Littérature

Publiée le 21/12/2021
Il me faut choisir des livres dans la richesse de la littérature camerounaise.

En explorant ma bibliothèque j'ai retrouvé plusieurs livres d'auteurs camerounais que j'ai lus il y a très longtemps; Je n'aurai pas le temps de les relire avant de partir mais, à coup sûr, j'aurais plaisir à me plonger dedans à mon retour. Je cite des auteurs que j’ai repérés parmi une longue liste d’écrivains camerounais-es et dont j'aimerais lire les œuvres: Gaston Paul Efa, Djaïli Amadou Amal, Léonora Miano, Patrice Nganang, Eugène Ebodé etc...

Une pépite!

Ce roman est très riche car il évoque toutes les questions de société du Cameroun dans les années 70. Beaucoup sont encore d'actualité: la polygamie, l'exode vers les villes, l'expatriation vers l'Europe, les conséquences de la colonisation, les conflits entre gardiens de la tradition et les jeunes, le racisme etc, Une mine pour qui veut voyager au Cameroun. Sauf qu'il n'est plus édité.

"Hé Ngo! tu veux suivre ton fils à la ville. Que te donnera-t-il, lui qui s'obstine à redevenir élève au pays des blancs au lieu de commencer immédiatement à amortir les sacrifices que depuis plus de dix ans ma faible bourse a consenti pour lui? Il ne t'accueillera même pas avec les égards que méritent les étrangers dans nos cases". James NDENG MANEWOSSO Pris entre deux forces.

Gaston KELMAN - Je suis noir et je n'aime pas le manioc - Paru en 2003.

Je garde un excellent souvenir de ce livre où Gaston KELMAN narre avec une grande ironie, drôlerie mais aussi parfois de manière acerbe ce qu'est être noir en France. Il reprend toutes les idées reçues qu'il réfute les une après les autres tentant ainsi de nous éloigner de notre ethnocentrisme. Cette lecture fait du bien, le ton est souvent drôle mais intelligent et clairvoyant. Gaston KELMAN s'adresse aux "noirs" comme aux "blancs" et renvoie chacun à sa part de responsabilité en mettant en action leurs neurones! 

" Je suis bourguignon par choix. Tu es essonien, mon fils, par le droit du sol et elle est ce-qu'elle-veut, ta mère, alors que ta sœur est parisienne. Elle est parisienne comme un Afrikaner parfaitement blanc, est johannesburgeois au même titre que le Zoulou, sans que l'on cherche toujours à le rattacher à sa lointaine Hollande natale; et qui le ferait aurait tord. Je suis bourguignon comme un noir de Harlem est aussi américain qu'un WASP des beaux quartiers, ou un rital pizzaïolo, ou encore le flic d'origine irlandaise, bien que le Noir s'entête à être africain-américain, comme si l'on disait européen-américain".  Gaston KELMAN Je suis noir et je n'aime pas le manioc.


Ferdinand OYONO - Chemin d'Europe - Paru en 1960

Ce roman est présenté comme un écrit autobiographique, Le narrateur est enfant et a un rêve: partir en France pour étudier. Il est originaire d'un milieu très pauvre mais éduqué. Ecrit en 1960 Ferdinand OYONO nous ouvre les yeux sur la réalité coloniale.

"Pense à tes parents, à ta tribu, à nous tous qui te voyons peut-être pour la dernière fois. Pense à ta mère qui n'a plus que toi au monde...Qui t'enterrerait là-bas, au pays des blancs? Souviens toi que nous n'aurions même pas la consolation, l'ultime consolation de voir ta dépouille et de pleurer..." Ferdinand OYONO Chemin d'Europe.

Ferdinand OYONO - Une vie de boy - Paru en 1956

Lu il y a très longtemps...très très longtemps! Je ne sais pas si j'aurai le courage de le relire car j'aimerai découvrir des romans plus récents mais je garde un souvenir ému de la lecture de ce livre. Ferdinand OYONO évoque à nouveau le thème du colonialisme à travers l'histoire d'un jeune garçon ayant fui la violence de son père pour se réfugier chez un père blanc dont il devient le boy. Toundi, devenu Joseph, est confronté à la culture des blancs. Ferdinand OYONO analyse avec ironie les rapports entre Français et Africains durant la période coloniale.

"La vérité existe au-delà des montagnes, pour la connaître il faut voyager ". Ferdinand OYONO Une vie de boy

Ferdinand OYONO - Le vieux nègre et la médaille - Paru en 1956

Encore un vieux livre lu il y a très très longtemps! livre dont je garde également un très bon souvenir. "Rangeons ce livre au nombre de ces ouvrages précieux dans lesquels l'homme bafoué et meurtri apprend comment on passe du ressentiment et de la colère à la lutte pour la justice." (Les Lettres françaises) Tout est dit dans cette phrase. Meka est retraité militaire de la première guerre mondiale. L'administration coloniale, aprés avoir pris ses fils et ses terres, lui promet qu'il sera traité comme un blanc en lui donnant une médaille. Au début c'est un peu drôle, mais notre rire se transforme rapidement en grimace.
Clairement, ces livres d'OYONO ont 60 ans mais restent passionnants à lire.

"L'odeur de bois mort, de sous-bois grouillant, de terre humide, de toutes les émanations sylvestres des lendemains de grande pluie imprégnaient l'atmosphère. Ces senteurs rafraîchissantes comme une liane à eau évoquaient les chasses à courre, le porc-épic qu'on traque avec un petit feu allumé à l'ouverture de son terrier, la sagaie qu'on enfonce adroitement entre les côtes de l'antilope, le phacochère qui détale de sa bauge, le feu de brousse qu'on allume avec la palme séchée du dernier dimanche des Rameaux pour avoir une bonne récolte... toute la vie du terroir africain qui avait manqué à Meka depuis qu'on l'avait convoqué pour la médaille de l'amitié". Ferdinand OYONO Le vieux nègre et la médaille.

Calixthe BEYALA - Assèze l'Africaine - Paru en 1994

J'ai trouvé ce livre de Calixthe BEYALA, une boite à livre! Assèze est née d'une maman seule dans un village perdu du Cameroun. A 13 ans elle devient la petite bonne d'Awono et de sa fille Sorraya à Douala. Sorraya partira faire ses études à Paris où arrivera Assèze quelques mois après. Elles se retrouve et au-delà de la violence de leurs relations elles souffrent de la même blessure: l'Afrique.

Ce roman est un bijou, triste parfois, lumineux à d'autres moments.

"Paris était certainement la ville où il était agréable de se promener la nuit. Paris était le centre de l'univers. Paris était le soleil et les autres villes des planètes qui tournaient autour. Quelquefois, en la regardant, je me disais: que d'histoires dans cette ville! Que de merveilles! Tant de monuments, de musées, de théâtres, de pigeons, de ciel! Ou encore: que de souffrance! De désolation! D'extraordinaires solitudes,! D'oubli! Combien d 'Africains étaient-ils morts, loin de chez eux, prisonniers de chimères, d'illusions et de caprices? Dix, vingt millions? Aucun signe de leur passage sur leur terre d'adoption, aucune plaque commémorative. Pas même l'air pour témoigner ..." Calixthe BEYALA Assèze l'Africaine.

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