j'ai retrouvé Alceu pour les vacances de la Toussaint et on est parti en train à Saint Jean Pied de Port. Après notre passage à l'association jacquaire on est parti en taxi à la vierge d'Orisson pour commencer la marche.
nous avons débuté à Saint Jean Pied de Port par la visite en règle de l'association jacquaire ou une vieille bénévole bien allumée nous a briefé sur les obstacles à venir, et nous a fait la surprise de nous demander nos pièces d'identité. Alceu a du téléphoner à sa mère pour qu'elle lui envoie des photos de sa carte d'identité. la veille nous a dit qu'au monastère de Roncevaux en Espagne, cela ne passerait pas, il fallait absolument l'original, mais qu'ensuite cela ne poserait pas de problèmes. J'ai pris une coquille St Jacques à accorcher à mon sac à dos, histoire de rentrer dans le club, et j'ai senti effectivement qq chose à ce moment là, une énergie qui traverse tout le corps.
il faut dire qu'il y a plus de 1000 ans que ça dure cette histoire, il doit y avoir de bonnes raisons. Il y a des millions de gens qui ont marché sur ces chemins pour y aller. c'est plus qu'une mode, ou un conditionnement culturel ou même civilisationel. les indiens et les tibétains font la même choses à leurs heures. Lama Gendun, un vieux de la vieille des vrais tibétains a marché pendant un an comme ça à un moment donné à travers tout le tibet, quelque part au milieu de ses 30 ans passés en retraite. Il n'en était surement pas sorti pour rien. Bien sur il y a la visite des lieux sacrés, les bénédictions, les cérémonies.
Mais je suis persuadé qu'il y a là éventuellement une façon de tendre vers l'essentiel de ce que veut dire vivre.
Puis on s'est fait transporter à la vierge d'Orisson, presque a mi chemin, pour s'épargner une première étape de 25k; et 1200m de dénivelé qui nous aurait achevé avant d'avoir commencé.
là c'était psychédélique, cette vierge suspendu entre ciel et terre. en voyant la photo, j'ai dit à Alceu qu'il avait la couverture de son cd, il ne lui manquait plus que d'enregistrer les chansons.
Purée c'était fantastique, avec les pottoks et les moutons qui paissaient tranquilement dans cet espace immense, et ce vent, ce grand vent, la vierge s appelle en fait vierge de Baikori, ce qui veut dire les vents qui courrent, et pas pour rien.
Et dans cet immense espace des vautours planent comme si rien n"était, semblant ignorer le vent furieux. Il passe méme deux gypaetes barbus, le roi des montagnes.
Par contre les grues haut dans le ciel, au moins 50 qui forment un grand V, babillant sans cessent en quéte de leur victoire, passer le col pour l'Espagne, pour le sud. Elles s'y reprennent a trois fois, défaisant leur V pour tournoyer plus haut, toujours plus haut, et retenter leur chance en ramant contre le vent, pour finalement traverser et disparaitre au fond du ciel.
Après avoir encouragé les grues, à traverser, on a marché à leur suite dans le grand vent un bon moment. avec tout cet espace et ces animaux c'était grisant. Alceu l'a bien senti aussi, dès qu'on s'est arrêté il a sorti son carnet et à commencer à dessiner de façon décidé et en qq mn il a croqué un pirate visionnaire halluciné dans le vent lui aussi. avec cet espace et ce vent, et ces montagnes pareil à des paquebots parsemés sur l'onde, il se serait trouvé à son aise dans les hauteurs....
Cette croix, à l'orée de l'Espagne, annonce à son pied Je suis le chemin... avec la coquille saint jacques du chemin, invitant à la méditation du pouquoi l'on marche, sinon pour aller vers la vérité et la vie ?
on est arrivé juste avant la nuit. Mais cela s'est passé comme la bénévole de Saint Jean Pieds de Port l'avait prédit. Nous avons été refusé car Alceu n'avait pas sa carte d'identité mais seulement une photo. C'est un peu paradoxal, pour un monastère qui accueille des gens depuis le 12ème siècle, et dont la maxime disait en substance ici on accueil tout le monde, les chrétiens, les juifs, les musulmans, les bien portants et les malades, les croyants et les hérétiques. et la dame nous dit que ce sera partout pareil en Espagne, personne ne nous accueillera nul par dans aucun hébergement sans l'original, qu'ils ont des téléphones de contrôle de la police, elle nous laisse partir sans aucun conseil ni aucune solution. Nous ressortons un peu ébranlé avec Alceu, le crépuscule arrive. on délibère. il y a les bois pour mettre en application les technique de survie apprises l'an dernier et construire un abris, il y a la possibilité de rappeler le taxis et retourner a Saint Jean Pieds de Port. Mais heureusement nous avons la mise en garde de la bénévole de Saint Jean Pied de port qui nous laisse espérer que ce que nous a dit les dame n'est pas vrai. je décide de poursuivre jusqu'à Auritz à 3 km pour tenter notre chance dans une casa rural, un gite d'étape. Quand on arrive là bas, il n'y a aucun problème, la photos suffit. Et ce sera la même chose pour les deux nuits qui suivront !
Dans mes deux voyages dans les semaines qui suivent, j'arrive a 2 autres monastères espagnols proches de la France, ancien hôpitaux d'accueil sur la voie de Saint Jacques comme celui la. le monastère d'Urdax sur la voie du Batzan, et le monastère de zennaruza sur le camino del norte. he bien ni l'un ni l'autre ne m'ont même demandé mon passeport. Seulement la credential, le passeport de pelerin en quelque sorte, restant fidèle à eux-même et à la tradition spirituelle dont ils sont porteurs.
