Dès notre arrivée, les membres personnes de cette famille nous accueillent avec le sourire (aussi expressif que le notre, d’ailleurs !) et ne tardent pas à nous inviter dans la yourte familiale. Il est nous proposé immédiatement une boisson chaude, du thé au lait de yack. Évidemment, c’est une première pour chacun d’entre nous. Je ne sais pas si tu te souviens quel goût a la Floraline, mais c’est l’aliment le plus comparable que j’ai pu trouver pour te décrire ce thé. C’est un peu épais et relativement opaque. Avec ce met d’accueil, on nous fait circuler un soucoupe de crème, également à base de lait de yack. Cet agrément se mange à la cuillère, où dilué dans le thé. Nous sommestrès fiers d’enfin rencontrer ces gens, dont la vie nous est encore complètement inconnue et qui nous accueillent parmi eux.
Petit tour d’horizon…
Ces familles nomades de Mongolie se déplacent généralement quatre fois par an et emmènent avec elles leurs troupeaux et leurs yourtes. En hiver, où la température descend sous les -40°c, les nomades se déplacent jusqu’à un camp d’hiver judicieusement choisi qui leur permettra d’être à l’abris des vents forts. Chaque saison à son camp, sélectionné pour l’abondance d’herbes ou la qualité de son pâturage.
La yourte dans laquelle nous nous trouvons respecte chacune des caractéristiques des authentiques yourtes mongoles. La yourte est une forme symbolique du monde du peuple mongol. Ainsi, le caractère sacré de la nature et des esprits qui l’habitent confère à la yourte de nombreuses règles de vie qui doivent être respectées du moment que l’on rentre dans une de ces habitations étonnantes.
Tout d’abord, la porte d’entrée d’une yourte est placée au Sud, face aux deux piliers centraux qui représentent la liaison entre la terre et le ciel. Nous retrouvons d’ailleurs ces deux poteaux sur le drapeau mongol.
Si la porte d’entrée de la yourte dans laquelle nous souhaitons entrer est fermée, il n’est pas d’usage de frapper à la porte, mais plutôt d’annoncer sa venue à haute voie (et parfois de demander à tenir le chien). Il est impératif d’entrer dans la yourte du pied droit, sans jamais (JAMAIS, t’entends ?) marcher sur le seuil (petite marche séparant l’intérieur de l’extérieur). A l’époque de Genghis Khan, marcher sur le seuil était puni de lapeine capitale… Ça filait droit à l’époque, t’imagines le sort réservé aux jeunes qui passait leurs nuits sur Internet… Bref, il était plutôt conseillé d’enjamber soigneusement le pas de la porte. Pour l’anecdote, dis-toi que j’ai tellement fait gaffe à cette règle, que depuis mon retour en France, je continue à faire attention alors même qu’il n’existe pas vraiment de seuil chez nous…
Aussi, un des autres grands interdits est de passer entre les deux piliers centraux. Il est également de coutume de ne pas rester debout (bien que la hauteur au plafond soit suffisante), et il faut se déplacer toujourssur la gauche après être entré. Si ton hôte t’invite à venir à ses cotés, à la place d’honneur (face à la porte), accepte, c’est une chance ! Quand tu entres dans une yourte, n’enlève pas ton chapeau (soulève le légèrement en signe de salutations), et n’entre pas avec quelque chose qui pourrait s’apparenter à une arme (les cravaches, par exemple).
J’ai croisé des difficultés pour une des coutumes de vie dans la yourte : en étant assis, il ne faut jamais tendre les jambes vers quelqu’un ou vers le feu. Avec ma souplesse de poteau électrique coulé dans du béton, s’asseoir en tailleur était aussi simple que de réciter l’alphabet pour Ribery… T’imagines bien que la présence de tabouret était une aubaine pour moi.
Comme chez nous, il y a des règles de vie pendant les repas. Ces codes de conduites sont de vraies découvertes pour nous. Et nous nous sommes efforcés de respecter du mieux que possibles les habitudes de nos hôtes.
Tout d’abord, il faut recevoir ce qui nous est tendu avec les deux mains, ou de la main droite, mais en aucun cas de la main gauche. Souvent, il nous était proposé différentes préparations (thé au lait, yahourt, crème, etc…), et même si certaines saveurs ne semblent pas à notre goût, il est important d’accepter ce qu’on nous donne, et à défaut de finir notre part, d’y goûter. Cette règle est à respecter pour les aliments, comme pour les alcools. Même si certains sont forts, ou difficiles à avaler (nous y reviendrons dans un prochain article *sourire*), il est important d’y tremper les lèvres par politesse.
Lors d’un apéro, la personne qui invite à boire est la personne qui sera chargée de remplir les verres à ses invités. Cette personne délivrera en main propre le verre qu’il vient de servir. Une fois le verre bu, il lui revient, rendu aussi en main propre. Un deuxième verre peut être servi à la personne suivante de l’assemblée. Il est possible de faire une offrande aux esprits en trempant l’annulaire de la main droite dans son verre, puis d’envoyer les gouttes en l’air dans 3 directions différentes. Avant de basculer le verre (d’un coup, évidemment), les mongols annoncent « Tok toï« , c’est un peu notre « tchin tchin« .
Après cet accueil chaleureux, nous prenons place dans nos apparte…. dans notre yourte. Nous avons de la chance, nous ne serons que 5 dans notre grande tente ! Notre yourte n’est pas meublée, mais de bon matelas sont allongés sur des sommiers au sol, de quoi bien dormir. La nuit, il fait quand même assez frisquet, un poêle à bois est présent en plein centre, sur le sol. Sa cheminée est un grand tube qui expulse la fumée par un trou dans la toile. A peine le feu allumé que la température à l’intérieur de la yourte augmente : il peut faire très chaud si l’on sous estime le pouvoir de ces poêles en fonte. Vite chauffée, mais vite refroidie également ! La nuit, si tu ne prends pas ton courage à deux mains pour raviver le feu, tu peux vite te croire à la belle étoile un soir d’hiver.
La nuit, les loups rodent autour du camp. Il est d’usage de rentrer les brebis et bébés moutons pour éviter qu’ils ne se fassent emporter par les méchants loups. Pour régler ce problème, les mongols s’équipent de chiens :les chiens aboyeurs. Il nous avait été dit avant notre départ de se méfier des chiens aboyeurs, et qu’il était utile pour les dormeurs difficiles de prendre des bouchons pour réussir à dormir. Pour le coup, on peut dire que ces chiens sont des chiens bien choisis ! A peine la nuit tombée, le chien aboyeur… aboie. Tu penses bien que c’est une super berceuse pour s’endormir. Il s’arrête au moment ou le jour se lève. Ça fait peut être fuir les loups, mais pas la fatigue…
Notre camp est composée d’une petite dizaine de yourtes. 3 petites familles y vivent, et chacune ont leur propre yourte. Deux sont réservées à nous, visiteurs éphémères, 2 autres sont là pour… les bébés chèvres ! Nous y reviendrons plus tard, l’expérience est suffisamment anecdotique pour être décrite plus amplement.
Face à notre camp se trouve une colline de taille moyenne, un de ses versants est boisé de mélèze. La vue est incroyable et nous pouvons contempler les steppes vertes sur des kilomètres et des kilomètres. La vallée de l’Orkhon est une vallée formée par d’anciennes coulées de lave, nous avons la chance (et c’est pas peu dire!) d’avoir un chaos de rocs et de pierres volcaniques à proximité. En effet, vous vous doutez bien que niveau sanitaires, les steppes mongoles, c’est bien, MAIS PAS TOP ! c’est un luxe d’avoir un espace attenant plutôt discret pour aller fair… enfin bref, tu m’as compris, j’aime me laver les dents sans être dérangé.