Ce matin, une réalité que nous avions, plus ou moins consciemment, escamotée s'est invitée avec beaucoup de grossièreté dans notre début de journée qui aurait dû n'être que brioches bien beurrées, confitures et planification joyeuse.
Le voyant n'était plus bleu ☹️
C'est ce que Caro, à la fois contrite, effrayée et en pyjama, est venue m'annoncer. « Il est marron maintenant ! ».
Caro, à notre départ insouciant de Cabriès m'avait bien dit : « Moi, les chiottes chimiques, je ne risque pas d'y mettre les pieds ! La Vanlife, c'est la nature, et pas l’exiguïté sinistre d'un 1/2 m2 de plastique, à remplir un réservoir pourri qu'il faudra bien gérer. Donc si tu veux tu t'en sers, mais moi non et c'est TOI qui t'occuperas la vidange ! »
OK. Cependant, cette belle et fière tirade a pas mal perdu de sa puissance face à la nuit froide, les longues étapes autoroutières ou la pluie bretonne. Et finalement, Caro l'a pas mal visité, ce charmant petit WC chimique si exigu. Dont acte. Ce sont ces petites entorses à nos principes qui font notre humanité après tout...
Mais voilà, sur ce bas monde, tout finit par se payer. Et l'addition, c'est aujourd"hui.
Tout ceci nécessite quelques précisions pour les lecteurs. Big M embarque une salle de bains. Lavabo, douche, rideau. Très bien pensé. Pratique. Il y a aussi, sous le lavabo, un WC chimique qui peut pivoter pour se décaler vers le bac de douche pour devenir le siège confortable qui nous est, à nous autres pauvres humains, nécessaire après le café. À l'issue de notre mission, on actionne une chasse d'eau et et on redécale le WC, tout en pensant dans un geste citoyen à entrouvrir la fenêtre.
Un petit voyant, à l'arrière du WC, indique par sa couleur le degré de déni qu'on peut accorder au fait que la taille du réservoir sous-jacent n'est pas infinie. C'est un peu comme la pilule de Matrix. Il est bleu : on reste insouciant et on continue d'évoluer dans une réalité fantasmée, une Vanlife de rêve et d'abstraction. Il est marron (oui, c'est là que c'est un peu moins Matrix, mais le choix de couleur a une certaine pertinence), alors finis déni et légèreté, il va falloir s'abaisser à gérer des contingences, mettre une petite dose de sheetlife dans la Vanlife ☹️
C'est assez bien fait, le réservoir s'atteint depuis l'extérieur au travers d'une petite porte fermée à clé. On le tire et un mécanisme fait qu'il se ferme, garantissant un transport sec et assez safe.
Avec Big M, nous bénéficions d'une smart KKssette, qui dispose d'une poignée et de petite roues, pour faciliter le transport. Très pratique. Bon, si on va vite, il y a un bruit de glou-glou dont on ne peut empêcher qu'il installe une image désagréable dans le cortex, donc on ralentit.
Tout l'enjeu consiste ensuite à promener sa KKssette incognito, fièrement, comme si c'était un superbe lévrier. Évidemment, personne n'est dupe, mais personne ne moufte, c'est dans les règles de LA GRANDE OMERTA des campings, comme lorsqu'on se promène nonchalamment avec son rouleau de PQ qui dépasse de la poche : tout le monde fait mine de ne pas connaître la nature de votre prochaine activité : un mini-golf ? un coup à boire ? on va acheter le journal ? Se manger une crêpe ? Dans ce denier cas, si les passants réfrènent un petit sourire, c'est qu'ils se disent qu'elle sera probablement au Nutella.
Ensuite, une fois arrivés aux sanitaires dans la zone KKssettes, où dignité et fragrances subtiles n'ont plus cours, c'est un combat homérique qui va devoir être livré. Le mieux est de le décrire en images.
L'étape précédente nécessite absolument quelques précautions. On les trouvera en détail sur cette page du très riche site du Touring Club Suisse, mais il me semble intéressant de reproduire ici les plus cruciales :
Je suis POUR.
Caro est théoriquement CONTRE, et dans la pratique absolument convaincue.
Il est clair que c'est un VRAI plus de confort dans un trip. Zéro odeur liée à la KKssette dans l'habitacle, c'est bien pensé et très étanche.
Il faut le concéder, la vidange n'est pas l'élément le plus FUN du voyage, mais on l'a vu, le système est très bien fait et si l'on prend soin de ne se servir des WC seulement quand c'est vraiment plus pratique (nuit, pluie, longues étapes, campements en sauvage, on l'a déjà dit), ça n'arrive pas si souvent. 2 fois en 3 semaines dans notre cas.
Bref, la KKssette, on préconise ! 😊