Nous avons enfilé nos raquettes au bord de la rivière gelée, et nous sommes partis pour une balade d'une heure.
La balade en raquettes permet de découvrir les paysages tout en marchant , avec moins de difficultés qu'a pieds ou en skis de fond, et de pénétrer dans des endroits où traîneaux et motoneiges ne peuvent pas aller.
Nous avons donc marché sur la rivière, c'était étrange de voir par endroits, sous la neige, la glace formée à la surface de l'eau, tandis que par endroits la glace laissait l'eau de la rivière apparaître librement.
Il fallait rester sur le bord de la rivière pour ne pas prendre le risque de traverser la glace. Je ne pense pas qu'un bain aurait été une bonne idée!
Nous avons atteint un confluent, une plus petite rivière gelée se jetait dans la grande, et de notre position nous pouvions voir un splendide panorama tout en blanc, avec tant de nuances de gris, bleus, et quelques touches de rose léger sur l'horizon. La lumière douce et en demi teintes de la nuit polaire nimbait tout ce paysage d'une ambiance de mystère, c'était incroyablement beau!
Nous sommes ensuite revenus sur nos pas, pour atteindre un kota de bois, un vrai kota typiquement lapon, où nous avons partagé un repas également typique.
Un feu de bois au centre du kota nous réchauffait, et des tables de bois étaient disposées tout autour. De petites fenêtres donnaient sur la foret et la rivière.
Nous avons partagé une délicieuse soupe de saumon, bien crémeuse , avec de généreux morceaux de saumon et des pommes de terre. Sur la table des tranches de pain et du fromage. Des carafes d'eau bien fraîche, sans avoir besoin de frigo, encore une fois, toute la magie lapone s'était invitée dans la pièce unique de ce kota.
Après ce déjeuner qui nous a comblé le corps et l'esprit, nous sommes sortis pour une épreuve dans le froid. Pour faire le café, nous allions devoir trouver tout le long du chemin, des sacs contenant tout le nécessaire pour le faire. Café bien sur, mais aussi du bois, des écorces de bouleau et des allumettes.
Ensuite, une fois nos trésors trouvés dans la nature, soigneusement dissimulés ( mais pas trop quand même) par Florent, nous devions le retrouver autour d'un tipi en pleine forêt!
La traque des indices fut l'occasion d'une nouvelle balade au cœur de la forêt , de nouveau ces paysages grandioses et figés dans la glace. Enfin pas si figés que ça, de soudaines bourrasques de vent faisaient dégringoler des arbres de gros paquets de neige, qui volait ensuite, nous aveuglant même par instants.
Mais nous avons mené cette quête à bien, et nous avons retrouvé Florent au campement.
Là il s'agissait de faire un feu, au sol une couche épaisse de neige, pour démarrer ce feu, des écorces de bouleau, quelques bûchettes de bois sec, et une boite d'allumettes.
Notre vie moderne et confortable, où il suffit de tourner un robinet pour avoir de l'eau chaude, où il suffit d'appuyer sur un interrupteur pour avoir de la lumière, de tourner le thermostat pour enclencher un chauffage, cette vie nous a fait oublier la patience et la souffrance et la frustration qu'on peut ressentir quand on lutte contre les éléments pour obtenir un peu de chaleur.
Le sol bien déneigé , les écorces de bouleau bien positionnées sur une planche de bois, on se dit allez c'est bon, ça va aller! Bien sur, sur le papier tout est bon, mais quand votre écorce commence à prendre, et que le vent souffle d'un coup la petite flamme dont vous étiez si fier......
Quand vous recommencez pour la troisième ou quatrième fois à allumer cette écorce, et que cette fois ci, une bourrasque plus forte que les autres envoie carrément un paquet de neige sur votre début de feu, noyant en une fraction de secondes tous vos espoirs, vous pouvez alors imaginer ce que devaient endurer nos ancêtres, et ceux qui vivaient ainsi , et qui parfois, dans certains endroits, vivent encore ainsi.
Au bout d'un moment, nous avons réussi à allumer un feu bien sur, et du café chaud a pu être préparé! C'est loin là aussi d’être ce café odorant, goûteux, que vous vous préparez dans votre cuisine, avec votre machine moderne, là il s'agissait de café qu'il fallait mettre dans l'eau bouillante, puis laisser décanter .
Mais là aussi, après ces efforts et cette souffrance pour allumer un feu dans le froid et malgré les éléments, on se dit que ce café, aussi mauvais soit il ( il n'était vraiment pas terrible!!) est grandement apprécié dans ces conditions. Et toute notre affectation à se dire "il n'est pas bon", ou " beurkk ça ne vaut pas mon expresso maison", vient du fait que nous savons pertinemment que dans quelques minutes, dans une ou deux heures tout au plus, nous pourrons bien au chaud au bar de l’hôtel déguster ce café que nous aimons tant.
Cette expérience vous permet, de retour dans notre douillet confort moderne, de relativiser, peut être pour plus ou moins longtemps, et de se dire que si nous devions être soudain plongés dans cet inconfort et cette précarité, nous serions bien heureux de savourer un café chaud, même s'il n'est pas si bon......
Le retour à l’hôtel s'est fait tranquillement, en marchant à travers la forêt, l'occasion d'admirer une fois encore ces couleurs et ces paysages incroyables, avec une pointe de tristesse qui commence à monter, en se disant que très bientôt, il faudra laisser tout cela et reprendre l'avion.
Mais ce n'est pas aujourd'hui, ni demain, et d'ailleurs demain nous partons à la rencontre de la population la plus importante de Finlande, les rennes !!!