Un scooter (loué) sous nos fesses, un sac à dos pour deux super léger (ni tente ni duvet), et on décolle pour cette baie connue mondialement et donc inscrite à l'UNESCO (ou serait-ce l'inverse?).
180 kilomètres du point A (noï) au point Baie... ça conduit mal ici! Pas où peu de clignotants, plein (PLEIN) de feu rouge grillé, des scooters à contre-sens, des ornières, des travaux, tout du long...
Après avoir roulé au Japon, en Thaïlande, au Cambodge et au Laos, on peut dire que le pire, c'est le Vietnam. Et pourtant, c'est ici que les jeunes trentenaires touristes (principalement occidentaux) achètent une moto pour traverser le pays du nord au sud, ou inversement. Rien qu'en face de notre guest house, à Hanoi, il y avait 4 affiches de moto à vendre...
En général, Clément s'amuse et est à l'aise dans le trafic, mais ici, au Vietnam, c'est autre chose; on n'a jamais été exposés à autant de quasi-accidents. Bref, si c'était à refaire, on referait autrement, sans scooter: trop de risques inutiles!
Mais revenons-en à notre baie.
Étonnamment, et à notre plus grand plaisir, la baie n'était pas débordante de touristes. La fin de saison? Peut-être.
Toutefois, on a pu constaté que cette zone n'est pas vouée à rester éternellement préservée de la sur-activité humaine. De l'hôtel où on a dormi, on pouvait voir, en construction, le parc d'attractions le plus grand d'Asie du Sud Est, à même la rive.
Un petit coup de ferry (quasi vide) à travers les roches et nous voilà sur l'île de Cat Ba, la plus grande de la baie.
Calme, encore assez sauvage dans l'ensemble, Cat Ba passerait presque pour un petit coin de paradis, encore plus après l'effervescence de la capitale et la folie de la route.
Ici, ça vit du tourisme, bien évidemment, mais aussi de la pêche et de l'agriculture. On a pu observer le ballet des bateaux de pêche qui rentrent au port et les pêcheurs qui rangent cordes et filets. Leur bateau sont assez vieux, ils petaradent et enfument les alentours, la peinture s'écaille. Mais ça a un certain charme.
On profite de Cat Ba pour faire d'abord une journée kayak. On a refusé les propositions des tours opérateurs et on a loué notre coque pour la journée. Pas de guide, pas de carte, pas d'appareil photo (du coup, zéro photo...), mais une boussole, un carte sommaire décalquée à la main, des vivres et nos bras: on part léger!
On a ramé toute la journée dans la baie. On a ainsi pu passer près des villages flottants, près des roches, le tout sous un soleil de plomb. On a été un peu déçus côté faune et flore: on a juste vu quelques petits poissons, une méduse, quelques aigrettes, plusieurs buses, mais c'est tout. Pas de crabe, de gros poisson, de mouette...
Autre chose nous a etonnés: avec son statut "patrimoine mondial de l'UNESCO", l'île et son evironnement sont sensés être protégés. Du moins, c'est ce qu'on pensait jusqu'à ce qu'on voie, au detour d'une falaise, une énorme platform pétrolière offshore... Sans commentaire...
Seconde journée à Cat Ba, c'est randonnée, dans le parc naturel de l'ile! On quitte le port, direction les terres. Quatre heures sur le même chemin aller et retour de montée et de descente, en forêt, c'est assez physique: les racines sont sournoises, le dénivelé est tumultueux et l'ombre est la bienvenue.
A l'entrée du parc national, on a encore eu droit à la mauvaise foi vietnamienne...
Apres avoir garé le scooter, on paie l'entrée pour le parc, au comptoir. En nous rendant la monnaie, la jeune femme nous en donne moins que prévu: "c'est pour le parking..." bien sûr, rien ne l'indiquait nulle part...
L'île de Cat Ba était sympa, mais pas de quoi y traîner des lustres. On reprend presque la même route dans l'autre sens.
On termine notre journee à une trentaine de bornes de Hanoï, à Kep, ville qui semble clairement sans intérêt. Cette ville n'apparaît même pas sur maps.me (notre application cartographique).
Clément décidé d'aller dans un cybercafé pour y faire une partie de jeux vidéos. Au Vietnam, on trouve presque toujours un cybercafé dans chaque ville, ça fait partie intégrante du paysage.
C'est là qu'il rencontre Tao et sa famille (son frère, sa belle-soeur, son neveu et un ami). Il se fait inviter à leur repas. Une heure passe, Laure le retrouve par chance, tranquillement installé dans le canapé de ses hôtes, à siroter un thé...
Et nous voilà tous les deux, au milieu de cette famille, à boire du thé et à faire connaissance. Seul Tao parle anglais, mais son frère et sa belle-soeur semblent comprendre une bonne partie de la conversation.
Tao a 30 ans, mais en paraît 25 (ils sont vexants, ces Asiatiques...), n'a ni copine ni femme, et désespère d'en trouver une un jour. Il bosse dans la ferme de fruits de son père, le mois de mai à plein temps et un jour par semaine le reste de l'année. Comme la charge de travail n'est pas éreintante, il se dit feignant. Son salaire avoisine les 250 euros par mois. Il n'a pas de voiture, juste un scooter, comme beaucoup de monde dans le pays. Bien que pas très riche, cette vie lui plaît plutôt bien; il sort souvent avec ses copains, fume, et peut se payer les vêtements qu'il veut (fake bien sûr, tous confectionnés au Vietnam). Enfin, c'est plutôt sa mère qui se charge de les lui acheter, lui il a la flegme...
Comme il le dit souvent: "we are poor but we are happy" (on est pauvre mais heureux). Résigné, le Tao? Peut-être un peu; il lorgne pas mal sur la publicité pour le dernier IPhone...
La soirée continue. Il est 21 heures et on dit bonne nuit aux neveu, frère et belle soeur pour aller avec Tao et son meilleur ami, Ting, en voiture au.... karaoké! Grande première pour nous, mais c'est ici LA sortie. On y va entre amis, en famille, en couple, on y chante si on veut (nous, on ne voulait ni ne pouvait; c'était uniquement des chansons en vietnamien. Dommage ;p), et surtout on n'y boit pas (ou alors rarement) une goutte d'alcool. Certes, il y avait quelques bières au bar, mais aucune consommée. Les clients sirotent plutôt café vietnamien, chocolat chaud, Milk-shakes... Bref, l'ambiance est détendue, familiale. La décoration est kitsch: rambarde avec fleurs en plastique, arches, néons bleu et rose... l'endroit nous parait unique, presque surréaliste.
On y passe deux heures, à boire et à écouter ces chanteurs d'un soir; tous chantent juste, et certains ont une super voix. On a droit à des sourires, à quelques "bienvenue". Ici, pas de gêne.
Après le karaoke, direction d'abord un petit bouiboui pour y manger des nems puis un café tenu par un autre copain de Tao pour y boire un thé. Le tout aux frais de Tao, qui n'a pas voulu une seule seconde qu'on paie. Encore une fois, on constate que ceux qui ont moins sont souvent les plus généreux...
Une soirée, ce n'est pas assez. On s'est couchés à minuit, et à 8h nous revoilà devant la maison du frère de Tao: la veille, rdv à été pris pour visiter la ferme.
Tao nous emmène d'abord prendre le petit déjeuner ( une très bonne noodle soup au poisson) en centre ville. Un autre copain, aperçu la veille au karaoké, et assis plus loin, insiste pour qu'on trinque tous ensemble. Il n'est pas 10 heures et on se force à boire deux shooters de saké, sous les yeux épatés de Tao (lui boit par petites gorgées). Nos copains viet virent vite au rouge et se mettent à transpirer: c'est l'Asian Flush! Une bonne partie des Asiatiques digèrent difficilement l'alcool; il leur manque l'enzyme.
On rencontre ensuite les parents de Tao, qui nous offrent thé, bananes, pamplemousses et pommes confites au gingembre. Ils nous expliquent que chaque année, la plantation peut ramener jusqu'a 10 000 dollars, ce qui permet à Tao et ses parents de vivre décemment (son père touche en plus une pension de l'armee).
Pour donner un repère, un ouvrier en usine gagné 300 dollars par mois, ce qui est suffisant pour faire vivre une famille.
On partage un dernier repas ensemble, à nouveau chez le frère, on offre une belle et grande boîte de gâteaux et on échange nos adresses mail. Un dernier au revoir et nous revoilà sur notre scooter, direction Hanoï, et plus tard, l'aéroport, pour découvrir la Malaisie !