6h30. Une petite alarme résonne dans l'abri. Je ne suis pas très réveillé. Je me rendors. Elle resonne un peu plus tard. Je ne sais pas combien de temps après. Je dirais, juste quand je commençais à me rendormir. J'ai déjà entendu ce bibiip (pause) bibiip. J'essaie de me rendormir. Rebelotte. Ah oui c'est le même bruit que les plaques de cuissons qui râlent un peu. Bibiip bibiip. Sérieux. Je crois que ça vient de chez l'un de mes amis danois (car c'est ce qu'ils sont, les bougres !). Trop poli pour les réveiller, je décide de partir. Je remballe ma bâche, mes affaire, et ciao ! En route pour prendre un café dans une boulangerie parce qu'il fait pas chaud dis donc aujourd'hui. Température max de la journée: 11 degrés. Vents. Ça prometffffffffff.
À la boulangerie, je persiste dans mon effort et commande un café et deux pâtisseries. D'un air un peu hésitant mais appliqué. La serveuse me demande, en suédois, si je veux du lait ou du sucre. Je réponds d'un assertif nej tack. Croyant que je n'avait pas compris, elle reformule sa question plus lentement. Je lui réponds que je prends mon café noir, tack. Incrédule, elle me tend ma tasse et mes pâtisseries. Je profite de ce petit moment de victoire, car cette journée s'annonce difficile.
Je me mets en route et, le moins qu'on puisse dire, c'est que ça souffle. Même en descente j'ai l'impression que si je pédale pas j'avance pas. J'oscille entre 10 et 15kmh. Pour me distraire j'essaie de repérer des trucs rigolos. Par exemple ce nom de ville.
Ou cette église bizarre.
Bon, ça caille sévère alors je ne m'arrête pas trop. Je pédale aussi vite que je peux. Et puis après 2h30 je me rends compte que j'ai réussi à faire 20 kilomètres péniblement contre le vent. Je m'autorise une petite pause pour manger et me remettre de ce parcours du combattant. Quand je repars, je ne sens plus du tout mes doigts. Il faudra 30 minutes de réchauffage pour les sentir à nouveau.
Un peu plus loin une dame me fait signe de m'arrêter et m'explique que la route est barrée plus loin suite à la tempête et aux inondations que ça a causé. Je retrousse chemin et mes manches (car je suis un peu réchauffé).
Je me retrouve pour quelques kilomètres sur une grosse route sans piste cyclable, ni même une petite bande marquée genre la N4 c'est pas trop demander. Mais non ! Et puis il commence à bien pleuvoir là.
Enfin, je rejoins une piste cyclable qui me permet d'admirer un fleuve majestueux avec des bateaux et tout.
À ce moment-là de la journée, je suis déjà épuisé et je sais que j'arriverai pas du tout à faire les 130 kilomètres prévus. Mon plan: aller jusqu'à Halmstad et prendre un train jusqu'à une gare pas trop loin du festival, par exemple Göteborg, à 80 kilomètres. Puis mon genou gauche se réveille et me fait comprendre que déjà estime-toi heureux d'arriver à Halmstad puis essaie de pas trop rouler demain d'accord patron.
Arrivé à la gare de Halmstad, je consulte la carte du réseau ferroviaire suédois pour savoir où et comment me rapprocher d'Ornunga.
Je remarque que la gare la plus proche du festival c'est Borås. Facile ! De Halmstad je fais Hamstad-Falkenberg-Varberg puis je change et je fais Varberg-Borås. Un gentil accompagnateur me demande où je souhaite me rendre et je lui explique mon projet. "Nej nej, aucun train après entre Falkberg et Göteborg à cause des innondations." Damned !
Je m'assied contre un mur 5 minutes avec moi et réfléchis à un autre plan ingénieux, je pourrais...
Aie. Une guêpe que je n'avais pas vue vient de me piquer. Bon, disons que ça sera la journée où ce genre de truc arrive.
Je tente une autre solution: je vais prendre le train jusque Vårnamo, puis faire Vårnamo Borås. Tranquilou pilou ! Je retourne près de l'accompagnateur, qui m'indique que entre Vårnamo et Borås c'est une autre compagnie de chemin de fer et qu'il faut vérifier s'ils prennent les vélos. En effet, c'est la compagnie nationale (SJ) et... elle n'accepte que les vélo pliants ou démontés en tout petits bouts et mis dans un sac à vélo. En effet, en Suède, pour chaque ligne il faut vérifier quelle compagnie opère et s'ils prennent les vélos.
Essai numéro 3, après avoir pris une grosse poignée de bonbons en pensant à Tom, j'évalue la distance entre Falkenberg et Varberg. 30km. Je pourrais aller jusqu'à Falkenberg, puis faire 30km à vélo, puis faire Varberg Borås vu que ce n'est pas sur la ligne inondée. L'accompagnateur me dit que celle-là aussi a été inondée.
Bon, puisque c'est comme ça, je vais prendre le train vers Jönköping, puis vers Falköping, puis Herrljunga, puis je serai aussi pas très loin du festival demain. Je vérifie les compagnies qui opèrent sur chaque tronçon, elles acceptent bien les vélos, je présente à l'accompagnateur mon plan final. Il me répond que les trains vers Jönköping sont remplacés par des bus, mais qu'il ne sait pas trop pourquoi.
Je réserve une chambre à Halmstad. Ça roulera mieux demain. Puis c'est pas mal cette ville finalement.
Bon allez, grosse bouffe et au lit ! Demain, on a du train sur la planche !