Aujourd’hui, on attaque la grosse journée
Lever à 5h, tout le monde est prêt à 6h
On n’a pas réussi à avoir trop d’informations sur la météo du jour, mais on voit le groupe de Julien partir à 6h, donc on se dit que ça doit être pas mal
On prend le petit dej, un autre groupe part et on les suit à 10 min
On grimpe 200m de dénivelé et on arrive au refuge de Tighettu
Pause pipi et on continue de grimper pour attaquer le dur
Ça n’est franchement pas aussi dur que ce qu’on nous avait annoncé, faut être attentifs aux cailloux mais ça passe facilement
On alterne entre escalade et marche avec les bâtons
La pluie fait son apparition, on met les bâches. On voit un groupe s’arrêter à côté de nous et planter la tente. On se demande pourquoi ils font ça, tout en regardant derrière nous l’énorme nuage commençant à arriver
On continue de grimper, la pluie s’intensifie et l’orage commence à gronder. On range les bâtons pour ne pas prendre trop de risque et on commence à se dire que va falloir s’abriter si on ne veut pas se retrouver dans la merde
Pas une once de bleu dans le ciel, des nuages gris et noir
On voit une grotte au loin, mais il faut redescendre pas mal. On voit également un abri sous les rochers un peu plus haut
On y grimpe et on s’abrite comme on peut
Ça n’est pas trop mal, on évite bien la pluie qui s’intensifie. L’orage gronde de plus en plus fort et un vent énorme se lève
Il commence à ramener des grêlons sous l’abri tandis que l’orage est clairement arrivé au-dessus de nos têtes. A peine 5 secondes avant, on comptait 10 secondes entre l’éclair et le tonnerreOn abrite nos sacs comme on peut et on s’abrite sous la roche et nos ponchosAu-dessus de nous commence à se former une cascade, je commence à paniquer, il faut sortir d’iciOn sort rapidement dans le vent, on pose les sacs et on redescend dans la même grotte mais loin de la cascade, à côté d’un ruisseau qui se formeTanguy a peur de l’orage, Anaïs filme mais a froid, moi j’ai peur de la montée des eaux .. Une bonne équipe complémentaire.On commence tous à grelotter, je sors les canistrellis et tout le monde en mangeDans ma tête je me dis que pour se réchauffer, à défaut de bouger, il faut mangerOn en mange, et dans un faux mouvement, la moitié du sac tombe par terreTanguy veut les manger quand même, Anaïs s’offusque. J’avoue que je les aurais bien pris aussiOn regarde au loin, toujours pas de ciel bleu et pas forcément de signe que la tempête se calmeL’orage semble passer. Tanguy fait des allers retours pour se réchauffer et en profite même pour pisser un coup dans la tempête, Anaïs grelotte en short avec son manteau et je tremble sous mon poncho qui m’abrite d'une petite cascadeIl commence à moins pleuvoir mais pas de ciel bleu à l’horizonTanguy est debout, je me lève et marche un peuAnaïs est recroquevillée et tremble comme pas possible. On décide de redescendre afin de ne pas finir en hypothermieAnaïs se lève avec beaucoup de mal, on prend les sacs et on redescendOn reprend les mêmes chemins, qui a l’aller étaient secs, mais sont désormais de véritables torrentsOn est trempés de la tête aux pieds, mais en descendant ça réchaufferLe ciel semble s’éclaircir et la pluie s’est arrêtéeOn se fait doubler par une nana qui descend les cailloux à une vitesse folle. Elle aussi a été coincée dans les orages, cachées sous les cailloux avec sa couverture de survie. Elle a eu très peur. Et puis elle nous distanceEn descendant on croise le couple qui avait planté la tente, je prends de leurs nouvellesCe sont des québécois. ils vont bien mais ont été trempés de partout, et la tente a subit pas mal le vent et les inondationsOn descend jusqu’au refuge en glissant parfois sur des cailloux. On arrive, les gardiens du refuge nous demandent pourquoi on avait monté. La vigilance était indiquée le matin mêmeOn leur explique que la bergerie nous a très mal renseigné, que sans réseau, nous ne pouvons rien vérifier et que le départ des deux groupes avec guide nous laissait penser qu’ils savaient ce qu’ils faisaient.Visiblement pas tant que çaLes gardiens nous indiquent qu’ils avaient prévenus les gens mais personne ne les a écoutés On se pose, on sèche toutes nos affaires qui étaient trempées et on se réconforte devant un chocolat chaud
Le gardien nous dit que l’après-midi étant instable, il ne fallait pas partir
On décide de rester là pour aujourd'hui et de voir demain
On plante les tentes. On remonte et on entend les infos
En entendant quelle ampleur ça avait et en se disant que ça faisait 3 jours que personne n’avait de réseau, on s’est dit que tout le monde allait être très inquiets
Je demande donc on gardien comment on peut envoyer des nouvelles, il prend mon téléphone et le pose sur une fenêtre
Instantanément le réseau passe
J’envoie les nouvelles pour tout le monde en disant que tout va bien et qu’on est à l’abri
Le gardien revient nous voir et nous dit de ne pas dormir en tente cette nuit (trop dangereux) et qu’il faut qu’on range et qu’on dorme dans son refuge
Comme personne n’est passé de l’autre côté, le refuge serait potentiellement vide ce soir
Un peu plus tard on croise des gens qui arrivent
On leur demande d’où ils viennent, ils nous disent qu’ils ont traversé
Étant parti de plus loin de l’autre côté, ils sont arrivés au mont vers 11h, tout était clair et dégagé
Donc ils n’avaient pas de raison de ne pas traverser
On discute avec eux, ils ont également subi la tempête et se sont abrités comme ils ont pu
Plus tard, un autre groupe arrive
Ils viennent d’Asco (refuge de l’autre côté) mais sont venus en navettes affrétées spécialement
En fait à Asco, ils avaient indiqué à tout le monde de ne pas partir du refuge le matin. Ils avaient déjà eu l’info la veille de la tempête, alors que de notre côté non ..
Au fur et à mesure on raconte nos expériences, et une dizaine de personnes ont subi la tempête dans la montagne
Tous étaient cachés sous des rochers avec couverture de survie. On a finalement tout vécu plus ou moins la même chose avec plus ou moins les mêmes réflexes
Tout le monde dort en refuge car personne n’est autorisé à dormir en tente ce soir, une nouvelle vigilance étant annoncée pour le soir même
On mange au refuge, on joue au tarot, on tente de capter pour rassurer les familles et les amis, et on va se coucher épuisés par la journée
Plus que 3 Pietras logiquement mais on sait plus trop du coup