Die Weihnachtsmärkte.

Publiée le 05/01/2015
Où il sera question du fameux Glühwein, mais pas seulement...

L'entrée du Weihnachtsmarkt d'Esslingen.

    "Ah ouais, tu kiffes le trip des marchés de Noël, toi ?", m'avait lancé Guillaume, l'Assistant de français de Karlsruhe, d'un air sceptique, début décembre. Mais ça, c'était avant qu'il ne découvre le marché d'Esslingen...

        Les marchés de Noël, c'est un peu le truc incontournable quand on est en Allemagne en décembre. Chaque ville - voir chaque quartier dans certains cas - a le sien. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'ont pas grand chose à voir avec leurs pâles ersatz français... Le premier marché de Noël que j'ai eu l'occasion de découvrir, il y a quatre ans, c'était celui de Münster, qui se répandait dans toute la vieille ville, de places en places. À cette époque, de terribles rafales de vent glacé venant de la mer du Nord entrecoupées de tempêtes de neige avaient rythmé tout le mois de décembre. Dans ce contexte hostile, les chaleureuses allées du marché de Noël étaient un refuge sûr, pour échapper au vent comme pour se réconforter avec le traditionnel Glühwein... Et comme on n'était pas loin des Pays-Bas, on y trouvait aussi des stands de frites et de poisson, qui sont pratiquement absents de ce que j'ai pu voir cette année. Cette année, donc, j'ai eu l'occasion de découvrir trois autres marchés de Noël. Ceux d'Esslingen et de Stuttgart donc, ainsi que celui de Hambourg lors d'une expédition dont j'aurai l'occasion de reparler.

Dans les allées du marché de Hambourg...

        Qui dit marché de Noël dit forcément tout le kitsch qui va avec. C'est ainsi que la décoration des stands requiert souvent une attention toute particulière. À Stuttgart, un concours du plus beau stand est même organisé. Depuis le Rathaus, la vue de ces petits toits hérissés de sapins, maisons, traineaux, cadeaux et autres éléments de décor d'un goût plus ou moins douteux est particulièrement saisissante... Au dessus de la place s'élève un calendrier de l'Avent géant, dont chaque fenêtre ouverte correspond à un quartier différent de la ville. Soit dit en passant, tout comme les marchés de Noël ou les sapins, les calendriers de l'Avent sont à l'origine une tradition germanique.

        À Hambourg aussi, les stands sont parfois l'objet de curiosités, ainsi ce petit train électrique reliant par les toits tous les stands d'une même allée, en faisant des boucles au-dessus de la tête des promeneurs. Dans tous les marchés de Noël visités, enfin, des Pyramiden géantes - sortes de manèges à étage surmontés d'hélices, sur lesquels se trouvent des personnages de la crèche - surmontaient les stands. C'est dans les monts métallifères, après l'épuisement des mines, que les habitants ont commencé à travailler le bois et à confectionner, à échelle plus petite, ces objets en bois. Disposés tout autour de la pyramide, des bougeoirs doivent permettre de faire tourner les hélices - et avec elles toute l'installation sur elle-même - grâce à l'énergie dégagée par les bougies se consumant. Autres objets traditionnels des monts métallifères, les Räucherfiguren sont de petits personnages en bois, dans lesquels on insère un petit bâtonnet d'encens - soit en les ouvrant et en y plaçant l'encens, soit en enfonçant directement celui-ci dans leur derrière - la fumée produite étant recrachée par la bouche, d'où leur nom.

Le calendrier de l'Avent de Stuttgart...
Le marché de Noël vu depuis le Rathaus...
Stand décoré pour le concours...
Une "Pyramide" surmontant les stands...

        Les marchés de Noël, ça dure en général un mois complet ; celui d'Esslingen a débuté le 25 novembre par exemple. Pour profiter un maximum de l'ambiance, l'idéal c'est d'aller au Weihnachtsmarkt en début de soirée, quand les touristes et les gens sortant du boulot se mélangent à la nuit tombée pour aller boire leur Glühwein. En journée, ça peut être sympa, mais c'est quand même généralement moins vivant. Trop tard en soirée, on risque de ne plus rien voir. Celui d'Esslingen ferme ses portes à 20h30, dans de plus grandes villes, ça peut être 22h. Si, évidemment, il y a plus de monde au moment de l'ouverture du marché de Noël et les soirs de week-end, ça ne désemplit jamais vraiment, et on peut se retrouver au milieu d'une foule dense un lundi à 18 heures...

Le village finlandais à Stuttgart.

        Un peu excentré du marché principal, le marché de Noël finlandais est une institution à Stuttgart. Je n'ai pas réussi à savoir depuis quand, ni dans quelles circonstances exactes il avait été institué. Ce qui est certain, c'est que les liens ont toujours été très importants entre l'Allemagne et la Finlande, qui était d'ailleurs son alliée pendant la deuxième guerre mondiale. Et l'allemand est resté la première langue étrangère en Finlande jusqu'aux années 1970, lorsqu'elle a été détrônée par l'anglais. De ce fait, les échanges, notamment étudiants, ont toujours été très nombreux. Ce sont d'ailleurs souvent des étudiants finlandais vivant en Allemagne qui tiennent les stands. On peut y boire du glögi, le vin chaud finlandais, et y manger des spécialités, comme du saumon grillé, de préférence dans les vastes tentes laponnes, dont les tables sont organisées autour d'un feu offrant un abri chaleureux et confortable.

Le village finlandais, et ses tentes laponnes...
Les Finlandais, encore. Mais à quoi donc peut bien leur servir tout ce bois ? ....
...à cuire le saumon, bien sûr !

Le marché médiéval d'Esslingen

        En Allemagne, les marchés de Noël sont une vieille tradition remontant au moins à la fin du Moyen-Âge, puisque le plus ancien d'entre tous, celui de Dresde, est attesté depuis 1434. Certaines villes organisent donc un Mittelaltermarkt, ou marché médiéval. C'est le cas d'Esslingen, qui a gardé son centre historique intact. Et c'est franchement sehenswert, comme disent les Allemands.

      L'entrée du Mittelaltermarkt est marquée par une sorte de Poterne en bois. Ici, les commerçants sont costumés, tout comme les artisans qui font des démonstrations de leur savoir-faire. Les buvettes se transforment en tavernes, proposant des boissons plus traditionnelles, comme de l'hypocras chaud. Les braseros et les lanternes participent à cette ambiance chaleureuse. Des scènes permettent de pouvoir profiter de groupes de musique médiévale, de conteurs, de jongleurs, et autres joyeusetés.

            Je rencontre aussi un homme à la longue barbe rousse, qui me propose de participer à un jeu, avec d'autres curieux rassemblés autour de lui. Je n'avais pas encore eu le temps de dire quoi que ce soit, qu'il avait commencé à me parler en italien ; il faut croire que je n'ai définitivement pas une tête d'Allemand... Le principe du jeu est simple : dans une sorte de petite arène en bois, chaque participant choisit une petite pierre, qu'il pose au dessus d'une des portes entourant la piste. Une souris est alors déposée au centre de l'arène, et celui qui a su deviner par où elle sortirait gagne. Il faudra trois essais pour qu'une femme y parvienne et gagne une souris - en plastique cette fois.

L'entrée du Mittelaltermarkt.
Également à l'entrée, le drapeau de la ville d'Esslingen.
Parfois, le marché de Noël, c'est long....
ça en fait de l'osier...
Braseros...
Fantômes ?
Remboursé !!
J'ai pas trop compris ce que c'était, mais c'est joli.
Jongleurs de feu...
Prête à se jeter dans l'arène...
C'est l'heure du Glühwein !

        Véritable village dans le village médiéval, le Zwergenland, ou "pays des nains" est une sorte de grande cour de récréation pour les enfants. Ici, outre des animations vivantes proposées par des comédiens, vous pouvez vous initier au lancer de hache, au tir à l'arc, à la catapulte ou encore, si vous êtes plutôt d'un tempérament plutôt pacifiste, tenter un bowling médiéval et monter dans la roue d'allure médiévale sur laquelle est placardée un "Anno 1600", même si il s'agit évidemment d'une reproduction.

Bienvenue au pays des nains !
Avec ou sans ?
Pour la pomme, c'est raté...
Non, les toilettes, c'est plus loin.

À boire et à manger.

       Mais l'essentiel, au marché de Noël, ça reste les plaisirs du gosier. Pour manger, il y a tout ce qu'il faut, même si beaucoup peut se trouver hors de la période de Noël... il n'y a rien de plus exquis comme sensation de se réchauffer en avalant goulûment une Wurst - ces fameuses saucisses allemandes - brûlante... jusqu'au moment où on se rend compte qu'on a perdu un bout de peau en palpant son palais. Il y a aussi plus spécifique, comme les stands de poisson grillé - et pas seulement chez les Finlandais - les gaufres, les marrons chauds, ou alors des sortes de petits pains cuits à la broche... Il y en a pour tout le monde. D'ailleurs, les stands de boisson et de nourriture sont certainement les plus fréquentés. C'est qu'on va au marché de noël pour passer un moment et se retrouver avant tout...

        Quant aux boissons, il y en a aussi pour tous les goûts. L'incontournable, c'est bien évidemment le fameux Glühwein, le vin chaud allemand. Il peut en exister des variantes, comme l'Heidelberger Glühwein  par exemple. Le Glühwein diffère du vin chaud français en étant moins épicé. Le Glögi, est lui aussi un peu différent au goût, apparemment grâce à la présence de vodka ou de korn. On peut aussi boire le Glühwein accompagné d'autres alcools forts, le plus courant étant le rhum. Ça rajoute vraiment un plus à la boisson, mais si on veut faire encore mieux, on privilégiera un alcool à base de fruit ; avec du calvados (Apfelglühwein) ou du cointreau, c'est vraiment délicieux. Autre boisson à recommander absolument, l'hypocras chaud. L'hypocras, c'est ce fameux vin médiéval épicé ; chauffé, il se rapproche du vin chaud français, quoique le goût soit encore un peu différent. Parmi les autres boissons médiévales, le Met, ou l'hydromel allemand, est aussi proposé chaud. Si le goût du miel ressort bien, le résultat est toutefois beaucoup moins intéressant que les vins chaud. D'une manière générale, toutes les boissons un tant soit peu alcoolisées peuvent être proposées chaudes ; on trouve même de la caïpirinha, dont le goût, en ces circonstances, se rapproche du grog. Finalement, la seule boisson à éviter absolument, c'est l'Eierpunsch. À l'origine, c'est une sorte de punsch à l’œuf. Chaud, la texture est vraiment étrange, faisant des grumeaux. Sans parler du goût, vraiment très particulier...

Que choisir....?
dans les stands de nourriture, ça ne désemplit pas...
Petits pains cuits à la broche
En "arrière-cuisine"
Un dernier pour la route ?
1 commentaire

François

RonronEtYoyo

L'hypocras me laisse de bon souvenir de la fête du Roi de l'Oiseau au Puy en Velay ! Merci pour le billet, ces marchés semblent beaucoup plus authentiques que ceux croisés dans nos grandes villes, en effet !

  • il y a 10 ans