Cela faisait un petit moment qu'elle nous (me) faisait de l'oeil cette traversée ! Un poil d'ambition, une bonne dose d'inconnu, un bon soupçon de rando, le tout avec un enchaînement de mode de transports qui peut vite se gripper à cause de la météo.
A cela s'ajoute une micro difficulté, on change de pays et dès que la frontière est passée, il faut du liquide dans la bonne monnaie. Et en Argentine, pour obtenir des pesos chiliens c'est une vraie sinécure ! Alors oui on nous avait prévenu, non on aurait pas du changer bêtement nos euros à Buenos Aires, oui on aurait pu faire changer nos pesos argentins en chiliens à El Calafate, mais non on ne cautionnera pas le taux de change scandaleux pratiqué par les casas de cambio. C'est sans pesos chiliens mais avec tout de même quelques dollars que nous partons. Un grand merci au passage à ce couple de globe-trotteurs retraités, ayant fait leur tour du monde il y a 25 ans, qui a bien voulu troquer nos pesos volatiles contre de la bonne brique US. Excellent exemple d'entraide entre voyageurs.
Au pire on restera toute notre vie à Villa O'Higgins à faire la plonge dans un resto ! Le premier distributeur est juste à 350km de la frontière...
Niveau orga il aura fallu une bonne dizaine de jours pour pré-planifier les différents passages, à force de mails, Whatsapp, infos douteuses et contradictoires... Nous quittons El Chalten sans la moitié des réponses à nos questions, en espérant que les bateaux seront là le bon jour, et surtout que "Don Ricardo" sera bien au RDV sur le trajet avec son 4*4... S'il n'est pas là, ma foi, il faudra marcher 22km avec les sacs sur le dos (3kg pour les petits / 20Kkg avec avec les provisions pour les grands), ça peut être coriace...
Maintenant il faut gérer le 2ème bateau, pour le lendemain, qui traverse la lac O'Higgins. Aucun calendrier aucun horaire. Vers 20h on voit une barquette bimoteur qui traverse au loin, notre salut. A son arrivée le capitaine annonce : "demain on part à 6H30 sinon on va avoir une grosse mer et on risque de ne pas pouvoir traverser". En gros la météo se dégrade fortement, et pendant 3 jours. Inimaginable de rester bloqué chez Ricardo pendant tout ce temps... Bilan : Réveil à 5h, le port est à 1km, on part avec sacs et frontales après un nuit disons, fraîche...
Et la traversée bouge déjà un poil malgré toutes ces précautions :