Alleppey - la promenade en Houseboat

Publiée le 29/08/2017
Prêts à la gare routière de Munnar à 6.00, nous prenons le bus pour Allepey. Le Routard indique 5h de route, il nous en faudra 6h30. La journée commence bien : normalement la promenade en bateau commence à midi. Avant même d'être arrivés nous sommes en retard.

Sur la route cependant, nous traversons certains villages intéressants par leur architecture : de belles villas sont implantées aléatoirement au bord de la route, le long des chemins boueux, construites sur le modèle classique américain : un portail qui ouvre sur une allée centrale, un porche sous lequel garer la voiture, des balcons en saillies à l'étage et des piliers à l'entrée. Perdues au milieu de la forêt indienne, il y a donc de riches familles qui survivent sous la pluie. 


Une fois à Allepey, nous allons au port pour trouver un bateau dit "Houseboat" qui ferait toujours la promenade. Nous trouvons une petite affaire familiale, qui accepte de négocier un tarif réduit vu l'heure (14.00): c'est parti. Nous allons donc faire une promenade toute la fin d'après-midi sur les canaux, dormir dans le bateau et avoir le repas de midi, du soir et le petit déjeuner à bord. Nous serons de retour demain à 9h30 du matin. Le Houseboat (kettuvalam) est à l'origine une barge à fond plat en natte de coco et en lattes de bois colmatées avec de la résine de noix de cajou, qui transportait les marchandises. Très prisé par les vacanciers indiens bourgeois et les occidentaux, il existe en plusieurs déclinaisons : de la simple embarcation tissée et couverte avec une chambre, une salle de bain et une cuisine, au bateau plus moderne à étage avec 5 chambres, personnel et baies vitrées. Nous avons un compromis : un étage ouvert pour profiter de la vue et en dessous une chambre/sdb, une petite salle à manger, une cuisine et un salon ouvert à l'avant. 


La météo est clémente: s'il pleuvait à notre descente du bus, il fait une chaleur douce à bord du bateau et nous montons après manger sur le pont supérieur, à ciel ouvert, pour prendre un thé, checker notre prochaine destination et profiter de ce paysage d'eau de fin de journée, calme et ensoleillé.  Nous nous faisons la réflexion que cela ressemble étrangement aux hortillonnages d'Amiens. De petits canaux et des bras d'eau plus larges isolent de petites îles de terre, sur lesquelles sont posées ça et là des habitations colorées. Il y a aussi une école, un temple, un bateau-supermarché. Les enfants se lavent au bord de l'eau tandis qu'une vieille femme pêche patiemment avec un fil accroché à un bout de bambou. Des hommes passent à vélo le long de la berge et quelques poules courent au milieu des rizières en arrière-plan. Tout est calme, pas un bruit, même le moteur de notre bateau n'est pas sonore.


À bord, nous ne sommes que quatre : le capitaine (qui a un air de Michael Jackson à ses débuts, avec un sourire bien bright), le cuisinier, Adrien et moi. Le capitaine et le cuisinier ne doivent pas avoir plus de 25 ans et semblent être de bons copains qui se réjouissent de faire une balade avec deux occidentaux. Sympas, polis, discrets, attentifs, ils sont de très bons accompagnateurs. Nous ne sommes pas les clients les plus pénibles non plus ; je crois que nous sommes tous contents de cette balade. Nous ne voyons pas le temps passer et nous accostons à 18.00, lorsque le jour commence à décliner. Laissant le bateau et nos deux jeunes tranquilles, nous allons nous promener dans ces nouveaux hortillonnages, à la découverte du lieu. Les rizières s'étendent à perte de vue, un martin-pêcheur s'envole au-dessus de nous, des enfants accourent en nous lançant des "hi !", "hello!" guillerets.  Les habitants sortent sur le pas de leur porte pour nous observer en souriant.


Apres une heure de promenade dans la chaleur moite d'une fin de journée orageuse, nous sommes de retour sur le bateau. La nuit est tombée, le cuisinier nous a préparé un jus d'orange frais et termine de cuisiner le repas du soir. Nous nous installons à l'avant du bateau, à l'abri sous des tentures tendues pour nous protéger des insectes ; il fait bon alors que la pluie commence à tomber bruyamment sur le tissage en coco de l'embarcation. Nous mangeons un second repas excellent. Le premier comprenait du riz blanc, des légumes en sauce et du poisson frais frit. Ce second repas propose du poulet grillé, du riz, d'autres légumes et des chapatis (des galettes de pâte de farine de blé, qui ressemblent aux fajitas que nous connaissons), avec toujours une corbeille de fruits à disposition. Bien sûr, un thé "chaï" et une bonne douche clôturent cette journée ; n'oublions pas que nous sommes levés depuis 5.30 du matin. La fatigue aura raison de nous avant 23.00 et nous ne lirons pas plus d'une vingtaine de minutes sur le pont du bateau, en écoutant la pluie tomber juste derrière les tentures. De toutes façons, notre jeune équipage est déjà couché sur le pont supérieur, demain le bateau redémarre à 7.00.


Il est bien agréable ce moment où pieds nus sur le pont, loin de tout, isolés de l'atmosphère grouillante des ruelles de la ville, des odeurs de nourriture ou de pisse selon l'endroit où l'on se trouve, isolés enfin de ce remue-ménage incessant et bruyant qui nous éclabousse en roulant dans les flaques boueuses, on n'entend rien d'autre que la musique d'une embarcation au loin où des jeunes font la fête et les éclats discrets et sourds de l'eau contre la coque de bois. Les lumières lointaines d'autres embarcations dans la tiédeur du soir sont autant de veilleuses rassurantes, dans ce paysage d'ombres chinoises. 

Promenade sur le bateau
Promenade sur le bateau
Nuit sur le bateau
Nuit sur le bateau
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