Après dîner, et après avoir consulté la carte des Aurores ainsi que les prévisions sur l'appli My Aurora Forecast, ainsi que sur Auroramaniacs, me voilà décidé à tenter ma chance de chasseur d'aurores boréales.
Je prends mon matériel, appareil et trépied, je me couvre, et me voilà installé sur le lac gelé, les deux pieds dans la neige, face au nord bien entendu.
Je ne suis pas seul et bientôt d'autres optimistes se joignent à moi, beaucoup désertent rapidement devant les assauts du vent glacé qui souffle par rafales, et nous ne sommes bientôt plus que quatre enragés.
Nous consultons les mêmes applis et sites, et il est vrai que tout doucement le ciel devient plus vert, par moment même, faisant gonfler nos espoirs, il devient carrément vert!
Mais ce beau vert fini tout doucement par se diluer, et les applis donnent un pourcentage de probabilités en chute libre. Nous étions à 3% vers 22h, montés à 9% à 23h, et maintenant nous voici redescendus à 5%.
A minuit je finis par renoncer, laissant deux irréductibles assis dans la neige à attendre.
J'apprendrais plus tard que cette aurore est finalement apparue vers 1h30........
J'aurais profité de ce moment pour faire de belles photos du ciel étoilé, l'air est si pur et transparent ici, la pollution lumineuse tellement absente que je peux contempler à l’œil nu des millions d'étoiles, je vois facilement la Voie Lactée que je n'avais pas revue depuis des années.
C'est absolument merveilleux, et sur ce lac gelé, seul dans cette immensité gelée, face à la beauté de ce ciel étoilé je ressens une émotion intense m'envahir.
Je suis à la fois bouleversé, heureux, en paix avec moi même et l'univers!
La Laponie m'a refusé ses Aurores Boréales, mais elle m'a généreusement offert un moment d'une intensité et d'une beauté inégalable!
Cette région du monde, en apparence rude et froide, est en fait un pays de cocagne pour qui sait en aimer tous les trésors.
Ce matin , après une trop courte nuit , nous voici donc en route pour un élevage de rennes, partis à la découverte de ces habitants très importants de la Laponie.
Ils sont plus de 200 000 d'après ce que j'ai compris, à vivre en semi liberté sur le territoire de la Laponie Finlandaise.
Ces animaux semi domestiqués appartiennent tous à des éleveurs, et sont principalement destiné à l’abattage et à la consommation .
L'utilisation comme animal de trait est principalement réservée au tourisme.
Nous avons utilisé cette formule, une balade, courte, sur un traîneau tiré par un renne, bucolique à souhaits dans un paysage de rêve, sapin et neige partout, le froid vif qui vous pique la peau, nous sommes bien en Laponie!
Les explications données sur l'histoire du renne en Laponie, la vie des éleveurs, tout était passionnant et nous a permis de plonger dans l'histoire du quotidien de ce peuple . Voir l'intérieur de ces maisons, simples mais chaleureuses et confortables, et nous confronter à la rudesse des conditions de vie permet de comprendre leur quotidien.
Après ce premier contact avec les rennes, direction un igloo, construction éphémère, abritant un bar , un restaurant et des chambres. Construit de neige et de glace au début de l'hiver, il disparaîtra au premiers beaux jours pour renaître l'année suivante.
L'extérieur est sobre et surprenant, un énorme tas de neige, avec deux portes imposantes ouvertes sur la forêt. On pourrait penser à l'une de ces forteresses du Seigneur des Anneaux, et on s'attend à en voir surgir quelque créature fantastique.
La porte franchie on est émerveillés, un long couloir de glace, bien éclairé, le long duquel s'ouvre sur la droite des alcôves , des chambres, fermées par un rideau. L'intérieur est sobre mais élégant, un lit dans une alcôve dont les parois jusqu'au plafond sont gravées de sculptures faites dans la paroi glacée.
les salles à manger sont des dômes de glace et de neige, couverts de sculptures et gravures, et de longues tables de glace sont posées, avec de lourds rondins de bois en guise de sièges. Si la température à l'intérieur des pièces est basse, elle est bien plus haute qu'à l'extérieur.
Dans ce décor étrange et déroutant, nous déjeunerons d'un plat de renne et de pommes de terre, agrémenté de jus de baies chaud ou d'eau bien fraîche!
Le retour à l’hôtel nous laissera tout le loisir de repasser le film de toutes ces journées intenses.
Mais ce soir une nouvelle mission m'attend, repartir à la chasse aux aurores boréales, je ne m'avoue pas vaincu!
Deuxième épisode de la chasse aux aurores boréales. L'activité n'est pas très intense, elles ne seront certainement pas spectaculaires, mais j’espère quand même en voir au moins une fois dans ma vie!
Je m'installe donc à mon poste, sur la banquise locale, à savoir le lac gelé. Un guide m'a dit que jusqu'à une dizaine de mètres du bord la glace faisait à peu près 50 cms d'épaisseur, avec une température à -29, renforcée par un gentil vent du nord, je ne crains pas un dégel brutal. Je reste prudent, car dans la nuit j'entend de l'eau couler, plus loin des zones sombres me laissent penser que par endroit l'eau est libre et la glace a disparue.
Une fois installé, je n'attends pas longtemps avant de voir arriver des groupes de personnes voulant voir les aurores, la plupart sont simplement équipées de leurs portables, ou d'appareils photos simples et sans trépied.
Comme la nuit précédente, je profite de la magie de ce ciel étoilé, des lumières de la nuit sur la neige, de cette lumière blanche qui semble émaner de la rivière elle même. La magie opère de nouveau, je me sens privilégié de voir tant de beauté sauvage, là, juste pour moi.
Puis tout doucement, il se passe des choses là bas dans le ciel, la luminosité se transforme, le vert devient plus intense, mais surtout se concentre dans des zones plus précises. On sent quelque chose mais on ne sait pas bien ce que c'est.
Je déclenche mon appareil, et là il nous montre ce que nos pauvres yeux d'humains devinaient seulement, les aurores sont arrivées!
Effectivement l'intensité est faible, elles sont loin et peu lumineuses. Je prends photo sur photo, des gens autour de moi tentent de les prendre en photo mais sans succès, un seul seulement y parviendra. Très vite des groupes se forment autour de moi, chacun veut voir les aurores sur mon appareil où elles apparaissent nettement.
Alors je mitraille, jusqu’à ce que ma deuxième batterie me lâche à son tour, juste quand l'aurore se met à forcir en intensité.
Désespéré je me souviens que la chaleur ranime les batteries, alors je glisse la batterie gelée dans l'endroit le plus chaud sur moi.......
Oui j'ai fait ça, pour immortaliser une aurore je suis prêt à tout! Et ça a fonctionné. Je mitraille de plus belle, jusqu'à ce qu'elle déclare forfait pour de bon!
Des gens me demandent mon numéro de portable, me demandent comment ils pourraient avoir une de mes photos? Je donne mon numéro, et ensuite, ils m'envoient leur adresse mail afin que je leur envoie des images.
Je suis tellement heureux, alors que nous changeons de date, que je ne vois pas pourquoi je ne partagerais pas ce bonheur avec eux, ils ont espéré comme moi, ils sont venus braver le froid intense comme moi, se geler sur la banquise à moins 30, alors une fois rentré, les photos partent les rejoindre!
Ce soir je peux dire que j'ai vécu un rêve jusqu'au bout, je suis ému, énormément ému, avec le sentiment encore une fois d'avoir vécu un moment hors du temps, un instant de grâce et de privilège!
Merci la vie!