CIMA (Centro de Integracion de Menores en Abandono) a été créé il y a bientôt 29 ans par un canadien. A l’époque il est frappé par le nombre d’enfants dans les rues de Lima et décide d’agir en mettant en place une structure pour les sortir de la rue et leur offrir un cadre de vie adapté.
La plupart des histoires commencent avec une situation familiale compliquée, mère célibataire, père violent etc. Livrés à eux-mêmes, ils errent dans la rue et intègrent des gangs d’enfants où ils volent, trainent dans des trafics de drogue etc. Certains développent des addictions à l’alcool et à la drogue.
je vais vous donner l'exemple de Yahir, un garçon de 15 ans arrivé il y a quelques mois à CIMA. Il vivait avec sa mère et sa petite sœur dans la banlieue de Lima, tandis que son père était en prison pour violence et trafics. Sa mère travaillant pour faire vivre la famille, il passait ses journées avec un gang dans les rues de Manchay à errer, voler et se droguer. Il arbore sur le visage et le corps différentes cicatrices, traces indélébiles d’affrontements et de représailles. Cette histoire est partagée par la majorité des garçons présents à Cima.
CIMA accueille une quarantaine de garçons entre 10 et 17 ans. La proposition du centre : changer le comportement de ces jeunes à travers un cadre de vie basé sur la rigueur, le travail et le dépassement de soi. Des tuteurs et le personnel de CIMA sont là pour les accompagner dans ce sens.
Les garçons sont heureux à CIMA. Cela est en parti dû au fait que les jeunes doivent décider volontairement d’intégrer le centre. Ainsi, ils peuvent partir quand ils le veulent, changer de comportement est une démarche personnelle.
Je n'ai pas du tout eu à faire à des terreurs de l'ouest. Avec moi ils ont été adorables et se sont toujours bien comportés. Si mon expérience a été aussi positive c’est aussi parce que j’ai très vite posé les limites et que j’ai adapté mon comportement, ce qu’il est essentiel de faire dans ce contexte. La plupart des jeunes sont assez fragiles émotionnellement et instables. Par exemple un geste de gentillesse peut très vite être interprété autrement.
Apres avec nous RAS, mais on ressent tout de même que ce sont des jeunes avec un passif lourd. De temps en temps on nous raconte des actes de violence, des vols etc. qui se passent dans les pavillons. Ma dernière semaine, Raillo, un garçon de 16 ans, a fugué du centre car il a volé des câbles appartenant à CIMA pour les revendre et parce que sa petite amie était enceinte.
Situé à 2h en transports en commun du centre ville de Lima, CIMA est assez isolé, coincé entre une rivière et des cerros, sortes de petites montagnes. On se croirait un peu à la campagne. Imaginez-vous que pour se rendre à la « ville » la plus proche on doit traverser un pont suspendu au dessus d’une rivière et marcher 20 minutes ou prendre le bus.
Il doit y avoir une petite dizaine de bâtiments, des sortes de cubes colorés : bureaux administratifs, pavillons, cuisine, grange, remises pour les dons de nourriture, de meubles et de vêtements etc.
Les garçons sont répartis en quatre pavillons, en fonction de leurs âges et de leurs problèmes et évoluent tout au long de la journée selon cette appartenance.
Le matin, la journée commence à 5h avec le ménage et le petit déjeuner. Ensuite, ils assistent tous à un temps de prière dirigé par le fondateur de Cima, c’est aussi un temps pour les annonces, topos etc.
Puis, ceux qui peuvent aller à l’école y vont, les autres restent à Cima et bénéficieront d’un professeur privé. La majorité des garçons ne sont pas scolarisés à l’école du village car ils ne sont pas autorisés à sortir à cause de leurs problèmes d’addictions.
Pendant les temps libres, ils prennent soin du centre et participent à la vie de la communauté en faisant la cuisine, des travaux divers, ils aident à la grange etc. A certains moments, c’est un peu risible car exagéré, on leur fait balayer et arroser du sable. En fait, ils font en sorte de les occuper le plus possible. Par exemple, ceux qui ont des addictions à la drogue commencent par travailler quelques semaines à la grange. Ils assistent aussi à des ateliers, comme des cours de peinture sur tissus, de céramique, de musique ou encore de jardinage. Et enfin, ils pratiquent leur activité favorite : le foot.
A 18h30, c’est l’heure du diner, même menu qu’au déjeuner : du riz accompagné de légumes divers, d’autres féculents (on cumule) et de temps en temps de la viande. Je ne dirais pas que c’est bon mais vraiment RAS, c’est simple et efficace.
Extinction des feux à 21h.