C'est dimanche aujourd'hui, et on démarre notre première randonnée en Chine. La destination finale? Qiaotou, une centaine de bornes plus loin. Destination du jour? Haba, 30 kms.
Cette fois ci, on se la joue "petit joueur"; on suit la route, on oublie les chemins. Ainsi, on va pouvoir traverser les villages, voir des gens. La route n'est que vires, et elle est bordée de champs et de rizières. Ça bosse déjà dur: on croise beaucoup de monde dans les champs, mais aussi des poules, des vaches, des biquettes qui vivent leur vie.
A nos "nihao", certains répondent parfois aussi "hello". C'est souvent le seul mot dans une autre langue que la leur qu'ils connaissent.
Ça monte dur, et les sacs nous paraissent bien lourds... il faut rehabituer le corps a la marche. La montée n'est pas non plus facile pour 2 cyclotouristes belges! Ça nous rappelle notre été... et sur le coup on aurait bien voulu être à leur place!
Après une pause repas et 19 bornes dans les pattes, un bon samaritain en voiture s'arrête à notre niveau, et nous propose de nous emmener. Il commence à pleuvoir, on dit oui! Et les 11 kms restants passent beaucoup plus vite. On arrive à Haba, à l'auberge de jeunesse, juste avant la grosse averse. A pic!
A l'auberge, pas de menu, c'est au choix de chacun. Reste encore à se faire comprendre... la jeune femme qui tient la place nous emmène dans sa cuisine, et nous montre son frigo, aux vitres transparentes. On montre quelques légumes, des oeufs, et on demande en chinois du riz. Parfait pour être rassasié. Résultat, on a eu droit à une énorme platée de riz et à des petits légumes cuits à la poêle avec des oeufs. On s'est régalés!
Pendant le repas, on a expliqué où on voulait aller. On a bien vu qu'il y avait un chemin plus court (mais plus raide) que la route (20km de chemin, 30km de route), mais on n'a pas de carte assez précise pour le trouver. Le mari de la manager de l'auberge est guide, et il veut bien nous accompagner demain sur le chemin, moyennant salaire. Son prix est un peu haut pour nous, on lui propose de juste nous montrer le début du chemin et on fera le reste par nous même, comme on fait d'habitude. Non, ça, ça ne l'intéresse pas.
Le lendemain, après avoir englouti un pancake à la banane aussi grand qu'une pizza, on décolle. Encore une fois, c'est 30kms au programme, mais cette fois, on aura certainement pas de bon samaritain! Les 7 premiers kms ne sont que montée, certes assez douce, mais ça paraît tellement long sur du macadam...
Mais une fois la descente amorcée, on reprend vite le sourire: on coupe entre les lacets, à travers les bois. 25 kms en fin de journée, au lieu des 30, c'est déjà ça!
On traverse un village et ses rizières. Ça fourmille toujours de partout. On a droit à des "nihao", à des sourires.
Le "fan dien" (l'hotel-restaurant) où on dort ce soir nous coûte 40¥ (6€), et n'a pas souvent dû voir des touristes blancs. C'est la seule auberge du village, et elle fait tout: hôtel (pour les travailleurs de passage), bar, restaurant, supermarché, billard, et le seul endroit où il y a de la lumière la nuit.
Ce soir là, on a droit à une chambre non chauffée par 5°c degrés, une tranche dans le sol en guise de WC, le doux son du générateur d'électricité, aux chinois pompettes jouant au billard juste en bas de notre fenêtre, et une douche moisie. La cerise sur le gâteau? Clem a eu droit à l'eau qui s'arrête de couler au moment de se rincer!
Mardi signifie petite journée : 16 km jusqu'au prochain village, et surtout vrai "debut" dans les gorges du saut du tigre. Mais on n'est pas encore sur la partie très fréquentée; grâce à la tablette et l'application Maps.me, on arrive à suivre la trace, avec plus ou moins de succès. Ici, pas de balise. La vue ne suffirait pas pour suivre le tracé.
Ça monte hyper raide, et avec nos sacs bien chargés (presque 20 kg avec eau et nourriture... quelle idée!), on souffle fort pendant près de 4heures. On est seuls au monde, sur un chemin très peu pratiqué, fait de sable, de pierre ou de terre. On essaie de calculer le dénivelé qu'on a grimpé: on doit être à 4000m au minimum. Une première pour nous! Pour autant, meme haut, pas de neige ;) c'est la montagne comme on l'aime: des oiseaux, des plantes et des fleurs nouvelles, quelques petits cours d'eau. De la vie quoi!
Après 10 km de montée et 6 de descente, on arrive rincés à une guesthouse, avec vue sur le début des gorges. On est dans le "Walnut garden". On y rencontre un couple d'Anglais sur le point de terminer leur tour du monde. La soirée se fera en anglais, à échanger sur les pays, leurs spécificités, leurs difficultés.
On connaissait le vélo à plusieurs, mais pas le trek! On décolle le matin suivant à 4, avec nos deux nouveaux copains anglais, mais ça ne durera qu'une heure ou deux: on ne va pas au même endroit (ni à là même vitesse)!
Nous, c'est direction Quiaotou. On arpente d'abord des bruyères, puis on dévale une forêt de bambous! Très pratique d'ailleurs pour freiner! Après le pont par dessus la rivière, on remonte assez longtemps, même trop longtemps pour Laure: petite crise d'hypoglycémie. Il est 11h, on fait des pâtes à meme le chemin pour régler ça (et avec notre réchaud canette!). Et bien sur, c'est à ce moment la, après avoir été seuls au monde pendant des jours entiers, qu'on revoit une espèce qu'on pensait disparue, des randonneurs! Donc ça veut dire qu'on est dans la zone à touristes: il va y avoir des guesthouses confortables, des petits restaurants avec menus en anglais! Retour à la civilisation... mais adieu tranquillité, oiseaux qui gazouillent paisiblement, et sieste sur l'herbe.
Le chemin qu'on avait trouvé si dur à suivre la veille est devenu large et net. On croise beaucoup de monde, eux faisant le chemin dans le sens "classique". Les vires se suivent, on découvre les fameux 28 raidillons dans le sens de la descente. Le chemin est bien balisé, et on traverse souvent des cascades.
L'objectif du jour est d'arriver à Naxi family's guest house, recommandée par un guide. On l'atteint en fin d'après-midi, et on y rencontre des gens intéressants: un Français, anciennement ingénieur à Shanghai et reconverti en guide dans le Yunnan; un guide tibétain qui ne peut pas vraiment rentrer dans sa province; un autre Français, directeur des relations internationales dans une université, grand connaisseur et fan de l'Asie; deux Américains, un retraité qui veut découvrir le monde, et un quarantenaire qui a voyagé à travers le monde pendant 18 ans. La soirée se fait à échanger sur les pays à absolument voir en Asie. On nous en conseille un auquel on n'avait pas pensé...
Après une bonne nuit de sommeil et de calme, on repart. On sait qu'il nous reste moins de 10 kms pour Quiaotou et donc la fin de la randonnée. On rattrape le guide tibétain et son "client" américain John. Le guide nous conseille sur notre itinéraire en Chine, et John nous donne son ressenti sur les pays qu'il a visités et qu'on a sur notre liste. A la fin du chemin, chacun reprend sa propre route: taxi vers une grand ville pour eux, bus direction Juan Shan pour nous.
2h de bus et un trajet en taxi-minivan plus tard, on arrive à Shaxi, point de départ de notre second trek dans le Yunnan. Les montagnes ont disparu, les rivières nerveuses aussi. Un nouveau décor s'est dessiné.
Vos étapes sont vraiment bien... bien rédigées, de belles photos, anecdotes marrantes, et les explications pour les curieux qui voudraient faire le même voyage peuvent le faire... c'est chouette ! Ca mérite plus de Coeurs sur vos étapes :) (en haut à droite sur votre photo de couverture) ! Bravo et à bientôt