On passe deux petits jours à Medan, capitale de l'île, histoire d'organiser notre dernier mois de liberté. Une ville sans grand intérêt, mais où on sent déjà la gentillesse indonésienne.
120 kms de bus, 4h30 de trajet, un ferry de 25 minutes et nous voilà à Tuktuk, ville principale du l'île de Samosir, et vrai repaire à touristes. Le lac qui l'entoure est le plus grand lac d'Asie du Sud est et un petit havre de paix. C'est devenu touristique, mais on est en basse saison, alors c'est assez calme. Les hebergements vont du basique au luxueux. Les resorts rivalisent d'efforts: leur jardin (notamment d'orchidées sont tous très bien entretenus. Bref une vraie petite carte postale, parfois même avec un léger côté à l'européenne. A noter qu'ici, contrairement au reste du pays majoritairement de confession musulmane, les habitants, les Batak, sont a 99% chrétiens.
Comme c'est notre dernier mois de liberté (qui a dit "de vacances"?), avant le retour au boulot (desole Clem!), on se dit qu'on va rester là plusieurs jours et profiter.
Au programme: de la randonnée, du Scooter, de la nage tous les jours ou presque dans le lac.
La journee randonnée, c'est 46 kms sur les hauteurs de l'île, d'abord sur une piste puis sur un chemin forestier. Bon, c'est pas souvent balisé...
La journée en scooter est de loin la plus mouvementée alors on va vous la raconter ;)
A la base, ça devait être une journée vélo, mais, comme au Japon et dans beaucoup de pays asiatiques, les vélos proposés sont trop petits. Au moins, en scooter on pourra aller plus loin, plus vite. Pendant cette virée, on veut monter sur un volcan endormi. On trouve par chance un chemin qui semble y monter. Après un km, on croise un groupe de randonneurs. Ça nous étonne puisqu'on en voit vraiment pas souvent! Ils nous donnent des infos sur l'ascension: 6 kms très pentus nous attendent.Pendant la montée, on longe des cultures. C'est les mêmes baies que pendant la randonnée deux jours avant. Du café? C'est ce que nous confirme Livjon, le fermier qui travaille ici. Aujourd'hui, c'est férié, mais pas pour lui; sa femme, institutrice, lui file un coup de main.
On passe une heure avec eux deux. Ils nous en apprennent plus sur la vie ici. Dans cette province, ils fonctionnent en clan, les mariages interclans sont assez fréquents, mais inter religieux interdits. On hallucine quand Livjon commence à nous parler de ... Napoléon Bonaparte! L'homme de la terre est un puits de science ( et parle anglais)! Il est en fait passionné par l'histoire mondiale.
On lui demande comment il a pu devenir fermier avec tant de connaissances. Étrangement, il ne concevait pas de travailler ailleurs que dans un champs, à l'air pur. Et malheureusement il n'avait pas non plus les moyens de faire des études.
On échange sur nos vies respectives, il nous interroge sur l'Europe. On rit, on sourit, et on admire le décor, avec vue sur leur maison, en bas dans le village.
On se dit au revoir, après avoir fait quelques photos. On redescend et on les laisse travailler dans leur champs d'Arabica, apparemment reconnu dans le monde.
On retombe sur Livjon plus loin; lui en scooter, nous a pied. Il est sérieux, les yeux pleins de larmes. Il nous explique brièvement qu'un sage de son village et de son clan vient de mourir. Il retourne au village, pour honorer le mort, puisqu'ils appartiennent au même clan (sa femme, pour le coup, n'est pas autorisée, venant d'un clan different). En voyant ça, on se dit qu'on a clairement perdu ce lien clanique/tribal en France.
La rencontre fut brève, pourtant voir Livjon dans cet état, nous touche. Certaines choses restent universelles.
On est sur le chemin du retour, celui qui coupe l'île en deux et fait 45 kms, quand l'orage éclate. On a à peine le temps de s'abriter sous l'auvent d'une maison que c'est le déluge. Et on voit arriver 1, 2, 3,... non c'est une douzaine de personnes autour de nous (la moitié sont des gamins)! Personne ne parle anglais. On passe une heure à attendre la fin de l'orage et (surtout) à se regarder, et essayer d'en savoir plus les uns sur les autres. Ils travaillent aussi dans les champs de caféier, et nous offrent, le plus naturellement du monde, un café tout frais. En retour, on se prête joyeusement à la session photo. Ils n'ont jamais eu de touristes blancs chez eux.
Ils ne sont clairement pas très riches; les seuls signes de richesse extérieure sont quelques scooters, une camionnette, une petite tablette dont la protection représente la tour Eiffel (combien de fois l'avons nous vue depuis notre départ! Elle et Paris sont de vrais symbols en Asie!).
Alcamie rime avec départ pour nous. On a encore beaucoup de kilomètres de piste devant nous; en Tshirt et short, tels de vrais bleus! Mais avec un si bon café dans le bidon, on devrait y arriver.
Au final, le lac Toba nous laisse un agréable souvenir: du calme, du sport (nage, rando, course), de la bonne nourriture, des gens sympas et un beau décor.