Tresfjord - Forde - Bergen

Tresfjord - Forde via Geiranger

Samedi 30 avril. J'ouvre la tente, le panorama est splendide. Il fait beau, et le beau temps est annoncé pour toute la journée. On part direction le fjord de Geiranger. Sans doute le plus beau fjord de Norvège. La route pour y mener passe par les montagnes, ça tourne ! Ça nous avait manqué. On prend un premier ferry à Eidsdal, la traversée est courte. On monte ensuite dans la montagne, retrouver de la fraîcheur et de la neige. Les paysages sont vraiment splendides a cette période. Du vert et du blanc. On prend quelques claques et pas mal de photos avant d'arriver enfin a Geiranger. La vue est à tomber. La montagne plonge a pic dans l'eau, qui ne subit aucune variation. Le lisse de l'eau contraste avec les arrêtes des roches. C'est superbe. Il y a des cascades partout, il reste de la neige.... On profite de la vue un moment, jusqu'à ce qu'on aperçoive le ferry arriver. Mince, déjà ? Soit on prend ce ferry et notre repas sera pris a la va vite sur le pont (a moins qu'ils ne disent ok pour qu'on sorte le réchaud et les popotes ?), soit on se trouve un spot pour manger tranquille et on prend le prochain. Mais le prochain est dans 1h30... Ça va vite faire tard.

Allez, on prend celui-ci. On descend les lacets qui séparent le point de vue du port, à fond (enfin surtout moi, Clément s'arrête faire des photos). On embarque sur le ferry et la personne en charge de dispatcher les véhicules nous fait garer tout seuls sur une ligne. On se demande encore pourquoi. Le ferry part et on profite de la vue. Nous avons 1h15 de traversée tout le long du fjord. La vue d'en bas est impressionnante. On fait plein de photos. Et puis a un moment je regarde sur maps où nous sommes pour la suite du trajet. Et là je me rend compte qu'il y a 2 lignes de ferry qui partent de Geiranger... Mais nous n'avons aucune idée si nous sommes sur la bonne ou non, on n'a pas du tout vérifié avant d'embarquer ! On arrive au moment fatidique ou le bateau peut soit aller à gauche et nous amener à bon port, soit aller à droite, et nous emmènerai là où nous avons pris notre premier ferry ! Autant dire que dans ce cas là journée est foutue. Le bateau tire à droite... Eh merde. Et finalement il change d'avis et part a gauche ! Ouf... On arrive à destination après avoir grignoté un morceau. Je suis le premier a sortir du ferry, youhou ! Il ne faut SURTOUT pas se vautrer sur le pont en métal ! Vous imaginez les gros titres ? "Un activiste français en gilet jaune bloque un ferry avec sa motocyclette. Il a été immédiatement arrêté et placé en garde à vue". Du coup grosse pression mais tout se passe bien.

Aujourd'hui il fait beaucoup plus doux et on enlève des couches, c'est plus agréable comme ça ! Les routes monotones reprennent pour un moment, jusqu'à ce qu'on arrive en bas d'un col. Là je n'en peux plus, ça fait 4000km que j'ai une bande de peur de 10cm de chaque côté et que mon moteur n'a pas passé les 6000 tours. Je veux retrouver une condition humaine. Clément me dit: "tu passes devant ?" Ouiiiiiiiii !!!!!! Et c'est parti ! Je fais hurler le CBF. Fond de 2. Je prends les freins, je relâche progressivement sur l'épingle, je remet les gazs, ça redresse la moto et vroom, fond de 2, passe la 3. Et ainsi de suite. Ça fait un bien fou de "rouler" sans regarder le compteur. Juste la traj, le virage, le moteur. Huuum... Mais on n'oublie pas les bagages derrière, on n'est pas sur circuit non plus, et il ne fait que 7°C. La descente est plus tranquille. Mais les pneus sont enfin rodés 😜

On passe encore des paysages dingues et on arrive tranquillement à Forde a 17h. Journée relax, ça fait du bien au moral. 

Forde - Bergen via des culs de sac

Dimanche 1er mai. Il est 3h du matin. On a un peu forcé sur la tisane hier et je dois aller aux WC. Mais punaise, c'est quoi cette ambiance chelou dans la tente ? Hier ça ne faisait pas ça... J'ouvre délicatement la tente pour ne pas réveiller Clément, même s'il a un sommeil de plomb. Et là, surprise, tout est gelé ! C'est donc ça l'ambiance étrange. Ni une ni deux, je prends mon duvet. Hier nous hésitions a dormir dans le salon du bloc sanitaire où se trouvent 2 canapés. Là je suis sur et certain que je n'arriverais pas à me rendormir si la chaleur de mon duvet s'en va. Il fait trop froid pour moi. Je m'installe sur le canapé et termine ma nuit au son de la radio (oui, ils mettent exprès la radio à fond pour pas qu'on dorme là, pas fous non plus). Mais c'est mieux que les stalactites !

6h, je me réveille un peu englué mais je n'ai pas froid. Je Scroll les posts insta de Clément lorsque j'entends la porte du salon s'ouvrir tout doucement, c'est Clément. Bon la journée va démarrer plus tôt que prévu. Lui aussi est surpris par le gel, et pour la première fois il a eu froid. En même temps le ciel est tout clair, alors que depuis notre arrivée c'était en permanence nuageux. On prend une bonne douche et le petit dej à l'intérieur. Et en plus, hier Clément a trouvé une brioche "la boulangère" en faisant les courses ! On se régale, trempé dans le café. On plie bagages, mais c'est galère de plier des bâches gelées ! Je suis obligé de mettre la bâche de la moto au chaud un moment pour que ça fonde car impossible de la ranger dans son sac. Et pour la première fois du séjour je suis le premier à être prêt ! Décidément. On décolle un peu avant 9h, il fait 5°C, 👌

On prends quelques virages qui serpentent entre les lacs. La lumière est somptueuse, les montagnes se reflètent dans l'eau qui est encore très calme a cette heure-ci, ça fait des photos de dingue. On monte un col, ça tournois. On entame la descente et paf ! Uneuh claqueuh mes ayeux ! Vue sur montagnes et lac en partie gelé, fracture de la rétine. On redescend, mais on est vite en bas. On continue et on tombe en réserve. On n'a pas fait le plein avant de partir car les moto ont eu du mal à démarrer ce matin et nous ne voulions pas risquer la panne de batterie. On pensait trouver une station service en chemin mais la plus proche sur l'itinéraire est a 78km, sachant qu'il nous reste environ 90km d'autonomie et que nous allons faire des cols, donc consommer plus, c'est un peu tenter le diable. Nous entamons alors un détour pour rejoindre une station service plus proche. 50km de détour, ça paraît débile, mais la route est extra ! Une petite route qui longe un lac, magnifique, on fini enfin de roder les pneus. On fait le plein, et le GPS nous fait passer par un autre chemin. On trouve ça dommage, et on insiste pour retourner sur nos traces retrouver la route initiale. On longe de nouveau le lac dans l'autre sens. Puis on entame la montée du col. C'est superbe, on longe une rivière qui fait plusieurs cascades. On atteint un plateau, et la hauteur de neige a côté de nous de cesse d'augmenter. En chemin un panneau annonce "closed", mais Clément a vu un tunnel qui passe, donc on continue. La vue est superbe, on retrouve un lac gelé. Et puis on arrive à... Une barrière, fermée. Chier. "Euh, tu sais qu'elle est la seule route qui passe pour continuer ? Celle qui longe le lac !" Punaise, tout ça pour "rien", mais on a vu des paysages de dingues. On redescend. 100km dans le vent et 1h30 de retard sur l'horaire. La journée va être moins relax que prévu 😜.

On se régale de nouveau de la route, en espérant qu'il n'y ai pas un ou deux vieux au bord de la route qui nous aurait vu passer 3 fois...

On continue jusqu'à trouver un joli spot au bord du fjord, a Vadheim. On sort le réchaud et les popote, repas chaud, thé, sieste. On croise un couple de Suisses et on discute 5min. Puis on repars pour continuer sur notre lancée du matin. Mais non, pas des culs de sac, des virages ! Aujourd'hui on a prévu exprès, et des virages on va en avoir jusqu'à l'écoeurement, a supposer que l'on puisse en être écoeuré après une si longue disette ! On prend une route qui serpente le long du fjord, le bitume est parfait, un régal. On voit le ferry arriver, celui qui va nous permettre de traverser le fjord. Nous sommes les seuls. Le gars du ferry nous dit d'avancer, et nous explique que le ferry va faire plusieurs arrêts, mais que ça reste le plus court. Ok. On embarque. Le bateau part. Puis il nous dit de faire demi tour et de se placer dans l'autre sens. Rouler sur un bateau, il n'y a bien qu'en Norvège qu'on peut faire ça ! Et pour traverser le fjord, on va le traverser. En long en large et en travers, pas moins de 4 arrêts sont prévus ! On est perdus mais on profite de ce temps libre pour préparer l'itinéraire de demain.

On débarque enfin. Encore 1h perdue dans le vent. L'après midi sieste dans ma tente ressemble à un mirage... On prend (encore) une route somptueuse qui serpente, étroite mais d'une qualité de bitume extraordinaire pour un pays avec un hiver si rude et une majorité de véhicules en pneus clous. Nous sommes d'ailleurs surpris de la qualité générale des routes, du super équilibre entre ronds-points et carrefour, et du nombre record de dos d'âne franchis, moins d'une vingtaine ! Ça rend les trajets plus agréables, même si les limitations de vitesse sont généralement trop basses. Mais il y en a pour tous les goûts :30-40-50-60-70-80-90-110-120... On est souvent un peu perdus, heureusement le GPS nous aide.

On arrive finalement à notre dernier ferry, qui s'avère être un bac. Le gars descent du bac et nous annonce 20min d'attente. On a déjà pris assez de retard comme ça. Le détour par la route est de 15min. Allez, roule ! On repars dans l'autre sens. Journée des culs de sacs finalement !

Plus le trajet avance et plus on sent arriver la grande ville. Bergen est la 2e ville du pays. On croise de nombreux motards, dont la majorité roule en groupe. Ils ressemblent à des locaux, on est dimanche. Un groupe en sportives nous double a toute allure dans un tunnel, certains en roue arrière. On n'est pas dans le même délire avec notre bardas. On arrive finalement au camping. Nous hésitons a passer 2 nuits ici mais la proximité avec la route et la grande ville nous fait déjà regretter nos paisibles villes du Nord.... Ce ne sera qu'une nuit, et demain on cherchera un camping au calme au bord d'un lac/fjord. Il est déjà 19h, où est donc passé mon aprem tranquille ? 🧐

Mais pas grave, ce soir c'est resto ! On monte le camp et on se sauve, direction le centre ville. Quel relâchement de rouler sans bagages ! On profite de nos motos pour monter sur les hauteurs et s'offrir une vue splendide sur la ville avec le couché de soleil. On redescend ensuite sur le port pour se faire péter le bide avec de la bonne bouffe bien grasse. Nos corps réclament du gras après ce traitement de choc. On se rend compte que les motards par ici donnent une vraie impression de gang. Les échappement claquent, ils roulent fort et en groupe. Ça sent le rebelle ! Ça explique un peu les réactions que nous avons pu avoir parfois. Je ne sais jamais dire pourquoi on nous dévisage quand on est en moto, si c'est la veste qui impressionne où notre coiffure 😆

On prend le chemin du retour alors que la température est en train de chuter. Mais en chemin on se fait encore avoir par un cul de sac ! La journée du demi tour !