Nous partons donc de Oulan Bator autour de 10h30 du matin dans notre camionnette (où il est vain de chercher les ceintures de sécurité), pour rejoindre la route qui nous mènera à Karakorum. Après avoir surmonté les légitimes embouteillages de la sortie d’agglomération, nous nous retrouvons sur une route mi-terre mi-bitume sur plusieurs kilomètres. Là encore, tout semble en travaux. Avec l’accroissement de la population citadine, en périphérie c’est presque la course à la parcelle. De vastes enclos sont dressés alors même qu’aucune bâtisse n’est encore présente en leur enceinte respective (parfois même, ces enceintes n’ont même pas d’entrée !).
Anecdote : en Mongolie, le prix de l’essence est à peine moins chère qu’en France ( ~ 1€ / litre ), alors que le salaire moyen d’un mongol est de 200€. En France, en conservant ces proportions, l’essence nous reviendrait à environ 7.5€ le litre : l’essence est donc une denrée chère dans ce pays.
Nous sommes désormais en dehors de la capitale, et nous roulons vers Karakorum, avec environ 360 km à faire. Cette distance, en France et avec nos autoroutes, en 3 grosses heures c’est plié. Figure toi que là bas, c’est pas la même. Sur l’intégralité du trajet, nous étions super fiers d’avoir atteint les 100 km/h (nous étions en descente, le vent dans le dos) ! Et je peux te garantir qu’à 100 km/h, avec les routes que nous avions, les sensations étaient semblables à celles d’une séance de roller sur galets. En effet, les infrastructures routières si singulières nous laisseront de sacrés souvenirs.
Tout d’abord, il faut savoir que même s’il y a présence d’une ligne blanche au milieu de la route, il est surtout d’usage de se créer soit même son ajustement sur la chaussée. C’est une véritable prouesse que les chauffeurs mongols réalisent lors de trajets comme le notre. Virement brusque à gauche pour éviter un trou, ralentissement soudain car traversée d’un cavalier en pleine bourre, dépassement d’un pick-up avec une vache à l’arrière, sortie de route (même jusqu’à avoir les roues au delà du coté gauche de la chaussée, j’sais pas si tu vois…) pour éviter une énigmatique zone de travaux, autant de péripéties qui feraient passer un samedi de solde chez H&M pour de la bronzette au Club Med.
Une deuxième chose marquante sur ces heures de trajets, c’est la triste omniprésence de détritus sur le bord des routes… Pas une dizaine de mètres sans qu’une canette, qu’une bouteille de vodka vide où qu’un sac plastique n’erre sur le bas coté. L’absence de conteneur sur ces immenses étendues y joue pour quelque chose : personne pour ramasser, beaucoup de vent pour éparpiller des déchets, et des troupeaux d’animaux pour aller fouiner dans d’éventuels regroupements d’ordures. Découvrir cet aspect pollué de cette région était d’une part intriguant compte-tenu de la dimension exotique du voyage, mais aussi une réelle déception sur le plan humain : qu’en sera t-il dans une décennie ?
Les kilomètres s’ajoutent, et nous sommes toujours sur ces immenses lignes droites (encore plus longues à 70 km/h) au milieu d’un décor désertique où peu de végétation n’arrive à sortir de terre. Et pourtant, tout au long de notre voyage, nous croisons de nombreux troupeaux : vaches, moutons, chèvres qui vagabondent par-ci par-là a la recherche d’une touffe d’herbe verte, rare, au moins en cette sortie d’hiver. Les paysages nous arrivent tout de même de plus en plus beaux : les étendues de plusieurs kilomètres nous offrent de magnifiques panoramas de désert et de dunes, tous différents les uns des autres.
Finalement, après 8 heures de trajets, nous arrivons dans un de ces petits camps tenus par des familles à l’entrée de la vallée de l’Orkhon, vallée que nous remonterons plus tard. Ce petit camp est un vrai lieu d’étape, des yourtes sont à disposition à l’année (ou presque) et un confort minimum est assuré. Nous profitons de sanitaires acceptables, d’un repas chaud et d’un espace confortable pour le dîner.
Cette ultime étape, avant la très attendue semaine avec les cavaliers mongols, nous a permis de profiter d’une première nuit en yourte (presque) authentique, et de nos premières gorgées de vodka, très importante boisson (presque sacrée) dans ce pays. Une fois de plus, la journée à été épuisante (peut être que le décalage horaire est encore là aussi…), et nous profitons de ces bonnes conditions pour bien nous reposer pour la grosse journée qui nous attends. Je profiterai d’un prochain récit, plus adapté, pour te parler bien plus en détail des traditions des yourtes, mais aussi de celles qui tournent autour de la vodka.