C'est dans la baie de Bar qu'un navire français s'est égaré pendant la guerre de 14.. Touché, coule... Ça valait bien un Musée.
Mais je m'égare. Nous nous étions quittés à Bar sur un trottoir à 10h du soir. Pour venir à ma rescousse, un taxi à été appelé (je n' ai pas la carte sim Monténégro dans mon téléphone). Bonne pioche. Le chauffeur est sympa et il parle anglais. Il me demande ma destination. Je n'en n'ai pas et lui demande conseil. Mon budget est limité. Il appelle un collègue et me consulte :"25 euros avec le petit déjeuner, ça vous va ?" Tout me va., Demain sera un autre jour. Il me conduit à travers la ville par d'immenses boulevards déserts bordés d' immeubles et de terrains vagues (en fait ce ne sont pas des terrains vagues, comme nous le verrons plus loin) vers l'hôtel Pharos. Le prix de la course : 2 euros 50. Je lui donne un peu plus (lorsque l'on passe d'un pays à l'autre il faut envisager d'avoir en poche des devises de la monnaie locale. J'avais anticipé. Le Montenegro n'est pas en Europe, mais il a choisi l 'euro. J' ai donc remplacé les dinars de Serbie par des euros avant de partir) .
Cette topographie est en soi un résumé de l'urbanisme sauvage des Balkans qui misent sur l'or bleu (les rêves de plages des citadins de tous horizons, russes, serbes, hollandais, français...et bientôt chinois, car il faudra bien payer la dette). Le Montenegro est un pays minuscule, alors ce que l'on ne peut pas mettre en largeur, il faut bien l'envisager en hauteur, en arrachant quelques oliviers qui embarrassent, tout en gardant un, pour le décor.
Dans le labyrinthe de ruelles qui escaladent la montagne, il semble qu'il n'y ait aucun passage possible vers les grands espaces. Toute tentative aboutit à un cul de sac ou un mur en béton. Des chantiers partout. Les riverains me regardent d'un air méfiant "Qu'est ce que cette touriste vient faire chez nous?". Quelque part, ils n'ont pas tord. Par hasard, je demande ma route. L'homme ne comprend pas et me conduit chez la voisine. Elle parle anglais. C'est comme cela que j'ai rencontré Alexandra.
Un moment délicieux sous la tonnelle. Un café turc et des biscuits. Je n'ai pas à m'inquièter. Alexandra a le temps de bavarder, comme elle le dit en riant"Je suis une hedoniste", "j'aime lézarder au soleil, me baigner dans la mer, boire du vin, faire la fête.,,".Elle n'a plus de mari et 3 fils. L'aîné est footballeur professionnel. Les jumeaux, plus jeunes, veulent devenir marins. Elle a voyagé dans toute l'Europe et a des amis partout. Comme psychologue, elle a travaillé dans les ressources humaines pour une grande banque européenne. Alexandra a ouvert son propre cabinet avec des associées et pourra se permettre de ne pas travailler de tout l'été.
Le Montenegro ? La vie belle et facile dans un pays magnifique ? C'est un leurre. Le système mafieux verouille le pays. Les gens galerent, mais ils se debrouillent, comme en Serbie. Une vendeuse qui gagne 300 euros par mois peut s'acheter une paire de baskets à 120 euros. Comment ? Elle se débrouille.
Lorsque je lui ai demandé pourquoi elle m'avait proposé un café après coup. Elle m'a simplement répondu. J'ai pensé que vous aviez peut-être besoin de quelque chose, de l'eau ? un café ? Merci Alexandra pour le café turc. C'est le dernier que j'aurai bu dans ce voyage.
Sous son air sévère, un peu fauve de mâle dominant, le roi Nicolas 1er est un humaniste et un créatif. Il a fait ses études au Lycée Louis Legrand à Paris et à été enterré à Antibes. Il a construit cette belle demeure au milieu de nul part dans les années 1900. Une résidence d'été pour sa nombreuse famille (12 enfants). Il est à l'initiative de la construction du port réalisé par un architecte italien. Le Musée reconstitue l'ambiance de la vie de famille. Lors de l'annexion par la Serbie (unification ?) le roi déchu s'est exilé. Aujourd'hui la République du Monténégro a reconnu la famille royale. Arrière petits enfants, et arrière arriere petits enfants résident à Paris ou ils sont architecte, graphiste cinéaste... Enfin entrepreneurs et créatifs comme leur aïeul. Si cela vous intéresse, allez voir sur internet, l'histoire est à rebondissements.
Il y a 3 jours que je tergiverse. Les nouvelles de France sont loin d'être bonnes. J'hésite entre le retour et l'Albanie où les filles m'attendent dans un petit camping loin de tout au bord de la mer. (la navette locale n'y a pas accès et je dois envisager le stop).