Melbourne : l'expérience Hello Fresh

Publiée le 06/09/2018
Un job...

Notre recherche d’emploi ne nous emballait pas des masses mais une offre a néanmoins attiré notre attention par le nom de la boîte que nous connaissions déjà : Hello Fresh! “Hey ce serait sympa de voir comment ça fonctionne de l’intérieur! On postule!”

L'entretien

Nous recevons assez rapidement une réponse de Kelly, la personne en charge du recrutement. Elle nous invite à passer un entretien, lors duquel elle nous parle de Hello Fresh et de son développement tout récent en Australie. Kelly est américaine, elle a 26 ans, elle est sur-emballée par son travail et elle nous survend le job. Elle profite de chaque phrase prononcée pour nous rappeler que cette boîte est tendance.

Mais, euh, c’est quoi le job en fait? L’offre n’expliquait pas réellement la nature du job et nous avons dû attendre la fin du speech de Kelly pour comprendre que notre travail consisterait à faire du porte-à-porte pour vendre des abonnements. Gros déchantement en ce qui me concerne, qui ne suis pas - mais pas du tout - vendeuse. Mais bon, il faut bien gagner des sous, il est temps de faire un effort!

Le "training"

Nous sommes d’abord invités à un “training”, une séance au cours de laquelle Kelly nous explique brièvement en quoi consiste le travail, le système de rémunération (pas clair du tout), les atouts du produit (c’est drôle elle ne nous parle pas de ses défauts), et comment convaincre les pauvres gens que nous irons déranger de nous acheter un produit dont ils n’ont pas besoin. Notre cible : la “yummy mummy” : la jeune mère de famille riche. Nous recevons même un scénario que Kelly a écrit et que nous sommes vivement encouragés à suivre. Vive la spontanéité.

Un bureau "trop cool"

Premier jour

Pour notre premier jour de travail, rendez-vous à 10h. Les locaux sont remplis de jeunes backpackers ultra-motivés de vendre des abonnements. La plupart sont des “anciens” (comprenez une ancienneté de quelques semaines), et nous sommes à peine quelques petits nouveaux. Nous assistons ébahis à une séance d’auto-motivation, ou plutôt de mise sous pression, lors de laquelle le manager fait le bilan des ventes de chaque groupe et décerne des gommettes vertes aux meilleurs vendeurs de la semaine, qui ont à leur tour le droit de donner un gage à une autre personne…

Vers midi, tout le monde part en tournée : chaque équipe menée par son team leader (rôle très important), part en minivan vers les quartiers qui lui ont été attribués pour la journée. C’est là que nous rencontrons notre équipe : un couple Alpha (lui est team leader, il conduit le van, et elle a la priorité sur le siège passager), quelques mecs ultra excités, une fille qui subit leurs délires depuis une semaine et deux autres belges plutôt calmes comparés au reste (l’un d’eux avait la gueule de bois). Du haut de notre trentaine bien entamée, nous avons fait exploser la moyenne d’âge de l’équipe à… 25ans ?

The Wall of Fame

Notre expérience

L’ambiance dans le van ? Un mix entre un camp de vacances et une guindaille (remplacez ici l’alcool par le sucre), le tout pimenté d’une absence totale d’organisation. Peu de temps après avoir pris la route, alors qu’une migraine chronique s’empare de nous, nous nous arrêtons au supermarché : il est midi, il faut aller faire des courses pour manger avant de partir bosser. Bref, nous venons déjà de donner (gratos) 3 heures de notre journée. Et que dire de l’état du matériel de travail : un iPad dysfonctionnant et quelques documents en vrac dans un sac en toile ultra-défraîchi. De quoi nous aider à faire bonne impression aux clients! Les vestes n’étaient pas davantage “Fresh” : une petite odeur des journées de travail précédentes y subsistait.

En tant que nouvelles recrues, nous avons chacun un membre de l’équipe qui nous est assigné comme “mentor” pour les deux premières heures de la journée. Quelques conseils utiles, mais pas un super exemple… La journée s’est ensuite résumée à beaucoup de bullshit, de marche, de portes claquées au nez, et… de coups de pression! Oui, parce que trois fois sur la journée le team-leader te demande où tu en es dans tes ventes et te rappelle que telle équipe est en avance sur la nôtre. En fin de journée, tu dis où tu te trouves et tu attends 10 minutes dans le noir au coin d’une rue paumée qu’on passe te récupérer. Sur le trajet du retour, chacun compare ses ventes. Youpie : Giuse a réussi a vendre un abonnement. Moi j’ai failli, mais la personne a perdu patience quand mon iPad a foiré...

Le bilan de la première journée

Le week-end qui a suivi cette première journée nous a permi de faire le bilan et de prendre du recul sur ce travail. Très chronophage et peu rentable au début, il faut le poursuivre plusieurs semaines pour un gain d’argent substantiel. Il faut par ailleurs être bon vendeur, ce qui pourrait également demander plusieurs jours ou semaines de pratique. Nous avions aussi beaucoup de doutes sur le nombre de personnes parmi tous ces gens qui se laisseraient réellement avoir, car chez nous, ce genre de speech ne marcherait pas du tout!

Enfin, nous trouvons d’autres offres intéressantes sur internet pour des produits Hello Fresh, sur des sites comme Groupon, ce qui signifie que la “promo” que nous proposions aux gens était en concurrence avec toutes ces autres offres, et que nous avions donc encore moins de chances de vendre.

Pire encore, le site web d'Hello Fresh proposait lui-même des offres similaires aux nôtres! Il était alors clair que nous travaillions non pas pour Hello Fresh mais pour une société de marketing.

Avec tout ce temps perdu, sans vendre d’abonnement, nous faisions tout simplement de la publicité gratuite.

Bref, sur ces réflexions, ajoutées à l’ambiance de la journée de travail, nous ne sommes pas revenus bosser le lundi ! Avouons néanmoins que l’expérience était intéressante et que nous ne regrettons pas de l’avoir vécue !

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