Réveil tranquille à 9h. Sandra, ma Couchsurfeuse très attentionnée, décide de préparer des œufs pour un petit déjeuner récupérateur. Elle m'indique quelques endroits où me balader dans la ville de Maribo, puis s'en va jusqu'à la fin de l'après-midi. Un mot d'ordre: mange ce que tu veux dans la cuisine. Aye aye.
Après un peu de gestion administrative -on n'est jamais tranquille, même sur une île (pas si) déserte -, je me mets en route vers le lac. Il ne pleut pas. Un peu de vent caresse mes cheveux délicats. Après deux tournant, caché derrière l'église de la bourgade, il est là.
Majestueux. J'ose les mots, quoi que vous en pensiez. Légèrement sensible au vent qui l'effleure. Vide, le peuple d'ici ne s'y baigne à cette heure. Un peu plus loin je continue ma route, pour trouver l'endroit parfait où m'y engouffrer.
L'eau est bonne en cette saison. On y entre d'un coup, sans hésiter, sans se forcer. Rien de comparable avec les baignades pascales du Limousin, ou aux saturnales du Donegal. Pas besoin de se presser. On barbotte, on plonge la tête. On profite. Le vent fait comme un sèche-main mais en plus efficace, et on est sec de la tête aux pieds en un tournemain. Prêt pour de nouvelles aventures, je lance un dernier regard à mon nouvel ami, puis tourne les talons et les pédales pour rejoindre le centre-ville.
Puisque j'avais barboté dans le lac et que j'avais pris soin de ne pas enlever mes lunettes, elles étaient pleine d'eau. Et, dame, j'avais perdu ma loque en microfibre dans un épisode précédent (enfin, cet épisode n'étant pas digne d'être raconté, il a été coupé). Passant devant un vendeur de binocle (optik machin), je décidai d'aller négocier avec lui l'achat de pareil accessoir. Hej, talar du Engelska ? Jag pratar inte Dansk, m'essayais-je dans mon plus beau suédois (je partais du principe que les Danois comprenais probablement le suédois). "Whatever your want". Voilà qui s'annonce bien. Dans un anglais international digne des meilleurs touristes francophones, je lui fais comprendre que j'ai perdu ma loque en microfibre. Croyez-le ou non, il me comprend parfaitement, ouvre un tiroir, en sors deux loque, me remercie et me salue. Alors que je tendais ma carte il m'indique que c'est gratuit. Plein de gratitude, je quitte sa boutique. Deux loques en microfibre, quelle aubaine ! Je pourrai encore en perdre une ! Je me dirige donc, pour fêter ça, sur la place du village.
Après quelques courses et un peu de cuisine pour préparer mon étape de demain, j'accueille Sandra qui est de retour et me propose d'aller faire un tour. Nous nous rendons autour d'un second lac, plus petit, nous arrêtant tous les 20 mètres pour manger des prunes/prunelles/mirabelles/...
De retour à la maison, elle m'explique qu'elle chante et me propose de me faire écouter ses plus grands tubes, ce qui crée un moment de complicité où je suis invité à faire un peu partie de son monde musical plutôt professionnel, je dois le dire. Elle me demande ce que je joue, je lui montre l'une ou l'autre vidéo d'un air wallon par semaine. Ça lui rappelle la Pologne, d'où vient sa mère, et sa musique et ses danses; Elle aime.
Prévoyant une grosse étape demain, 145 kilomètres jusque Copenhague, je trouve qu'il est prudent que j'aille dormir tôt. Hop glissons-nous dans les draps et dredons, comme dirait Michel Jacqmain, que je n'avais pas cité depuis trop longtemps.