Sumatra, c'est le foyer de la nature indomptable et indomptée. (Historiquement vrai: rappelez vous du tsunami du 26 décembre 2004...)
Entre les tsunami, les tremblements de terre et les éruptions volcaniques, on voit vite qui est le patron.
Mais en même temps, un des fers de lance touristiques de l'ile est ses deux volcans: Sibayak et Sinabung. Le second est actuellement fermé au public puisqu'en activité (activité mortelle pour le coup). On va donc pouvoir uniquement monter sur Sibayak, le "petit". Grande première pour nous que de gravir un volcan! Imaginez notre excitation! Celle ci augmente grandement quand, du village, on aperçoit au loin les fumerolles du volcan. (Ça fume déjà bien!) Mais ce n'est rien quand on aperçoit, presque par hasard, le Sinabung, qui est situé à une dizaine de kilomètres à vol d'oiseau. Voila un volcan comme on l'imagine: conique, immense, majestueux, entouré de nuages et de fumées.
Le lendemain, 6 heures du matin, nous voilà partis à la conquête de Sibayak. On a 10 kms en tout avant d'arriver au cratère (dont 8 sur une rouet asphaltée, empruntée par tous les scooters). Les deux derniers kilomètres se font sur un chemin tout mouillé, au milieu de jeunes Inonesiens hystériques. La raison? Les raisons plutot! De un, gravir le Sibayak est presque un rite initiatique ici, donc ils sont déjà tout emballés de leur futur exploit. De deux, ils bénéficient ce jour là d'un week end prolongé (ferié). Et de trois, des touristes blancs sont la, alors c'est selfie à gogo. On a aussi droit à un florilège de belles bourdes en anglais (et franchement, on a bien ri!). On vous en a gardé quelques unes: "good mornis!" / "where is your name?" / "Hello mister" (à Laure...) / "what are you going?". Bon, on vous dira pas que les jeunes Indonésiens ont droit à 4 heures d'anglais par semaine depuis leur entrée en 6eme...
Clément accepte presque toutes les requêtes photographiques tandis que Laure se débine.
On arrive au cratère, qui abrite un lac d'eau acide. Les fumerolles sont chaudes et sentent le souffre. La vue d'en haut nous permet d'admirer les alentours et surtout d'être les témoins d'une petite éruption volcanique du Sinabung: une belle colonne de fumée épaisse s'en est échappée pendant quelques minutes. En voyant ça, on se dit: pas le droit d'y monter, okay (roooooh...), mais on peut au moins s'en approcher!
On redescend fissa, on assiste à la chute (non grave) de deux scooters (c'est très pentu!), on casse la croûte vite fait (porridge de riz <3) et on saute dans un bus local, direction un des villages au pied du volcan. Sinabung, nous voilà!
On atterrit dans un village désert: après les premières menaces du volcan (en 2010), beaucoup d'habitants ont tout quitté. Ceux qui sont restés vivent désormais avec une appréhension quotidienne. Des panneaux d'évacuation ont été installés ici et là.
On passe 2 heures à l'admirer, d'un endroit, puis d'un autre. La fumée ne s'arrête jamais, et s'épaissit souvent. De certains points de vue, on peut entendre le volcan qui laisse échapper un grondement, et voir les roches incandescentes dévaler à toute vitesse la pente. Ici, la nature domine. Le volcan siffle, l'orage approche; on a droit à un ciel apocalyptique (fumées, nuages noirs, vent chaud...). Les nuages de l'orage s'engouffrent assez vite sur Sinabung. C'est irréel et magique. Et c'est une image et une sensation fortes qui restent en tête.
En rentrant, dans le bus, le nez collé à la vitre pour le voir encore un peu, on se demande s'il éclatera un jour...
on rédige ce billet après avoir appris le matin même, lundi 23 mai, qu'une eruption volcanique du Sinabung venait d'avoir lieu, tuant 7 personnes... pile dans le village où nous étions!