Mardi 3 novembre
On arrive en fin de journée à Kathmandu, après une heure pour obtenir nos visas. Pas de visas 60 jours comme indiqué sur lonelyplanet, c'est 15/30/90jours. Avec notre billet d'avion pour le prochain pays déjà acheté, et prévu 36 jours plus tard, beh on prend un visa 90 jours ($100/pers.).
On sort et on découvre vite la gentillesse nepalaise: même les chauffeurs de taxi à la sauvette t'aident a prendre le bus. C'est bruyant, poussiéreux, mais ça fonctionne. L'hôtel que nous avons réservé ne se trouve pas à l'adresse prévue, mais en demandant, on nous aiguille vite: tout le monde sait où se trouve chaque hôtel et surtout tout le monde parle anglais. Pour nous qui débarquont de Chine, pouvoir communiquer facilement avec l'autre est reposant. Une grosse journée nous attend demain.
Mercredi 4 novembre
Aujourd'hui on doit:
Visiter Katmandou
Acheter des vêtements contre le froid
Louer des bâtons
Louer ou acheter des chaussures de randonnée (les nôtres étant HS)
Faire les cartes TIMS (permis de randonnee) et ÀCAP (permis pour la zone de protection des annapurnas)
Trouver le bus pour le lendemain matin
Manger dans ce nouveau pays
Avoir quelques friandises pour la randonnée, moins chères qu'en montagne
Avoir internet avec un numéro de téléphone nepalais.
Tout se fait bien, on marche pas mal, on se couche le soir, un peu tard mais avec tout d'accompli.
On a découvert le quartier de Thamel; on a trouvé des vêtements contre le froid; les bâtons sont loués; les permis ont été validés en moins de 30 minutes à l'office de tourisme; biscuits nourissants, miel, beurre de cacahuète, des "oreo de la victoire" pour célébrer le passage du col et une thermos pour boire du thé partout sont venus alourdir nos sacs; les chaussures ont finalement ete achetees, de vraies contrefaçons Népalaises, fortement non recommandées par les guides touristiques. On verra si ça tient la route; on croit en nos pieds! Et enfin, on sait d'ou part le bus demain matin, à 7h et que le ticket peut être acheté sur place.
Jeudi 5 novembre
Réveil à 5h20. On file vers la gare, 40 minutes plus loin. Un soldat nous guide vers le comptoir des tickets puis vers le bus. On petit dejeune local: un curry de pois, une sorte de pain naan et un masala tea .
Le bus:
18 premiers kms en 2 heures, puis les 180 autres en 8h30. C'est arrêt partout, chargement et déchargement de personnes, de cartons, de légumes. 15 Nepalais, plus ceux qui montent et descendent, pour 10 touristes blancs. Pour un bus touristique vers la zone la plus fréquentée du pays, c'est pas tant que ça. Le trek commence officiellement à Besi Sahar, mais on a préféré aller jusqu'a Buhlbhule, 10 kms plus loin: c'était 10kms de bus-4×4. Certaines femmes criaient à la vue du ravin et des cailloux qui tapent le plancher, mais c'était marrant!
A l'arrivée, comme tout le monde, on prend la première guesthouse, parce qu'il pleut averse et qu'il fait nuit.
On ne fera pas le déroulé détaillé de chaque journée de Trek; d'une part pour ne pas gâcher le plaisir de ceux qui voudraient faire le tour et d'autre part parce que ça pourrait être trop répétitif.
A la place, on parlera plus de notre ressenti des treks, des rencontres qui nous ont marquées, et du Népal en général.
Les jours de marche commencent. Il faut d'abord monter jusqu'au col, à 5400m d'altitude puis redescendre de l'autre côté de la chaîne des Annapurnas. On a du temps devant nous: l'idée est d'avancer à notre rythme (qui varie selon l'envie), toujours sur le chemin (et non sur la piste), et d'arpenter les circuits annexes. En gros, on fait la région des Annapurna à fond. On découvrira aussi des treks secondaires: ceux du Ice Lake (4600m) et du Tilicho Lake (4990m).
Lors de notre deuxieme nuit dans les montagnes, on a rencontre Pancha. Il est propriétaire de guesthouse et également chef de son village. Foncièrement écolo, il a mis en place dans son village une centrale hydraulique à partir d'un cours d'eau, afin d'avoir l'électricité tout le temps et gratuite. Il lutte pour la protection des animaux. Et en plus de tout ca, il donne aussi des cours d'anglais pour adultes, principalement axé sur l'écologie et le développement responsable.
Il est joyeux, accueillant et gentil, mais avoue ne pas apprécier une bonne partie des touristes. Sa guesthouse est familiale et les plats de sa femme, faits avec les fruits et légumes biologiques de son potager, sont très bons, ce qui ne gâche rien.
Actuellement, il dessine un nouveau chemin pour creer un trek au départ de son village. Il lui reste à organiser la construction d'un pont dont il a obtenu le financement via des aides: les éléments du pont sont à monter à dos d'hommes, mais ça n'avait pas l'air de le chagriner. Clément a vu les photos qui sont prometteuses.
A l'heure du départ le lendemain matin, on a eu droit à l'écharpe nepalaise et a une petite cérémonie pour nous souhaiter bonne chance pour notre trek. Merci Pancha!
On part avec des sacs d'une douzaine de kilos tout compris (duvet, eau, nourriture, soins etc), mais c'est un peu plus pour Clément Poullet Sherpa : il allege de quelques kilos le sac de Laure, qui a été malade dans la première guesthouse (intoxication alimentaire... ). On marchait doucement les deux premiers jours pour que Laure se requinque, mais finalement, on retrouvait les mêmes personnes le soir dans les guesthouses.
Les guesthouses sont très bien: souvent avec douche chaude, on s'en sort pour 20 euros à deux, dîner et petit déjeuner inclus, mais sans excès. Les guesthouses sont parfois de simples chalets en bois avec poêle, et d'autres fois des blockhaus-usines, sans charme mais propre.
Question difficulté, c'est modéré: nos sacs sont assez legers; on a repas chauds et lit douillet tous les jours. Y'a moyen de marcher longtemps ici! Nous, on se réserve: on marche 5 à 7h par jour. On ne fait pas la course, on savoure la vue, on marche à notre allure, mais on sent une petite compétition ente les marcheurs. Certains l'avouent, et c'est rigolo, pendant que d'autres veulent se justifier d'être plus lent. Vous n'imaginez pas le nombre de fois où on a entendu "oui mais moi, je profite, je prend des photos, j'observe", et c'est souvent les mêmes qui arrivent de nuit, dans le froid dans les guesthouses, les traits tirés, avec juste assez d'énergie pour manger une soupe et aller se coucher! Ici, c'est un monde qui mélange sportifs à la poudre protéinee, avec des gels et des barres en tout genre dans la poche, aux gens plus "nature", qui sirotent leur thé et savourent leur Dahl bat.
Dans cette partie du trek, les Nepalais (gérants de guesthouse, porteurs, guides) sont accueillants et souriants. On découvrira plus tard que guides et porteurs ne sont pas infatigables et qu'eux aussi aiment la compétition.
On passera facilement le col après s'être acclimaté au Ice Lake et au Tilicho Lake.
En grimpant haut, à partir de 4000m, on découvre les effets de l'altitude, et c'est, disons, intéressant. Les limites sont plus vite atteintes; la respiration est plus forte, ce n'est pas plus dur, c'est juste plus lent. Par contre, ça rend un peu saoul et euphorique, un peu comme l'alcool. Sentir ses limites au bout de quelques mètres, c'est comme repartir de zéro, ne plus avoir de condition physique. Pas forcément désagréable, juste inhabituel.
Mais à long terme, ça fatigue bien la mecanique: le sommeil est moins bon, la digestion irrégulière. L'envie de redescendre se fait ressentir.
Pour cette rando, on marche sans sac. On les laisse à la guesthouse, pour monter au Ice Lake, et au delà, à un point de vue repéré sur notre carte à 4800m d'altitude. L'occasion de faire du hors piste, dans la neige, dans la montagne, légers. Bref, un petit Mont-Blanc.
Partis les derniers de la guesthouse (le sommeil c'est precieux), on a quitté le chemin pour aller au point de vue qui surplombait le lac 200 mètres plus haut. Ça soufflait fort et il faisait froid. On a goûté les premiers effets de l'altitude. Du lac, Yann nous a pris en photo alors qu'on redescendait. On a pris notre casse croûte au soleil face à l'Annapurna II et on est rentrés à la guesthouse .... les premiers.
Avec notre copain Yann, on a pris nos sacs et on est partis dormir au village suivant, point de départ pour le Tilicho Lake.
Mais qui est Yann?
Sûrement la plus importante rencontre de ce trek, on vous présente Yann, avec qui on a marché une petite quinzaine de jours. Il a un sac de 10kg sur le dos (avec tente) et n'a pas peur de dormir en sauvage dans la montagne. Juste avant qu'on se rencontre sur le tour des Annapurnas, il a d'abord fait 3 cols à 5000m dont l'everest base camp.
Il conduit son camion pendant 4-5 mois sur les routes d'Europe et profite des mois suivants pour voyager. Il fait ça depuis une vingtaine d'année. Un vrai baroudeur, a la gueule de pirate et au rire puissant. Il a aussi une maison, avec femme et 4 enfants... au Mozambique. Il est facile à vivre, ne se prend pas la tete, est toujours partant pour une bonne marade, et a pas mal de choses à vous apprendre. Il a déjà eu plusieurs carrières en tout genre, en France mais aussi en Amérique du sud.
Petite particularite: c'est le seul trekker qu'on ait rencontré sur le tour (mais aussi dans notre vie) à marcher avec un joint à la main ;) Clément et lui ont aussi beaucoup parlé course à pied: il est déjà adepte de la course pied nus, marathonien, et éternel traileur.
Il nous a fallu 3 jours pour faire ce trek secondaire, en compagnie de Yahn:
La première journée pour rejoindre le Tilicho base camp et ses 3 guesthouses; paysage sec, rocailleux, un peu comme les Dolomites italiennes;
la seconde pour monter, à nouveau sans sac, jusqu'au lac à 4919m, et retourner à la même guesthouse; contrairement au Ice lake ou on est descendu partiellement en courant, pour la descente du Tilicho lake au base camp, on s'est fait plaisir, et on a dévalé la montagne! C'est grisant comme jeu!
et enfin la troisième pour retourner sur le circuit principal.
C'est certainement l'une des zones les plus impressionnantes de la région. Ce detour nous a fait découvrir les Annapurnas sous un autre angle: elles sont enneigées, majestueuses, et font étrangement face à des murs de roches balayés par le vent, identiques à ceux des canyons. C'est dément.
Après le col, c'est course en descente vers l'oxygène. On passe de 5400m à 3700m en moins d'une heure. De ce côté c'est beaucoup plus sec, plus aérien, plus scénique.
C'est à la pause du midi ce jour là qu'un guide français nous apprend les attentats du 13 novembre. Beaucoup d'incompréhension, et de tristesse.
Le soir, on pose nos sacs à dos à Muktinath, début de la piste carrossable: le trek va etre moins engagé, moins sauvage.
Le paysage a clairement changé, maintenant que le col est derrière nous. On a entendu que "l'apres-col" ne valait pas le coup et qu'il manquait de caractère, la faute a la route. Consequence: après Muktinath, beaucoup de randonneurs prenaient bus ou avion pour les grandes villes (Kathmandu et Pokhara), laissant le chemin avec beaucoup moins de marcheurs.
Nous, on a trouvé ça très beau, très typique. On a rarement marché sur la piste carrossable, tout ou presque s'est fait sur le chemin. On a aimé le joli village de Marpha, les lits de rivière asséchée, on s'est amusés à regarder Yann cueillir sa précieuse herbe. La présence de la piste fait baisser les prix et apporte plus de choix dans la nourriture, notamment en boulangerie! Les terres sont plus cultivées, on retrouve plus souvent veaux, vaches, poules. Y'a de la vie, quoi!
Jack & Steve :
On les avait rencontrés furtivement au Tilicho base camp, mais c'est surtout à la guesthouse juste avant le col (thorung high camp) qu'on a vraiment fait connaissance. Ils sont trentenaires, sacrément british . Entre les 3 francais et les 2 saxons, le courant est bien passé. On a passé l'après midi ensemble et c'est avec plaisir qu'on les a retrouvés le lendemain dans la guesthouse Bob Marley, pour refaire la même, mais cette fois avec une bière. Par la suite, ils allaient faire du VTT.
Les 4 Hollandais :
Deux couples d'une quarantaine d'années : Jacqueline et Alex, Nathalie et Edwin. Les premiers avaient déjà fait le tour des Annapurnas, et sont de grands fans de vélo. Les seconds sont de vrais trekkers, ayant déjà baroudé à travers l'Europe, et qui nous ont conseillé un trek en Pologne.
On les a souvent croisés tout au long de notre périple. Ils marchaient doucement mais sûrement et longtemps. On n'à pas de photo de ces 6 personnes, mais on a vraiment apprecié leur compagnie.
Durant le trek, on a parlé beaucoup et à beaucoup de gens differents, quelques uns nous ont vraiment marqués.
Avec un Clément qui file avec Yann, Laure se retrouve toute seule à trekker sur la fin du circuit. Une grande première!
L'idée est d'aller au bout du tour, à Birethanti, en passant par Ghorepani. Les deux premiers jours sont tranquilles, il y a très peu de trekkers. Mais la fin du trek n'est pas synonyme de facilité : oui, le col est passé, le plus dur est fait, mais il y a encore 1200m de dénivelé positif à monter, et ça, sur moins d'une matinée, en grimpant des marches qui ne se ressemblent jamais.
Une fois arrivée à Ghorepani, l'ambiance est differente: il y a beaucoup plus de monde, de guesthouses. Il s'agit en fait d'un des "balcons" sur les Annapurna. Ghorepani (ou je me trouve) et Poonhill (pas fait) attirent les trekkers de quelques jours et autres touristes, qui veulent admirer la vue panoramique sur les Annapurna et Dhaulagiri (7e montagne la plus haute du monde). Si la descente est technique mais se fait bien, la montée semblait raide et éprouvante ! J'étais bien contente d'être dans le sens de la descente! De quoi finir le tour des Annapurna de manière légère!
Début du trek : 6 novembre 2015
06/11 - 09/11 : Trek principal (le tour des Annapurnas)
10/11 : ice lake
11/11 - 13/11 : tilicho lake
13/11-18/11 : retour sur le trek principal, arrivée à kalopani (préparation du Annapurna base camp nord)
15/11 : passage du col
18/11-19/11 : repos + préparation du Annapurna base camp nord
20/11-23/11 : trek principal en solo pour Laure // Annapurna base camp nord pour Clem, avec Yann