En Quittant Puyuhapi, nous savions que le bus ne nous poserait qu'à La Junta, qu'il resterait 78km à faire jusqu'à Raul Marin, et qu'il n'y avait pas de bus ce jour là. On savait aussi que nous avions réservé une excursion en mer pour le lendemain, seul jour de beau temps annoncé. Il fallait donc simplement arriver le jour même.
Le laps de temps pour le faire : 15h à 18h. Parce qu'au km 62, il y a un ferry pour traverser la rivière, et ce ferry termine son service à 19h.
Il n'y a qu'une route qui mène à notre destination, mais beaucoup de gens ne vont pas jusqu'au bout. On refuse donc plusieurs fois de s'avancer de seulement quelques dizaines de km. Le point rassurant c'est que les gens s'arrêtent.
Robin fait de la moto sur son sac, Mathilda fabrique une pancarte illustrée pour expliquer où on veut aller, mais Fred et Pascaline regardent surtout l'heure tourner.
17H30, une camionnette déglinguée ouvre sa fenêtre, un père et son fils. Ils ont un accent à couper au couteau. Ils ne vont qu'à 40km. Mais en tendant l'oreille après avoir fait répéter 3 fois, on comprend qu'il a RDV avec quelqu'un qui va ensuite à Raul Marin. Banco. On ne sait pas si la deuxième voiture voudra de nous, mais banco, on grimpe.
On parle un peu Coronavirus et Patagonie, et ils s'arrêtent plusieurs fois pour fouiller les bas-coté. On comprend que les gens d'ici se laissent des paquets sur la route, "sous le panneau jaune du km 43, 2ème virage à gauche". C'est marrant.
On finit par croiser un 4*4, la fameuse deuxième voiture. Les gars sont pas du genre souriants, on sent tout de suite que ce sont des durs. Mais ils acceptent de nous prendre. "Descendez ici on repasse dans un moment". Nous voila lâchés au milieu de nulle part.
Effectivement 10 min plus tard ils repassent et on peut repartir. Quelques km de plus et nouveau stop devant une remorque garée en contrebas de la route. Les gars sortent, "Esperen aqui", prennent leur tronçonneuse et disparaissent dans la foret. Des bûcherons, ça colle bien au tableau. 3 arbres plus tard, la remorque est chargée, il est 18H50, et on file à fond vers le transbordeur.
La traversée est une formalité, 19H15 nous sommes arrivés, soulagés, contents de ce premier stop haut en couleurs.