C'était il y a quatre ans, en mai. Je découvrais Hambourg le temps d'un week-end organisé par l'Erasmus Betreuung de l'université de Münster. Et j'avais été complètement... subjugué. Il faut dire que je n'ai pas tellement l'habitude des villes portuaires. De ce premier voyage, je garde pêle-mêle les souvenirs de la visite guidée, avec le fameux Paternoster du Rathaus et les explications sur l'eau des canaux et les traces d'excréments qui avaient été retrouvés dans la bière (depuis, ceux-ci ont été sérieusement assainis) ; la visite du Spicy's Gewürzmuseum (Hambourg avait obtenu en 1881 le privilège de développer un port-franc qui s'était spécialisé dans le commerce de thé, de café et d'épices) ; les bâtiments des très nombreux groupes de presse de la ville (der Spiegel, les éditions d'Axel Sprenger, die Zeit...) ; les parcs, l'hamburger mangé au bord de l'Alster, la soirée à Sankt-Pauli et le Frühstück-marché aux poissons sur le port au petit matin (aux alentours de 5h30 si je me souviens bien). Et plein d'autres souvenirs encore, tout ça dans la luminosité de mai... Bref, je suis un peu tombé amoureux de cette ville.
Retourner à Hambourg cette année était comme une évidence. Alors lorsque j'ai appris que Xo y séjournait dans le cadre d'un projet pour son doctorat, j'ai sauté sur l'occasion. En plus, Gabriel, l'autre assistant stéphanois, s'est retrouvé affecté dans le sud du Schleswig-Holstein, à Ahrensburg. Sur un (gros) week-end, il faut quand même compter plus de vingt heures de bus aller-retour - avec la fameuse "ZOB", la gare routière d'Hambourg. Heureusement, on avait beau être mi-décembre, l'hiver se faisait encore attendre.
Jusqu'alors, je n'avais pas vraiment pleinement conscience de l'ampleur de la ville. Touriste, je restais plus ou moins dans le centre. Le reste ne m'était connu qu'aux coups d’œil jetés aux cartes et plans de métro. En arrivant, le jeudi soir, j’eus cependant une surprise. Xo avait déménagé de Sankt-Pauli et habitait dorénavant à l'autre bout d'Hambourg, tout au nord-ouest de la ville. Pour l'atteindre, il faut aller à peu près jusqu'au bout de la ligne de S-Bahn, puis prendre le Bus, puis enfin les vélos pour arriver à destination, à peu près à une heure du centre. Ce n'est alors plus vraiment Hambourg. Enfin plus dans la représentation qu'on peut s'en faire habituellement. On est presque à la frontière avec le Schelswig-Holstein. Et on se croirait un peu dans une bourgade rurale d'importance moyenne. La maison où je passais le week-end est la dernière avant les champs et les bois. On y trouve chevaux, chiens, canards... Si on veut rester dans le cadre de la ville portuaire, on pourrait presque dire que c'est un peu l'Arche de Noé. Mais ici, la Hafencity paraît bien loin.
Le samedi, nous allons faire une promenade dans le Wittmoor, juste à côté de la maison et à cheval entre Hambourg et le Schleswig-Holstein. Le Wittmoor, c'est une ancienne tourbière devenue un espace naturel protégé. Ça tombe bien, le copain de Xo est garde forestier. Pour les explications, on ne pouvait pas rêver mieux. Donc, le Wittmoor (où lande blanche en vieil allemand), était à l'origine un marais qui s'est peu à peu transformé en lande. On en a ensuite extrait de la tourbe jusqu'à la fin des années 50, avant que le lieu ne soit réhabilité à partir de 1978 et transformé en réserve naturelle. Un des tous premiers camps de concentration nazis y fut également établi en 1933, même s'il n'en reste plus qu'un mémorial. Dans les bois du Wittmoor se dressent aussi par endroits des monticules de terres, tumulus funéraire datant de l'âge bronze.
Revenus de notre expédition, c'était l'heure du marché de Noël, déjà relaté par ailleurs. Puis je filais le soir à Ahrensburg. Le lendemain, il était déjà temps de repartir, mais je reviendrai. Hambourg ne m'a pas encore lassé...