Avec un vol de 3h30, au départ de Kuala Lumpur, prévu initialement à 21h mais retardé d'une heure, l'arrivée aux Philippines se fait en pleine nuit. Ajoutez le decalage horaire (+1h), il est du coup près de 3 heures du matin quand on s'installe, parmi d'autres voyageurs, sur le sol de l'aéroport international de Manille pour y finir notre nuit: ni l'envie ni la force de chercher, de nuit, bus et hôtel.
Pas de surprise, ce n'était pas notre meilleure nuit; on n'a jamais réussi à trouver l'interrupteur des plafonniers...
Et sinon, on compte faire quoi aux Philippines, pays qui compte 100 millions d'habitants, et presque autant de Chrétiens (et qui fait figure d'exception en Asie du Sud Est, plus généralement musulmane ou bouddhiste)? Avec un archipel de 2700 îles, 20 jours de visa et une volonté à ne pas prendre un vol interne, décision est prise de rester sur l'île principale: Luzon. Mais celle - ci reste très grande: pas le temps de tout voir. On choisit la partie nord, sur les conseils de Mark Freeman (Notre hôte HelpX au Japon); on pourra ainsi se baigner, "snorkler" (de la plongée, en surface, avec masque), mais aussi découvrir les montagnes du coin, celles de la cordillère.
Programme en poche, direction Angeles, a 80km au nord de la capitale, connue des hommes blancs pour être un vrai terrain de chasse... On y découvre de jeunes femmes Philippines (genre 18/25ans), toute fluettes, aux bras de blancs, généralement âgés entre 50 et 70 ans. Ici, c'est bars à gogo [danseuses], alcool, drogues (on a dû refuser plusieurs fois) et sexe. L'homme blanc est vu comme un porte - monnaie ambulant, forcément bien fourni, qui est la pour dépenser (en gros, entretenir une petite nana). Clément passe pour une anomalie, et par conséquent ne s'éloigne pas trop de son garde-du-corps (Laure): les jeunes filles cherchent leur future proie compte en banque mari.
Nous, on est la pour rien de tout ca... C'est juste qu'à Angeles, on peut louer des scooters pour pas trop cher! Encore une fois, on privilégie l'autonomie dans les déplacements mais aussi dans l'hébergement (à nous le camping sauvage!).
Nous revoilà partis avec un sac pour deux, une tente, zéro duvet, et un scooter 125CC, pour 18 jours à travers l'île (250 pesos la location journalière du Scooter, soit 4,80€)
On est contents de quitter vite et bien Angeles, qui n'a rien des ambiances de province qu'on apprécié tant.
Notre scooter carbure vers le nord ouest, et la région de Subic, ville balnéaire de la côte ouest.
On redecouvre les marchés et leurs étals de fruit à prix très abordables (0,50€ le kilo de banane, 0,80€ le petit ananas), ainsi que les pains et pâtisseries (0,10€ le muffin, 0,50€ le sachet de pain de mie). Manger aux Philippines, dans les lieux "locaux" (les marchés principalement), c'est plus qu'abordable, c'est indécent (pour un quelconque Europeen)! On ne se prive pas, on se regale; reste juste à ranger tout ça dans le sac!
On file vers un chemin long de 7 kms, seul accès par voie de terre pour une plage sûrement déserte.
Pour la faire courte, on n'a jamais vu cette plage! C'était 7 kms de montée, sous le cagnard, avec 15 kgs sur le dos.
Donc, au lieu, on profite de la vue sur les montagnes et des rivières qui en découlent.
On est surpris de voir que les massifs ici sont assez sauvages, mais, paradoxalement, assez pauvres en faune. Peut - être est-ce du aux nombreux feux quotidiens qui courent ? Comme au Laos et au Cambodge, les terres sont brûlées, permettant ainsi la culture sur brûlis.
A défaut de voir beaucoup d'animaux, on rencontre de nombreux insectes; ça grouille, ça siffle, ça bondit tout le temps. Les fourmis sont souvent geantes, rouges ou noires, les papillons rivalisent de beauté, et les guêpes et abeilles aiment nous titiller (Laure s'est fait piquer par l'une d'entre elles, quand on roulait). Bien sûr, il y en a d'autres, mais on ne connaît pas leur nom!
La région de Subic est encore assez verte pour permettre le camping sauvage (et c'est tant mieux, parce que payer 25€ pour un lit miteux et une douche pas top...). On installe la première nuit notre tente au pied de très belles montagnes, dans une sorte de garrigue, puis, la seconde nuit, à flanc de colline, avec vue sur la mer, et le lit immense de la rivière. Coucher de soleil sur la mer, en prime.
Sur les conseils d'une Philippine, on roule maintenant vers le nord pour decouvrir Amarinos et les 100 Islands.
Sur la route, on arpente un village; on veut aller voir la mer. Facile, vous croyez? Pas tant que ça. Il ne s'agit plus de la mer comme sur les cartes postales. Il faut d'abord rouler à travers un puzzle de ruelles, ou les maisons sont faites de bric et de broc, les caniveaux sont inexistants, c'est un peu sale. Ici, c'est le quartier des pêcheurs.
Arrivés sur la "plage", on en voit une autre facette: jonchée de dechets. La mer est le gagne - pain de beaucoup de monde, mais elle n'est pas vraiment préservée.
On est assis tous les deux dans le sable, mais forcément, ca ne pouvait pas rester ainsi. Le Philippin, comme tout Asiatique, est curieux, et encore plus si vous êtes sur son territoire. On en voit arriver d'abord un, puis deux. Ils sont jeunes, mais ne parlent pas anglais. D'autres arrivent à leur tour. Ils sont 7, et nous voilà à faire connaissance avec cette famille. Le père parle assez bien anglais. Ils sont tous liés à la mer: pêcheurs, femme/enfant de pecheur, ... Ici ça pêche crevette et thon, et ça peut ramener judqu'a 10 dollars chaque jour, assez pour nourrir une famille (principalement du riz, 200 pesos, 4€/jour). Mais comme la mer n'aime pas les feignants, il faut commencer dès 17h et terminer le lendemain matin, vers 6h.
C'est pas toujours suffisant, 10 dollars/jour. Du coup certains ont en plus un 2eme job. Le père conduit des tricycles l'après - midi. Ça aidera à payer le bateau, fait à la main par le voisin, et qui coûte 45000 pesos (900€), et son moteur (15000pesos, 300€). Un bateau coûte donc 1100€ et demande deux mois de travail.
On avait eu quelques soupçons à Angeles (gamins qui mendient, bidonvilles...), mais maintenant c'est sur : les Philippins ont du mal à garder la tête hors de l'eau. Ça explique la forte mendicité, le mauvais état des routes, les corps maigres, difformes, conséquences de la polio,...
On reprend la route, après cette brève mais enrichissante rencontre.
Amarinos est la ville portuaire pour le parc national des 100 Islands. Qui dit parc national, dit taxe. Sortez le porte - monnaie. Bateau à la journée parmi d'autres touristes, en suivant un tracé bien rôdé, une taxe pour ci, une taxe pour ça, 15€ pour faire du snorkel ici (ici, pas la!) pendant une heure,... On réfléchit un peu, et on se décide à ... ne pas y aller. Aucune liberté ou autonomie la dedans, et le sentiment s'être une pompe à fric...
A la place, on visite le coin à notre sauce. Et on découvre ce que les guides touristiques qualifieraient de coins "authentiques", c'est à dire fréquentés par les locaux.
Tout d'abord, les cascades (ah les Asiatiques adorent les cascades), qui créent des piscines naturelles. C'est facile de rentrer dans l'eau, même à 8 heures du matin. Il y a encore peu de monde, c'est vert, familial, assez calme. On se baigne et on se régale de quelques fruits et pâtisseries. Bref, un chouette moment.
Un conseil: mangez des mangues! Le pays produit les meilleures qu'on ait jamais mangées! A 1,20€ le kilo, on s'est fait une vraie cure: une au minimum par jour!
Puis, l'après midi, on file sur une plage locale. De l'ombre, un vendeur de glace, des roches sous marines qui recèlent de poissons en tout genre... Malgré l'eau un peu trop chaude à notre goût (comparable à celle d'un bain), on passe 3 heures dans l'eau, à épier la faune aquatique. On en redemande!
Ah, on a aussi droit à une séance photo: toute une ribambelle de jeunes (entre 5 et 18 ans) nous prennent en photo avec eux, pendant 5 minutes. Apparemment, ça court pas la plage, les blancs ici....
Pas trop de regret de n'avoir pas visiter les 100 Islands, on quitte la côte pour aller dans la cordillère philippine, vers Braguio!