Le mot chefferie est hérité de la période coloniale, en réalité nous devons plutôt utiliser le terme de royaume et donc de roi. Le roi vit donc dans son palais, au sein de son royaume avec ses nombreuses femmes, nombreux enfants et nombreux petit-enfants. Depuis ce matin nous sommes dans la région des Grassfields en pays Bamiléké.
En partant de Mélong nous sommes passés à Dschang visiter le Musée des Civilisations. Il est construit à proximité du lac, en pleine ville. Sur ses murs extérieurs sont dessinés les symboles que l'on retrouve sur tous les tissus ou objets traditionnels : araignées, buffle, éléphants, masques. A l'intérieur l'histoire du Cameroun est racontée des premières traces laissées par les hommes jusqu'à nos jours. Ce musée est didactique et accueillant. Il était intéressant de le visiter en introduction à la visite de la région Bamiléké et Bamoun. Les Bamilékés et Bamoun sont les deux grandes ethnies de l'ouest camerounais. Nous avons continué la route jusqu'à Bandjoun pour visiter la chefferie.
Il y a aujourd'hui 11 chefferies de 1er degré et 123 chefferies de second degré. Il y a également des chefferies de 3ème degrés, moins importantes.
Le territoire de la chefferie de Bandjoun, chefferie de 1er degré, fait 254 km2 et compte 300 000 habitants. 17 rois se sont succédés depuis sa création par le prince Baleng au 17ème siècle. Le pouvoir de son père avait été cédé à son frère. Ambitieux il s'est imposé par la ruse et la force aux petites chefferies et a créé son royaume. Il a développé une politique de peuplement et de conquête, a favorisé l'installation des étrangers, a acheté des esclaves. Les dignitaires à la tête des sous-chefferies (2nd degrés) dépendent du Roi de la chefferie de 1er degré.
La succession se fait de père en fils ou, à défaut de frère en frère. Un conseil de 9 sages (chiffre symbolique) désignent le successeur lorsque le roi meurt. Ces 9 sages sont tous des descendants du père fondateur. Des signes mystiques ou matériels désignent le futur roi. Le choix est fait en secret et, pendant les funérailles du roi, le « désigné » est enlevé et enfermé dans un lieu secret pendant 9 semaines de 8 jours pour subir les rites du commandement. Au terme de ces 9 semaines il est intronisé et devient roi Fo.
Le roi hérite des femmes de son père, sauf de sa mère, qui doit quitter la chefferie. C'est elle ou une sœur du roi qui est la reine et non une de ses femmes. Le roi n'a aucune limite dans le nombre de femme. Il vit dans le palais et est enterré sur ce domaine, dans un endroit tenu secret.
Sur le domaine on trouve le palais du roi, la case centrale à 9 portes où ont lieu les réunions de prises de décision par les 9 dignitaires, les cases de ses femmes et la forêt sacrée où seuls les initiés ont le droit d'entrer, les non-initiés téméraires n'en ressortent pas...
Des sociétés secrètes participent également aux prises de décision. Elles sont de 2 sortes ; politico-administratives ou magico-religieuses. Elles ont pour mission de sécuriser l'individu, d'assurer sa promotion, d'assurer le respect des pratiques ancestrales, de permettre aux chefs de bien diriger leur population.
Dans la chefferie de Bandjoun la case centrale est soutenue par des piliers qui représentent des scènes de la vie quotidienne. Cette case en réalité date de 2005, la précédente ayant brûlé. Elle est construite en bois, bambou et terre. Il fait frais à l'intérieur, le sol est en terre battue, des pièces entourent la pièce principale au centre où le roi convoque ses dignitaires lorsqu'il a des décisions à prendre. Pour info lorsqu'un dignitaire meurt sa chaise est suspendue par une liane à l'intérieur en attendant que son remplaçant soit nommé.
En fait ces rois ont toujours eu et ont encore aujourd'hui beaucoup de pouvoir. Les colons ont été obligés de composer avec ce pouvoir traditionnel reconnu par le peuple, ils étaient, avant la colonisation, de véritables chefs d'état.. Aujourd'hui Ils sont interrogés par le pouvoir politique dés que celui-ci a une décision à prendre. Nombre de rois ont d'ailleurs occupé et occupent encore des postes politiques ou administratifs importants.
Le roi actuel est Honoré Djomo Kamga
Nous avons, ensuite, continué la route jusqu'à Bafossam. Je vous offre quelques photos prises du rooftop de l'hôtel. J'ai les yeux dans un sale état à cause de la poussière de l'Harmattan mais aussi de la poussière incroyable soulevée par les véhicules. La latérite vole et recouvre impitoyablement tout autour d'elle, et, au passage, m'a sacrément irrité les yeux, je vais devoir aller dans une pharmacie. Avis aux porteurs de lentilles, ce n'est même pas la peine d'imaginer pouvoir supporter des lentilles en saison sèche dans cette partie du monde !
A ceux qui m'ont demandé aujourd'hui ce que je mange : je mange souvent des feuilles d'arbres ou d'arbustes ou de plantes cuisinées. La plupart du temps je ne connais pas la plante en question. J'ai toujours aimé. Les sauces sont souvent faites avec des graines que je ne connais pas non plus. Elles sont pilées avec une pierre sur des pierres et ça marche beaucoup mieux que mon pilon en bois ramené de côte d'Ivoire. Je vais peut-être ramener des pierres camerounaises! Je mange souvent des plantains sous toutes leur forme. J'aime particulièrement cette forme, on les trouve dans la rue.
Je les mange aussi bouillies ou frites, plus ou moins mures. Igname, manioc, poulet et poisson braisés, riz. Les camerounais boivent de la bière, ça on l'avait compris, elle est produite ici mais également des sodas abominables, appelés TOP et qui doivent contenir 50 morceaux de sucre dans 50 cl de boisson ! Sans compter les colorants et le goût artificiel très prononcé. :
Ce soir j'ai mangé ça.
J'ai demandé à la cuisinière le nom de cette plante. Elle m'a répondu « c'est un légume», j'ai insisté et elle a donc ajouté : « c'est un légume coupé petit petit ». Voilà, donc, je ne sais pas ce que c'était mais c'était bon, c'était relevé par du piment. Par contre, dessus, c'était des tripes que j'ai vaillamment écartées.
Je vous écris du rooftop de l'hôtel où le réseau est excellent.
A demain si j'ai du réseau internet.