas les insectes attirés par les phares. Il faut esquiver les nids de poules, les chiens et véhicules non éclairés, tout ça avec un phare d'une utilité moyenne. Le retour s'est transformé en vrai challenge. Évoluant à 30km/h nous arriverons finalement à Pakse dans la soirée en nous promettant de faire plus attention les prochaines fois.

Nous sommes lessivés et nous enchainons avec le bus de nuit direction Thakek. Cela nous permet d'être sur place dès le lendemain et d'avoir une journée de repos avant d'enchainer sur une nouvelle boucle. C'est sans compter que la nuit ne va pas être de tout repos, la suite au prochain article :)