Français
Nous arrivons finalement à Nukus le 23 octobre vers 17h. Nous commençons par acheter nos billets de train pour le Kazakhstan. On nous dit qu'il n'y a qu'un seul train par jour qui part à 5h30 du matin ! Et il arrive à 21h à Beyneu, de l’autre côté de la frontière. Nous venons juste de passer 20 heures dans un train donc nous n'avons pas envie de reprendre encore un train demain matin. Nous décidons ainsi de faire une journée de repos à Nukus et d’acheter nos billets pour le surlendemain. Au guichet de la gare, nous rencontrons Roma, un Ouzbek qui parle très bien anglais. Il nous propose d'aller visiter un musée ensemble le lendemain, ce que nous acceptons avec plaisir, car nous sommes contents de rencontrer un local.
Nous cherchons ensuite un hôtel, mais il n’y a pas beaucoup de choix. Celui que nous trouvons est peut-être l’un des pires du voyage. Il n'y a pas d'eau chaude, pas de wifi et nous devons traverser la cour dans le froid pour pouvoir prendre une douche chaude située dans un vieux hammam peu hygiénique. Heureusement ce n'est pas cher : en fait c'est la première (et seule) fois que nous voyons un hôtel qui applique le taux officiel entre le Sum ouzbek et le Dollar (ce qui nous fait environ 50 % de réduction).
English
We arrive at Nukus around 5 pm on 23rd October. First thing to do is to buy our train ticket to go to Kazakhstan. We go to the ticket office, where we are told that there is only one train per day, leaving at 5:30 am! And it arrives at 9 pm in Beyneu, on the other side of the border. As we just spent 20 hours in a train, we don't have the motivation to do it again tomorrow. So we buy our tickets for the day after and we decide to have a resting day in Nukus. At the ticket office, we met Roma, an Uzbek young man speaking well English. He proposes us to come with us to the main museum of Nukus tomorrow; happy to meet a local, we decide to see him again at 3 pm in front of the museum.
Then we go to find a hotel, there are not a lot of choices here. The one we find is a little bit weird, there is no hot water in the rooms (and of course no wifi). So to have a shower we need to go to the other side of the courtyard where there is a sauna with a shower. Not speaking that the hotel is really old, as you can see on the picture. Luckily it's cheap: in fact it's the first (and only) time we see a hotel using the official rate between sum and dollar (which means around 50% discount for us!).
Français
Nukus est la capitale du Karakalpakistan qui se trouve à l'Ouest de l’Ouzbékistan, à la frontière avec le Kazakhstan. En théorie cette région est souveraine avec son propre parlement, sa constitution et son drapeau, mais en réalité elle fait partie de l’Ouzbékistan et les gens ne sont pas autonomes. Cependant les habitants ont leur propre culture et leur propre langue, même si celles-ci disparaissent. D’ailleurs à l’époque de l'URSS, le Karakalpakistan voulait être indépendant mais le Kazakhstan voulait rattacher ce territoire au sien (car la culture et la langue sont similaires avec les leurs). L'histoire dit que pour prouver la réelle différence entre le Karakalpakistan et le Kazakhstan, le représentant karakalpak aurait dit aux représentants des pays voisins : « Je vais chanter une chanson traditionnelle, si quelqu'un peut la comprendre alors j'accepte d'être rattaché à votre pays. Si non, nous devrions être indépendants». Finalement personne ne comprit la chanson ! En revanche, le Karakalpakistan fut tout de même rattaché à l’Ouzbékistan (et non pas au Kazakhstan).
English
Nukus is the capital city of Karakalpakistan, this is the western area of Uzbekistan, at the border with Kazakhstan. In theory, this area is a sovereign region, with its own Parliament, constitution and flag. In fact, this territory is included in Uzbekistan and people don't have a real autonomy. However people here have their own culture and language, even if it is disappearing. At the time of USSR, Karakalpakistan wanted to be independent. But Kazakh government, which hopes to include it in its territory, considered it was not really necessary, as the culture and language of Karakalpak people are closed to the Kazakh ones. The history says that to prove the real difference between Karakalpak and Kazakh people, the Karakalpak representative said to Kazakh and other representatives : “I am going to sing a traditional song, if one of you can understand it, then I agree to be part of any country you choose. If not, then we should be independent”. Finally nobody could understand the song, but still Karakalpakistan became part of Uzbekistan.
Français
A 15h nous retrouvons Roma au musée. Nous faisons la visite avec un guide qui nous raconte l'histoire du Karakalpakistan de la préhistoire à nos jours. On a pu voir des bijoux traditionnels Karakalpak, Ouzbek et Kazakhs, ainsi que des vêtements et une yourte. Pendant longtemps, la religion locale fut un mixte entre le Zoroastrisme, qui s’est développé en premier, et l’Islam, qui s’est diffusé plus tard. Le Zoroastrisme apparut en Perse (l’ancien Iran) dans la première moitié du 1er millénaire avant J.C et se répandit en Afghanistan et en Asie Centrale. Ce fut une religion majeure en Ouzbékistan avant l’apparition de l’Islam, et il en reste encore des traces dans la culture ouzbèke et karakalpak.
De plus, ce musée est unique car il contient une collection exceptionnelle de peintures réunies par Igor Savitsky. Il sauva beaucoup de peintures datant du début de l'URSS, faites lorsqu’il n'y avait pas encore de censure dans l'art. A cette époque, les artistes étaient libres dans leurs créations, mais plus tard sous le gouvernement soviétique de Staline la plupart de ces œuvres ont été interdites, car elles n'étaient plus en adéquation avec la vision totalitaire de l’état. Malgré le risque d’être considéré comme un traître, Savitsky rechercha, acheta et ramena en Ouzbékistan ces peintures d’avant-garde pour les cacher.
English
At 3 pm, we meet Roma in front of the museum. And we start the visit with a guide, it was really interesting as it starts to the prehistory until nowadays. We can see traditional jewelries from Karakalpakistan, Uzbekistan and Kazakhstan, as well as traditional clothes and a yurt. Beliefs in the area were for a long time a mix of Zoroastrianism, first developed in the region, and of Islam, latter spread. Zoroastrianism was developed in Persia (ancient Iran) in the 1st millennium B.C and it spread in Afghanistan and in Central Asia. It was a main religion in Uzbekistan before the development of Islam, and some pieces of the Uzbek and Karakalpak culture is from Zoroastrianism.
This museum is also unique because it contains an exceptional collection of paintings gathered by Igor Savitsky. This painter saved many paintings done in the beginning of the USSR period, when censure didn't decide about arts. At that time, artists were free to create their own works, but later, under Staline regime, the Soviet government wanted to destroy these early communist paintings, which didn't fit anymore with the new vision of the totalitarian state. Despite the risk to be considered as a traitor, Savitsky look for, bought and brought back these Russian avant-garde paintings in Uzbekistan to hide them.
Français
Nous quittons le musée à 17h pour ensuite faire une pause goûter avec Roma. Ce ne sont pas des gâteaux Ouzbek mais c'est très bon. Roma était traducteur dans une compagnie de pétrole et de gaz mais il a été licencié à cause d'une baisse d'effectif dans son entreprise, suite à la chute des prix du pétrole. Il cherche actuellement du travail. Nous sommes surpris d'apprendre qu'il vit à Tachkent illégalement car la loi contrôle les mouvements de la population et il n'est pas possible de vivre à la capitale pour les personnes qui n'y sont pas nées. Cependant toutes les universités et les emplois sont à Tachkent, donc beaucoup de jeunes gens décident de partir pour la capitale. Roma nous dit qu'il a changé 20 fois d'appartement en 2 ans pour éviter les contrôles.
English
At 5 pm the museum closes, and we decide to have a snack with Roma, it's not really Uzbek traditional food, but there are good cakes. Roma worked as translator in an Uzbek oil and gas company. But with the decrease of oil prices, his company decided to reduce its employees' number and Roma has to find a new job now. We are also surprised to learn that he is living in Tashkent illegally (he's in vacation in Nukus to see his family). Indeed there are in Uzbekistan some laws to control the population move, and it's for example forbidden to move to the capital city if you are born in another region. However universities and jobs are in Tashkent, so a lot of young people go there. Roma told us that he change 20 times of flat in 2 years to avoid controls!
Français
Après le goûter nous partons faire un tour dans la ville. Il fait froid mais nous passons un bon moment. En face du parlement du Karakalpakistan on peut voir la statue de Berdakh qui est un poète local très aimé qui vécut au 19ème siècle. Avant l'indépendance il y a 25 ans, il y avait là la statue de Lénine.
Si vous vous demandez, le Karakalpakistan n'est pas lié au Pakistan. En fait, ce mot vient de Kara (Noir) et Kalpak (Chapeau), mais à cause de la répression communiste, la culture karakalpake a tellement disparue que personne ne connaît la signification de ces chapeaux noirs.
English
After the snack, Roma guides us for a tour in the city. The air is very cold but it's good to know more about the place. In front of the Karakalpak Parliament, we see the statue of Berdakh, who is a famous local poet from the 19th century. Before the independence 25 years ago, the statue here was the one of Lenin.
If you are wondering, Karakalpakistan is not related at all with Pakistan. In fact, the word is from Kara (black) and Kalpak (hat). But Karakalpak culture was so lost through Sovietization that the original meaning of the black hat is now unknown.
Français
Après avoir remercié et quitté Roma, nous rentrons à notre hôtel et nous allons nous coucher tôt. En effet, demain nous devons nous lever à 4h30 du matin. Nous avons commandé un taxi et nous sommes à l'heure à la gare. Ce trajet fut sûrement le pire de tout notre voyage. Il fait extrêmement froid et nous sommes placés juste à côté de la porte. Les gens ne referment pas la porte lorsqu'ils entrent ou qu’ils sortent dans le wagon et il y a de grands courants d'air. Nous passons donc notre temps à refermer la porte mais toutes les minutes il y a un ou deux vendeurs qui passent. Finalement nous arrivons à la frontière et tout le monde commence à s'exciter ! Certains passagers cachent des marchandises (comme des melons) sous les sièges. C'est la première fois que nous passons une frontière à bord d'un train. C'est cool car nous n'avons pas à descendre du train, ce sont les militaires ainsi que les douaniers qui viennent à nous. Ils prennent nos passeports et regardent dans nos bagages. Ça prend beaucoup de temps et ce n'est pas efficace car les bagages ne sont pas passés au scanner. Nous ne parlons pas la langue, mais nous n’avons pas l’impression que les autorités se rendent compte de la contrebande qui est faite.
Une officier Ouzbek vient nous parler amicalement mais après un moment elle commence à nous poser des questions bizarres : elle veut par exemple voir les photos que nous avons prises. Et finalement elle nous demande également d’ouvrir nos valises. Tout est ok et elle ne nous demande même pas les reçus des hôtels où nous avons dormi. En effet, il est interdit pour les étrangers de dormir ailleurs qu’à l’hôtel, et ils sont censés gardés les reçus des hôtels dans lesquels ils sont allés. Cependant il y a une tolérance et il est possible de dormir une ou deux nuits chez quelqu’un.
Nous passons enfin la frontière et nous sommes, pour la 3ème fois, au Kazakhstan !
English
After this, we thank Roma for his time and leave him, then we go back to our hotel and go to bed early. Indeed tomorrow we have to wake up at 4:30 am ! We have asked the hotel the day before to call a taxi and when we wake up on 25th October, the driver is already waiting for us. Then we are back in the train for a long day. It's probably one of the worst rides since the beginning of our trip. It's quite freezing in the train, besides our seats are just next to the corridor's door. But nobody is closing the door and it lets the cold air coming in the car. We keep closing it, but every minute there are 1 or 2 sellers entering or leaving the car... Anyway we finally arrive near the border. Even if we don't understand what people are saying, we can understand that they are excited. We can see them hiding some stuff under the seats (like watermelons). It's the first time that we are crossing a border in train. It's quite nice, because we don't have to move: the military officers and customs officers come into the train to collect the passport and to check the luggage. But it's really long, and we can also say that it's not really efficient, because luggage are not scanned with any X-ray machine. Thus we can say that there were a little bit of smuggling in this train.
For our part, one Uzbek officer came to discuss friendly with us, but after a while she starts asking weird questions, like if she can look our pictures and finally she asks us to open our bags. Finally there was no problem and they didn't ask us to show the hotel receipts. Indeed in Uzbekistan, it's forbidden for tourists to sleep anywhere else than in hotels and they are supposed to keep the hotel receipts with them to prove it at the border. In fact, there is a tolerance and you can sleep one or two nights at someone' house.
Finally we cross the border and we are back for the 3rd time in Kazakhstan!