Après avoir frôlé la mort en voiture (au moins !), nous posons donc nos valises dans la charmante ville de Sucre. L'idée de nous installer "durablement" dans une ville nous trottait dans la tête depuis pas mal de temps, notamment du fait qu'on en avait un peu marre de faire et défaire nos sacs tous les 3 - 4 jours. Avec la semaine éreintante à Atacama, enchaînée par ces 3 jours dans le Sud de la Bolivie, on est encore plus satisfaits du choix de Sucre.
Sucre, aussi appelée la Ciudad Blanca (ville blanche), est en réalité la capitale constitutionnelle de la Bolivie. Beaucoup moins grande que La Paz, la capitale administrative, elle n'en est pas moins charmante, avec son nombre incalculable de maisons d'architecture coloniale, et leurs différents patios qui ajoute du charme au charme. Dès nos premiers jours sur place, on ne regrette pas la décision de choisir de cette ville, et on n'y prend très vite nos habitudes : le petit mercado central, folklorique à souhait, la place 25 de Mayo, centre névralgique de la ville, ...
L'arrivée à Sucre s'accompagne également d'une très bonne nouvelle : nous avons obtenu une réponse positive afin de travailler comme volontaires dans une auberge de jeunesse. On abandonne donc nos velléités de voyage vers Cochabamba, prévu en fin de semaine, pour changer d'auberge de jeunesse. Après 5 jours de glandouille dans une première auberge bien sympa (ambiance familiale à souhait, très agréable), on déménage au Beehive, auberge de jeunesse située plus en centre-ville, et dans laquelle nous posons nos valises pour les 2 prochaines semaines.
Premier jour de travail pour Pierre & Co. L'organisation est plutôt souple : nous sommes au total 3 volontaires, et chacun travaille donc 1 jour sur 3. La journée s'organise en 2 shifts : un du matin (7h30 - 11h30) dans lequel on aide à la préparation du petit-déj des guests, on fait les lits pour ceux qui partent, ... et un du soir (20h - 00h30) où nous nous occupons de sortir des poubelles, étendre les lessives, ranger l'auberge... Entre les 2, une grande pause de 8h30, pendant lesquelles on s'occupe à... Regarder le Mondial de foot !
Non, blague à part (enfin, un peu...) on continue à prendre nos repères dans la ville, en donnant entre autre un coup de main dans une garderie le temps d'une matinée. Le plan, donné par notre collègue volontaire, nous plaît bien, puisque l'on prête main forte à Andrea, une maîtresse qui garde des enfants entre 1 et 3 ans, eux-mêmes issus de familles défavorisées. Lessivés au bout d'une demi-journée, on trouve cette femme bien courageuse et espère y retourner pour apporter une aide, qu'elle a semble-t'il apprécié.
Cette semaine est aussi une semaine particulière au Beehive, puisque l'établissement accueille pour 10 jours un groupe d'adolescents québécois déscolarisés. C'est la troisième année que Suzanna, la/notre responsable, participe à cet échange entre jeunes canadiens et jeunes boliviens. L'idée étant de montrer aux premiers le mode de vie des seconds, et de leur faire voir que tous n'ont pas la chance de grandir dans les mêmes conditions qu'eux.
Dès le lendemain de leur arrivée (ils sont 9 : 6 jeunes entre 14 et 17 ans, et 3 éducateurs), nous sommes réquisitionnés pour faire office de traducteurs. Ce qui nous permet également de visiter la Casa de la Libertad, édifice retraçant l'Histoire de la Bolivie, de la révolution de 1809 avec la première présidence de Simon Bolivar, jusqu'à celle actuelle d'Evo Morales, dont le mandat actuel fait plus que jaser dans le pays. Les jeunes québécois, pas réellement attentifs (c'est de leur âge), sont très sympa, et les éducateurs nous paient le repas du midi pour nous remercier d'avoir servi de traducteurs.
L'arrivée des canadiens rend notre auberge plus calme : ayant privatisés son premier étage, seul le rez-de-chaussée est investis de guests "classiques", ce qui fait passer leur nombre de 33 (au maximum) à une dizaine. Nos shifts en sont donc plus calmes, tout comme l'auberge de manière générale.
On revoit sacrément nos plans. Initialement ultra-motivés pour faire plein de trucs sur place, nous passons plutôt nos journées à se prélasser dans le jardin ensoleillé de l'auberge.
Nous faisons également quelques allers-retours au mercado central, dont les légumes sont toujours aussi bons et peu chers, et dont le repas nous y coûte 1,2€/personne (10 bolivianos). Et, par ailleurs, on arrive à passer entre les gouttes d'une épidémie de maladie qui s'installe sur 4 - 5 jours au Beehive, et qui aura fait perdre pas mal de kilos à pas mal de monde !
On se rend enfin dans un lieu dont on avait beaucoup entendu parler, le mirador de Recoleta, un point de vue sur l'ensemble de la ville. Ajoutez-y un coucher de soleil et une bonne petite binouze, et vous obtenez un moment fort sympathique, que nous partageons (encore une fois) avec Marion et Pascal, nos amis parisiens que nous avions déjà rencontré au Chili. C'est également avec eux que nous irons profiter du merveilleux France - Argentine, que nous nous attentions à voir rempli de français, mais qui était plein de... Boliviens, majoritairement supporters de l'Argentine !
Le soir, alors que nous sortons en ville boire un verre, on aura le droit à de nombreux "Felicidades" de la part des boliviens que nous croisons. Boliviens que, il faut le dire, nous trouvons super sympas, contrairement aux mises en garde adressées de la part des chiliens croisés quelques semaines plus tôt.
Ultima semana en Sucre. On n'a pas vu passer le temps, c'est assez affolant. Du coup, on en profite pour visiter le couvent San Felipe de Neri, un sublime bâtiment situé non loin de notre auberge, et que Suzy nous avait fortement recommandé. Bon, on n'est clairement pas déçus : pour 15 bolivianos (environ 2€), on pénètre dans un sublime patio tout blanc, et dont le reflet du soleil nous ferait presque mal aux yeux. L'émerveillement continuera lorsque nous grimperons sur le toit du couvent, nous offrant une vue très très sympa sur la ville de Sucre. L'endroit est désert, et on est très très content du conseil donné par notre responsable.
Le mardi, nous sommes très cordialement invités par les responsables du groupe de jeune québécois à aller voir leur spectacle de danse, qu'ils ont préparé durant leurs 10 jours de séjour à Sucre. Le spectacle est précédé de quelques discours bien sentis par les responsables des différentes organisations (l'échange est parrainé par l'association Oxfam), et, s'agissant de leur dernière soirée sur place, est ponctué par quelques larmes de tristesse. Très réticents au début, les jeunes et leurs éducateurs sont finalement ultra investis dans cette danse traditionnelle bolivienne ! Le final laissera place à de beaux sourires complices entre canadiens et boliviens.
Ceux-ci laisseront malheureusement place, le lendemain, à de nouvelles chaudes larmes. Nous sommes mercredi, et c'est le jour de départ du groupe de québécois. Initialement peu enthousiastes à voyager dans un pays qu'ils ne connaissaient pas, et aussi loin de leur Canada natal, ils s'étreignent bien fort quand il s'agit de se dire au revoir, et s'échangent des petits cadeaux en souvenir de ces 10 jours d'échange. Les réseaux sociaux feront le reste pour ce qu'il s'agit des photos, vidéos, et petits mots sympas. Ça rappelle les souvenirs de colonies de vacances, plus jeunes, où l'on croise des copains pour 2 semaines, avant que chacun poursuive son chemin de son côté.
Heureusement, le jeudi, on passe des larmes de tristesse aux larmes de joie. Coralie accueille ses parents les yeux tout humides à l'aéroport de Sucre. Ils nous rejoignent pour les 3 prochaines semaines, avec une première étape dans la ville blanche. Les prochains jours sont donc dédiés à la découverte de la ville : walking tour, visite des lieux et adaptation à l'altitude, évidemment. Notre dernier soir, on se rend au spectacle de danse traditionnel Origenes : 2h30 endiablées pendant lesquels toutes les danses traditionnelles sont pratiquées, avec un final en apothéose lors duquel les danseurs font monter les spectateurs sur scène. Expérience ultra-sympa, qui marque la fin de nos 3 semaines dans la ville de Sucre. Très très bonne expérience que ce gros mois passé dans cette ville charmante à souhait !