Bonjour et bienvenue sur radio Norvège ! Nous sommes le mercredi 27 avril et c'est une journée printanière qui nous attend avec beaucoup de douceur et du soleil et surtout un peu de....
TUT TUTUTU TUT TUTUTU !!!
Le réveil de Clément déchire le silence. Il est 6h. On tire le rideau : une fine couche de neige recouvre nos motos. J'ai eu la flemme de bâcher la mienne hier soir, j'ai gagné le droit de la déneiger ce matin (procrastination quand tu nous tiens...). Il fait chaud dans la cabine, on a bien dormi. Petit dej, on charge les motos, et on va à la station service qui gère le camping pour rendre les clefs. On tombe sur un gars qui nous fait la causette pendant 15min dans la station surchauffée alors que nous sommes habillés comme des cosmonautes, je sens les gouttes de sueur perler sur mon front, il faut qu'on sorte de là. On abrège la discussion et on sors. Aujourd'hui on a un peu mieux anticipé le froid. Pour ma part ma valise est presque vide, tous mes vêtements sont sur moi (JC, c'est pour toi). 2 maillots techniques, 2 pulls, veste de moto + doublure, veste de pluie, sous pantalon, pantalon + doublure, pantalon de pluie, bottes, surbottes de pluie. Je ne sais pas combien ça pèse, je m'en fou ça me tiens chaud 😁
On entame la descente vers Stjørdal, sur une route de plus en plus... Enneigé ? Oui, il a neigé cette nuit, a certains endroits on ne voit plus le bitume ⛷️ tout est sous contrôle ! On se détend, on sert bien le réservoir avec les genoux, on relâche les poignées, on porte le regard au loin, on anticipe les gros morceaux de neige, et on stabilise tout ça en gardant bien les pieds sur les cales pieds. Ça passe, même si j'avais a l'oeil le poid lourd qui me suivait, heureusement a bonne distance. Il devait avoir pris un bon petit dej et ne semblait pas vouloir se manger un motard de bon matin 🏍️
J'avais déjà expérimenté la neige avec cette moto, mais là, avec 30 kg de bagages morts derrière et le plein, a 3000km de chez moi, c'est tout de suite moins marrant.
On atteint le bas de cette folle descente et j'ai presque plus chaud qu'en sortant de la station service. La journée commence bien: pas eu besoin des cordes 😜
On continue tranquillement, passant devant des paysages fantastiques toute la matinée, ça fait tellement plaisir. Il fait plus doux au bord de la Mer (5°C) ! Nous sommes revenus sur des grands axes et on croise "beaucoup" plus de monde qu'hier où nous étions au milieu de nulle part, dans les terres. Les routes sont sèches, hormis quand une averse de neige se pointe. On les vois venir à l'amas de neige collée sur les camions qu'on croise. Ça fait chuter la température et on se retrouve de nouveau avec de la glace partout. 3 averses de ce type aujourd'hui, la routine. L'avantage de la neige c'est que ça mouille pas 😁
Pause repas sur une aire pommée. On mange chaud. Café. Pompote. On s'apprête à repartir quand un camping car passe à côté. Des Normands ! Ils sont 4, en famille, pour un tour d'Europe de 1 an, trop cool ! On papote et on échange nos expériences. Les petites filles arrivent a reconnaître Scrat 🐿️
On repars revigorés, pour passer de nouveau à côté de spots extras. Un avantage d'être en moto c'est qu'on peut plus facilement s'arrêter en bord de route pour faire des photos. Parce que en Norvège, sur les aires où on peut s'arrêter il y a des arbres qui bouchent la vue... Frustrant.
On passe à côté d'une vue splendide, mais le temps de réaliser et s'arrêter, il y a des arbres au milieu, je dis à Clément : je fais demi tour, c'est trop beau pour rater la photo. Je commence à faire demi tour, va pour poser mon pied au sol pour rattraper mais... Ma surbottes de pluie se prend dans le teuteu de la béquille. Je ne peux pas me rattraper et m'écrase au sol. Je suis sur la voie d'en face, génial. L'airbag ne s'est pas déclenché, heureusement. Je me décroche, je ne suis pas coincé sous la moto, ouf, plus de peur que de mal. Un camion s'arrête pour nous aider à relever la moto. Mais je ne peux pas repartir, le levier d'embrayage est bloqué par mon pare main qui est tordu. Je sors les outils et bricole de quoi tenir jusqu'à ce soir. Sans pare main, les poignées chauffantes sont complètement inefficaces, et c'est aux mains que j'ai le plus froid donc il faudra réparer ça. En attendant ça tient avec du scotch 👍 il faudra que je fasse quelque chose pour ces saloperies de surbottes aussi, trop risqué. Les crash bars ont, une nouvelle fois, fait leur job et amorti le gros de la chute, et les sacoches latérales souples se sont déformées sans casser (chiant pour la pluie mais tellement plus robuste que des valises rigides dans ce genre de cas !). L'écarteur est un peu tordu mais hop, je tire dessus et c'est bon.
20 min de perdues. C'est reparti. Ah non, j'étais en warning, phares allumés. J'ai plus de batterie. Heureusement on est en haut d'une descente. Clément m'aide à me mettre dans l'axe, et je me lance. Je démarre "a la poussette" et ça passe ! Ouf, pas besoin de sortir le booster et tout décharger pour accéder à la batterie ! Mais je suis en réserve, et pour faire le plein il faut couper le contact ! Suspens...
On tire jusqu'à la station service, et sur le chemin je coupe tout ce qui est électrique pour économiser la batterie, dont les poignées chauffantes 🥶
On arrive à la station et je prépare pour couper le contact le moins de temps possible, façon Pit stop des 24h du Mans. Prêt ? Go !
Plein fait, la moto redémare au quart de tour, re-re-re-ouf. Quelle journée.
On repars et au stop on croise un camping car qui nous dit quelque chose ! 😜 Coucou !
Il nous reste 1h de route pour atteindre le seul Camping de la région qui ne soit pas fermé. La saison n'est pas encore lancée. Enfaite le Camping n'est même pas ouvert ! Mais quand Clément lui a dit au téléphone qu'on était en moto, il nous a dit: venez on va s'arranger.
On arrive donc dans une superbe cabine grand luxe, pour le prix d'une normale, extra ! Merci monsieur ! Et surtout, on est au bord de la mer et la vue est incroyable. Il fait grand soleil, ça fait du bien, je vais pouvoir bricoler la moto tranquillement et dans un cadre idyllique (si on aime la neige et la glace bien sûr). Je répare mes conneries, on profite de la vue. Huuum.
Demain, on doit franchir le cercle polaire !