Aujourd'hui c'est à un voyage dans le temps que je vous invite, tout en partant à la découverte de l'intérieur de l'île de Fuerteventura, nous allons faire connaissance avec l'île elle même, puis avec ses habitants, passés et présents!
Au début, c'est à dire il y a très très très longtemps, il y avait une île. Mais vraiment une île, Fuerteventura, Lanzarote et La Graciosa ne formaient qu'une seule île, c'était à l'époque glaciaire, le niveau des océans étant beaucoup plus bas, les trois îles n'en formaient qu'une.
Puis vint le réchauffement climatique, mais pas le petit réchauffement, celui ci vous a rapidement liquidé les banquises qui recouvraient une bonne moitié de l’hémisphère Nord, c'était le big réchauffement, du genre à vous carboniser un pingouin!
Et comme on avait pas encore inventé Nicolas Hulot, tout cela est arrivé très vite, le niveau des océans est monté , engloutissant sous plusieurs centaines de mètres d'eau les plaines entre les trois grands massifs montagneux, et nous voilà avec trois îles de plus dans les Canaries, que personne n'appelaient encore comme ça, puisque de toutes façons il n'y avait personne! Bref, Fuerteventura était née.
Plusieurs phénomènes modifièrent alors profondément le climat de Fuerteventura, tout d'abord la montée des eaux créa un nouveau courant océanique, le "courant froid des Canaries", qui circule entre les îles , ajouté aux alizés venant du Nord est permettent une circulation rapide des nuages au dessus des terres, réduisant au minimum les précipitations.
Les éruptions volcaniques arasèrent les terres, , et ainsi se mit en place un climat sub désertique.
C'est ce que nous verrons en approchant de Betancuria, pour le moment nous prenons la route vers Pajara, au passage nous découvrons le petit village de La Pared,( ce qui en espagnol signifie le mur) à cet emplacement autrefois, une muraille de sable fossilisé et de coquillages coupait l’île en deux, au nord le royaume de Maxorata, au sud le royaume de Jandia. La muraille fut détruite lors de la conquête.
La route entre Pajara et Betancuria est d'une austérité qui vous bloque la respiration, ici le mot solitude prend tout son sens, quand on s’arrête le long de cette route, pas un bruit, un silence qui semble peser des tonnes, la lumière du soleil et sa chaleur semblent décuplées par la roche des montagne autour de nous, encore une fois j'ai le sentiment que cet endroit n'est pas fait pour les humains, peut être pour un ermite qui pourrait ici trouver la paix et le silence lui permettant de se mettre en communion avec la Nature?
Oui, c'est plutôt ça, ici il faut devenir soi même minéral pour être à sa place, même si les courbes des montagnes semblent douces, tout est dur, sec et minéral. 'est beau, grandiose même, mais angoissant et attirant tout à la fois..... Difficile de mettre des mots sur ce que l'on ressent ici.
Nous faisons un arrêt au "Mirador Degollada de los Granadillos", la vue ici encore est sublime, le somet du piton rocheux est couronné d'une mini muraille de pierres dont j'ignore l'origine, mais qui me fait penser à une sorte de Machu Pichu Canarien !
Nous reprenons ensuite la route vers Betancuria, nous descendons vers Vega de Rio Palmas et le défilé de Malpaso, c'est la route que prirent les conquistadors lors de la conquête de l'île.
A ce propos, c'est Jean de Béthancourt, conquistador Normand œuvrant pour le roi d'Espagne, qui a conquit cette île, il donna son nom à la future capitale, Betancuria, mais aussi à l'île elle même, puisque en débarquant sur la côte vers la future ville de Ajuy, il s'exclama " c'est maintenant que commence la grande aventure, (Forte Aventura) !
L'histoire de l'île est fort bien racontée à Betancuria, on y apprend que les Guanches qui peuplaient l'île à l'arrivée des Espagnols, étaient probablement d'origine Berbère, qu'ils étaient arrivés il y a environ 2 a 3000 ans, et que curieusement, leur culture était régressive!
En effet, ils ne savaient pas naviguer, et ignoraient l'emploi du métal, alors que les fouilles effectuées au fil des siècles ont montrées que leurs ancêtres maîtrisaient parfaitement et la navigation et la métallurgie lors de leur arrivée sur l'île!
Un environnement si pauvre que celui de Fuerteventura ne leur permit pas de mettre en pratique leurs connaissances techniques et culturelles, et l'activité principale fut pendant des siècles l'élevage de chèvres et le ramassage de coquillages.
La ville de Betancuria est très agréable, restée intacte après sa reconstruction en 1593, suite à sa destruction par des pirates, elle n'a pas changée et il est très agréable de se perdre dans ses ruelles, quand on arrive à éviter les flots de touristes éjectés régulièrement pour quelques minutes par des autocars !
Quelques tapas sur une terrasse fleurie, et nous reprenons la route, direction un endroit à voir, le Mirador Morro Velosa, un endroit où encore une fois on se sent petit, dramatiquement petit face à cette nature sauvage et presque violente, surtout quand le vent souffle comme aujourd'hui!
Le retour se fera par de petites routes, j'éviterai au maximum la grande nationale, pour avoir le plaisir de traverser, dans la laine, ces petits hameaux où aucun touriste ne passe, aucun car, mais c'est aussi bien!
La journée se finira une nouvelle fois sur la plage de Sotavento, qui aujourd'hui porte bien son nom, le vent souffle fort et les Kite Surfers sont de sortie!
Demain journée relax, au programme matinée plage ( ou piscine on verra), yoga, et re plage ou piscine l’après midi!
On repart jeudi pour une dernière journée d'aventures à travers Fuerteventura!