Apparemment l'affaire est facile: Le tram A à 100m de l'auberge me transporte direct à la gare routière, et Ana m'attend à l'arrêt du bus à Trogir, mais le tram est tombé en panne, le chauffeur du taxi pris à la volée m'a escroquée et le bus est tombé en panne lui aussi dans les montagnes à mi chemin de Split.
Enfin après avoir tourné une bonne heure, je suis revenue aux nouvelles. Plus de bus. Mes bagages étaient partis avec. Un peu surprise je ne me suis pas inquiétée. Dans tout ce flot de voyageurs, je trouverai bien une voiture pour Split. Que nenni. Les gens me répondaient d'un air méfiant ou ne me répondaient pas. Cette histoire de bagages partis tout seuls ne leur inspirait pas confiance. Et puis il est vrai que je n'ai plus 18 ans et un joli petit cul. Il faudrait essayer le deambulateur. Un groupe de touristes est en pause (on dit comme ça pour les arrêts sur les voyages longs). Quelle compagnie ? Flix bus. Vous allez où ? Split. Mes bagages m'attendaient à l'arrivée sur le trottoir au milieu de la cohue. Il y avait même mon petit sac en tissu avec mon oreiller et ma liseuse. Je l'avais laissé sur mon siège. Finalement on a pris soin de moi.
L'appartement d'Ana est tout petit et comprend une salle de séjour cuisine et une chambre, mais il y a une grande terrasse, noyée dans la verdure, sur laquelle se passe l'essentiel de la vie quotidienne. Je passe quelques jours vraiment agréables puisqu'elle m'a laissé sa chambre pour dormir sur le canapé du salon. Elle se lève tôt pour aller travailler à Trogir à quelques km de là. Jeudi, elle travaille à l'agence de Split, nous en profiterons pour faire un tour là bas. Enfin une vraie pause et petit début de déprime au regard de ce qui s'offre à moi sur la côte en Dalmatie . Le mot offrir est un euphémisme car ici tout se vend, même son âme apparemment.
Nous sommes retournées à la plage, enfin sur une plage un peu plus loin. Ana m'a expliqué que c'était la plage festive. En juillet août des centaines de personnes débarquent chaque jour en 2 roues ou en voiture en bateau. Un grand préfabriqué bar-pizza occupe la moitié de la plage. Là s'activent des tractopelles et des ouvriers transporteurs de poutrelles métalliques pour agrandir la structure. On prépare la saison et tout le monde est à fond. Nous nous calons dans un petit coin au bout de "la plage" en souhaitant de ne pas se faire ramasser par les tractopelles. Comment la foule des touristes décrite par Ana peut-elle être contenue dans quelques centaines de m2 ? Je n'ai pas la réponse à l' équation.
Bizarrement je n'ai pas de photos de Trogir et de Split, les joyaux de la côte dalmatienne. Un patrimoine magnifique ravagé par le tourisme et la surconsommation ou l'odeur de friture et d'huile solaire couvre le parfum des fleurs de jasmin. J'imagine que l'été, avec la chaleur, le vacancier doit vivre une épreuve difficile. Heureusement il y la clim.