Au coeur du pays Khammouane : la boucle de Thakhek

> Arrivée à Thakhek

Depuis Paksé, la solution la plus rentable niveau temps pour rejoindre Thakhek nous a semblé être le bus de nuit, beaucoup plus rapide que le bus de jour. On réserve donc deux places, à un prix assez conséquent pour l'Asie (environ 16€/pers).

En voyant le bus arriver, cela s'annonce pas mal. Ce ne sont pas des sièges inclinables mais des vraies couchettes. On grimpe pour s'installer dans notre couchette 2 places et on a alors une drôle de surprise. En longueur, comme souvent, c'est trop petit. Mes pieds touchent le fond quand je suis allongée, alors autant dire que pour Guillaume c'est bien trop court et qu'il doit se plier en 3. Autre surprise : en largeur c'est trop petit aussi, on ne peut pas s'allonger à deux sur le dos avec les bras le long du corps, ça ne passe pas. Pas de place pour les sacs à dos, on est obligé de les mettre sous les jambes. Tant pis pour le confort, on va prendre notre mal en patience. 

On continue avec les mauvaises surprises : le bus roule à une vitesse délirante connaissant l'état des routes du Laos. On arrive à plus de 100km/h, c'est flippant. Maintenant on comprend mieux pourquoi le bus de nuit met presque 2 fois moins de temps que celui de jour. Finalement il aurait mieux valu rouler un peu moins vite car on arrive à Thakhek à 1h du matin... Pas le choix, on va prendre une nuit d'hotel. Encore une fois le bus nous dépose au milieu de nulle part et on se retrouve à négocier avec des tuktuks au milieu de la nuit qui tentent de tirer partie de la situation. Arrivés à l'auberge repérée, ils n'ont plus de chambres basiques disponibles, on est obligé de payer bien plus cher que prévu, et pas de négociations possibles pour la demi nuit, ça commence très très mal....

Finalement après une bonne nuit de sommeil, on attaque la préparation de notre road trip : réservation d'une monture, choix de l'itinéraire... L'auberge dispose d'un super logbook, où sont consignés les témoignages de voyageurs ayant réalisé la boucle avec de nombreux conseils à la clef, ce coup ci on est vraiment prêts.

Pour information, ce road trip n'était au départ pas prévu dans notre itinéraire, mais devant l'engouement sur les blogs de voyage on a finalement décidé de l'ajouter. Ca nous fait remonter jusqu'au centre du Laos quand on avait seulement prévu de faire le sud, mais il parait que les paysages en valent la peine...

> Jour 1

C'est le grand jour, on se lève tôt, on règle les papiers pour la location (en négociant le retrait de la clause nous tenant pour responsable de toutes les pannes du scooter, y compris mécaniques...) et c'est parti. La ville de Thakhek n'est pas folle et on est bien content d'en partir pour cette nouvelle aventure. A peine sortis de la ville on se retrouve au milieu des pics karstiques, et c'est déjà dément. Ces gros amas rocheux ne sont pas sans rappeler ceux qu'on peut trouver sur la baie d'Halong.

Le programme du jour comprend essentiellement des grottes. On en trouve au moins 5-6 sur l'étape, mais on a déja été avertis que certaines ne valaient pas le coup. 

On s'arrête à la première : la grotte de Xieng Liap. On est seul et on explore cette grotte d'une hauteur impressionnante. Au milieu coule une rivière, et on est vite limité dans notre progression, faute de chaussures aquatiques. 

On traverse la route pour aller sur une piste sablonneuse vers le lac Tha Falang (qui est en fait une rivière...). Pour une raison inconnue, au Laos chaque cours d'eau, lac ou encore étang est d'une couleur turquoise, et ce "lac" ne déroge pas à la règle. Il est encore un peu tôt et l'air est frais, on a donc pas très envie de se baigner. On trempe les pieds le temps d'une pause et on redécolle

Le prochain arrêt est à nouveau une grotte : la grotte de Tam Sa Pha In. Si elle parait quelconque au premier abord, elle nous réserve pourtant une bonne dose d'adrénaline...

Un petit temple a été installé, et quelques guirlandes de fanions sont accrochées aux parois. En descendant le long des rochers tout au fond de la grotte, là où la lumière commence à manquer, on arrive à une petite source. L'eau est limpide, un peu froide, et elle s'engouffre dans un tunnel obscur. En regardant au fond du tunnel, on peut apercevoir un puits de lumière, il semble y avoir une ouverture. On décide alors de partir à la nage voir ce qu'il en est. Ce qui veut dire traverser le tunnel dans l'eau noire et froide, c'est un peu flippant, mais on se lance. On progresse tranquillement dans le tunnel et on arrive finalement dans une grande salle baignée de lumière. Le spectacle est magnifique et on est sans doute peu à en avoir profité vu le chemin pour y accéder. 

On fait un dernier arrêt à la grotte Tam Nang Ene, qu'on rebaptisera grotte Disneyland à cause des spots multicolores installés un peu partout qui rendent l'endroit on ne peut plus kitch...

On reprend la route pour un bon bout de chemin. Le paysage est toujours magnifique mais les conditions plus difficiles... Le vent s'est levé et on se prend des rafales énormes.. Guillaume est obligé de s'arrêter plusieurs fois pour nettoyer ses lentilles à cause de la poussière. Le vent s'engouffre dans les casques et fait un vacarme assourdissant. D'ailleurs la lanière de mon casque ne ferme pas bien, et à un moment il s'envole carrément de ma tête et atterrit sur la route derrière nous, heureusement personne ne nous suivait à ce moment là... 

On croise un grand nombre de super camions à l'américaine qui roulent à fond les ballons sur cette grande ligne droite. Et ici, comme souvent en Asie, c'est la loi du plus gros sur la route, et avec notre petit scooter c'est à nous de nous pousser quand ils se croisent ou se doublent, quitte à se ranger sur le bas coté en catastrophe quand ils arrivent à fond. Entre les camions, les nuages de poussière qu'ils génèrent et les grosses rafales de vent, on est un peu tendu.

L'après midi on décide de s'engager sur une piste qui nous permet d'éviter la route sur une trentaine de kilomètres. Au départ cela commence très bien, le paysage est merveilleux. On est au milieu d'une vallée de rizières entourée de pics karstiques et la piste est en très bon état. On traverse un petit village où on achète de l'essence (les stations étant très rares, on peut trouver de l'essence en bouteille un peu partout sur le bord des routes). On continue notre chemin et là ça se gate : la piste est complètement défoncée, on roule à moins de 10 km/h. Il est déja une certaine heure, et on ne veut plus se faire attraper par la nuit comme lors de notre dernier jour au plateau des Bolovens, on renonce donc à emprunter la piste. On repart au village d'avant appelé Ban Thathot où on fait une petite pause. Le paysage autour est très beau : il y a un petit lac bleu turquoise et de nombreuses rizières. On rencontre une dame en train de tisser sur un métier à tisser qui accepte en rigolant qu'on la prenne en photo. Les villageois sont surpris de nous voir ici mais nous lancent des sourires de loin.

On continue notre route, en faisant encore un petit passage sur une jolie piste bien rouge comme on les aime. Pour finir notre journée à Thalang comme prévu, on monte un petit col qui surplombe un paysage somptueux. On passe à coté d'un gros barrage et on arrive finalement au dernier site de la journée. Il s'agit de la forêt inondée, qui l'est du fait de ce fameux barrage électrique. C'est assez impressionnant à voir car les arbres morts émergent de l'eau sur des dizaines de kilomètres, créant une atmosphère spéciale, entre le mystérieux et le glauque. Au coucher de soleil en tout cas le rendu est magnifique....

On arrive finalement à la Sabaidee guesthouse, où on a prévu de passer la nuit. On a un petit bungalow mais on passe la soirée dehors, à coté du feu de camp. Ici, petite surprise pour Guillaume que je m'empresse d'aller lui commander : du pastis ! Le gérant ayant travaillé sur le barrage EDF avec des français il y a quelques années, il garde quelques souvenirs (et parle très bien français !). Drôle de surprise le lendemain en découvrant que le pastis nous a couté le même prix que la chambre ^_^ (à savoir 50 000 kip, soit environ 5,80€). Cette auberge est un arrêt incontournable pour faire la boucle de Thakhek, et on se retrouve entre voyageurs autour d'un feu de camp (car oui, depuis qu'on est au Laos, il fait bien frais, surtout le soir !) en mangeant un barbecue. L'ambiance est très bonne, on discute avec les autres voyageurs qui sont pour la plupart en train de faire des voyages au long cours, comme nous. On rencontre un français qui est venu de France sans prendre un seul avion, et majoritairement en stop et couchsurfing ! Sacrée aventure, on se régale de l'entendre raconter son voyage. Comment vous dire que ce soir là il y a un peu de magie dans l'air, entre le feu de camp et l'ambiance, au milieu de la forêt engloutie, on savoure notre soirée au fin fond du Laos.

> Jour 2

L'ambiance au réveil malheureusement est toute autre... On prend le petit déjeuner avec les autres voyageurs et on nous dit alors que 2 personnes qui faisaient la même boucle que nous se sont tuées en scooter la veille... En apprenant où l'accident a eu lieu, on se souvient alors y être passé juste après le drame. On s'est bien douté que quelque chose était arrivé car il y avait un grand nombre de policiers, passants, ambulances et un camion arrêtés sur le bas coté. On a même entendu toutes les sirènes passer à coté de nous quand on était dans la grotte de Xieng Liap. Le scooter a percuté de face un camion. Quand on repense aux conditions difficiles de la veille sur cette portion de route, on comprend ce qui a pu se passer. En tout cas cette nouvelle est un choc pour toutes les personnes à l'auberge. Ces voyageurs réalisaient la même boucle que nous, on les a peut être croisés d'ailleurs. Tout comme nous ils ont sans doute une famille et des amis qui attendent leur retour. On a du mal à ne pas faire de parallèle. Cette histoire va nous trotter un moment dans la tête. On repart sur la route en se promettant d'être le plus prudent possible...

On attaque cette journée en finissant de traverser la forêt inondée. De jour le charme est quand même bien moins présent. Au détour d'un virage on atterrit au milieu d'un troupeau de buffles, on en mène pas large ! Encore une raison pour laquelle il faut être bien vigilant sur les routes en Asie, on est jamais au bout de nos surprises. 

On fait une petite pause à Lak Sao pour voir le temple boudhiste, très joli.

On s'arrête ensuite au marché pour acheter de quoi pique niquer. La nourriture au Laos est plutôt chère pour un pays d'Asie (on a du mal à s'en sortir pour moins de 3-4€/personne), on galère souvent dans les restos car les menus sont en Lao (alphabet différent, on ne comprend rien), et le personnel est souvent assez indifférent et ne nous aide pas vraiment à comprendre. C'est pourquoi on a décidé de plutôt pique niquer le midi. On achète des fruits, des légumes, des chips et du pain et on se trouve des coins sympas pour manger. On s'arrête donc le long de la route à Lak Sao pour acheter de quoi grignoter. Je m'approche des stands de légumes pour acheter des tomates, mais la famille est à l'arrière, dans le salon de leur maison en train de manger. Je lance un "Sabaidee" (bonjour en Lao) et la dame me fait des grands signes pour me dire de les rejoindre. Pensant qu'elle veut que je lui règle les tomates à l'intérieur je m'approche, et elle me sort alors une chaise et un couvert pour m'inviter à les rejoindre à table. C'est une bonne surprise et c'est la première fois que cela nous arrive ! Comme Guillaume m'attend toujours dehors sur le scooter je pars le chercher et revient avec lui. Ce n'est pas vraiment l'heure de manger puisqu'il est 10h mais nous sommes contents de pouvoir partager ce moment avec une famille Lao, donc nous nous installons avec eux et picorons un peu de poisson et de riz qu'ils nous servent. La discussion est limitée car ils ne parlent pas du tout anglais mais nous échangeons beaucoup de sourire et notre présence a l'air de beaucoup les amuser. Avant de partir, la maitresse de maison veut absolument une photo avec Guillaume (dont la popularité ne faiblit pas au fur et à mesure du voyage). Elle se place à ses cotés au départ, puis va finalement se coller à lui juste avant que la photo ne se déclenche, Guillaume est un peu surpris et on rigole tous. On quitte finalement Lak Sao après avoir acheté nos tomates et on prend la route des cool springs.

On est pas bien surs de la route pour rejoindre les cool springs, on s'embarque sur des mini pistes de moins d'un mètre de largeur, on passe même au travers d'un champ, mais on finit par arriver sur le site.

Il s'agit d'un petit étang à l'eau turquoise et claire, c'est magnifique. On pique nique et on va pour se baigner, mais là drôle de surprise... ça ne s'appelle pas cool spring pour rien ! L'eau est glacée... Guillaume se motive quand même pour aller faire une bombe pendant que je trempe les pieds. Ca ne gâche rien du paysage.

On repart ensuite vers Konglor, où nous visiterons la grotte du même nom le lendemain matin. On profite du coucher de soleil sur de beaux paysages en traversant la vallée pour y accéder.

> Jour 3

Aujourd'hui nous attaquons la journée avec la visite de la grotte de Konglor. En fait cette grotte est plutôt un tunnel, puisqu'elle comporte une sortie au bout de 7km. On la traverse en barque, et pour cela on s'équipe chacun de grosses lampes frontales et on embarque avec un batelier. Très rapidement, on se retrouve dans le noir complet, et c'est vraiment impressionnant. On progresse dans les entrailles de la montagne à la lueur des lampes. Le batelier scanne la surface continuellement pour distinguer les passages avec assez de fond. On traverse des immenses salles où le plafond trône à plusieurs centaines de mètres parfois, on se sent très petit. Une partie se fait à pied et permet d'admirer de belles formations rocheuses sur lesquelles des spots ont été installés. 

Par endroit, il y a trop peu d'eau et on est obligé de descendre de la barque pour passer à pied. On ressort à l'autre bout de la grotte, et on arrive à un petit village bien isolé de la civilisation. Les paysages aux alentours de la grotte, d'un coté comme de l'autre, sont vraiment très beaux. On repart à l'autre bout de la grotte et on finit par une pause baignade dans la rivière bleue turquoise (encore !) à l'entrée de la grotte.

On ressort ensuite de la vallée pour repartir en arrière car la veille nous avons manqué une attraction locale. On s'arrête finalement sur le pont de Thabak pour y voir d'étranges bateaux : les bomb boats. Le Laos détenant le bien triste record du pays le plus bombardé, les habitants de la région ont fabriqué des embarcations à partir des restes d'obus américains !

On finit la journée en regardant le coucher de soleil depuis le merveilleux point de vue Limestone Peaks Lookout sur les pics karstiques recommandé par notre guesthouse 

> Jour 4

La boucle touche à sa fin. Aujourd'hui on a majoritairement de la route à faire, et pas de la route glamour puisqu'on prévoit le plus gros du trajet sur une grosse route nationale réputée pour être moche et assez dangereuse. La seule pause de prévue est le blue lagoon, un lac de couleur turquoise (encore et toujours....). On se fait un bon bout de piste pour y parvenir et on est intégralement recouvert d'une poussière rouge.

Arrivés sur place, force est de constater que la légende concernant la couleur de l'eau n'est pas exagérée ! C'est vraiment surprenant... On a prévu de se baigner mais les abords du lacs sont vraiment vaseux et on est finalement pas super motivés pour mettre les pieds dedans... On finit la boucle jusqu'à Thakhek puis on repart finalement faire trempette au lac de Tha Falang, qu'on a découvert le 1er jour de la boucle

> Le mot de la fin

En conclusion, on a adoré cette boucle ! Les paysages traversés sont magnifiques et les sites du même niveau. Mention spéciale pour la grotte de Tam Sa Pha In, la forêt inondée, le petit village de Ban Thathot et les cool spring.

Super souvenir également de la soirée passée à la Sabaidee guesthouse ainsi que du repas partagé dans une famille Lao.

Petit bonus de fin, voici l'itinéraire global dessiné sur google maps (même si en vrai on a fait bien plus de km que ça à cause des détours et autres retours en arrière !